Comme tous ceux qui ont écrit sur le sujet, ma boîte de courriel déborde de gens qui ont tous une nouvelle théorie du complot à rapporter sur l'arrestation de présumés terroristes à Toronto.
Il y a certainement des choses qui exigent une certaine prudence dans tout cela, y compris le niveau d'infiltration policière du groupe puisque, selon les journaux de Toronto, ce sont les policiers qui auraient vendu et livré non pas le nitrate d'ammonium, mais une substance inoffensive, aux présumés terroristes.
Mais la plupart des théories du complot que je reçois sont sur un autre mode : c'est le fait que ces arrestations font l'affaire de Stephen Harper, qu'elles tombent tellement bien pour lui et, bien sûr, pour son ami George W. Bush, qui veulent tous deux investir massivement en sécurité.
Malheureusement pour les tenants de cette théorie, ce n'est pas vraiment ce que veut Stephen Harper. Parce que la priorité de M. Harper n'a jamais été d'investir dans les services de sécurité canadiens - même s'il a augmenté le budget de la GRC au dernier budget - mais d'augmenter de façon bien plus importante les dépenses militaires.
Tout au long de la campagne électorale, les conservateurs ont assez lourdement insisté sur le piètre état des équipements des Forces canadiennes et promis des réinvestissements importants.
Si M. Harper se trouve obligé, à cause des arrestations de Toronto, de changer ses plans et d'investir plutôt en sécurité domestique et - par la force des choses - en sécurité additionnelle à la frontière canado-américaine, il ne sera pas nécessairement très heureux.
Et si on veut mettre les Américains dans l'équation, ceux-ci demandent au Canada depuis plus de 30 ans de réinvestir dans leurs forces armées pour être capables d'assumer leurs obligations internationales, en particulier avec l'OTAN. Par contre, l'administration Bush a assez peu d'intérêt dans le nombre de policiers dans les rues de Toronto ou de Montréal.
Stephen Harper a démontré de façon très claire depuis son élection qu'il voulait tenir ses promesses électorales. Or, en matière de sécurité, ses promesses touchaient d'abord et avant tout les Forces armées canadiennes.
Il n'aura sans doute pas le choix que d'augmenter certains budgets touchant la sécurité domestique, que ce soit ceux de la GRC ou du SCRS. Mais ce n'est ni son idée, ni sa priorité. Et, en ce sens, les arrestations de Toronto sont un incident dont il aurait pu se passer.
Et tant pis pour les tenants des diverses théories du complot.
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