Il n’y a pas que les élus d’Hérouxville qui craignent les abus des accommodements raisonnables.
La France songe à se doter d’une charte de la laïcité en réponse aux incidents parfois violents qui ont lieu sur son territoire, surtout dans ses hôpitaux. Dans l’avis du Haut Conseil à l’intégration qui vient d’être déposé au bureau du premier ministre de Villepin, on réitère le principe de neutralité qui devrait, dit-on, s’appliquer autant aux employés qu’aux usagers des services publics. On rappelle ainsi que les employés de l’État qui manifestent leurs convictions religieuses dans l’exercice de leurs fonctions manquent à leurs obligations. On déclare également qu’il est interdit aux utilisateurs de ces services de « récuser un employé de l’État ou d’exiger l’adaptation du fonctionnement en raison de conviction religieuse ». Bref, les auteurs de ce document estiment que la laïcité passe avant la liberté de religion.
« C’est l’échec du vivre ensemble », a réagi le quotidien Le Monde en éditorial. Il n’a pas tort. Ce document trahit l’impuissance des Français à intégrer ses minorités. Il faut dire qu’en France, contrairement à Hérouxville, on fait face à des tensions très fortes qui n’ont pas grand-chose à voir avec les accrochages mineurs qui ont été recensés au Québec au cours des dernier mois. Un homme qui s’en prend physiquement à un médecin parce que ce dernier a administré un examen gynécologique à sa femme, une employée d’hôpital sérieusement agressée par des patients musulmans mécontents, etc. La situation est à ce point grave que les gynécologues ont senti le besoin d’émettre un communiqué pour déclarer qu’ils ne se laisseraient pas intimider tandis que dans certaines salles d’attente d’hôpitaux français, on trouve désormais des affiches avertissant que le corps médical est mixte.
Il faut souhaiter que le Québec n’en arrive pas là. Depuis plusieurs mois, les Québécois sont engagés dans un débat nécessaire autour de la question des accommodements raisonnables. Ce débat va probablement se poursuivre au cours des prochains mois. Il sera important de nuancer, de faire la différence entre les véritables accommodements raisonnables d’une part et les situations tirées par les cheveux d’autre part. Dans ce contexte la consultation que s’apprête à lancer la Commission des droits de la personne est on ne peut plus pertinente. L’objectif est important : un grand déblayage afin de savoir une fois pour toutes de quoi il est question. Combien de demandes d’accommodements raisonnables sont faites chaque année, et pour quelles raisons exactement ? Est-il exact qu’elles proviennent toutes des nouveaux arrivants au pays ? Il est plus que temps de brosser un portrait réaliste de la situation.
Les organisations québécoises – syndicats, organismes publics, entreprises – seront invitées à rendre compte de ce qui se passe entre leurs murs. Ensuite, la Commission pourra rédiger un rapport qui lui permettra de lancer une vaste consultation sur des questions bien précises : faut-il modifier nos lois, revoir notre politique d’immigration ou encore, adopter un énoncé des grands principes qui régissent la société québécoise ? Cet exercice, bien que long et fastidieux, est nécessaire si nous voulons « parler des vraies affaires ».
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