Les syndicats craignent le crime organisé

Ils demandent une enquête publique sur les contrats du gouvernement

Aa7e22bf1781d2bdbcb0587ee3dd34aa

À quand un comité de vigilance pour la défense de l'intégrité de nos institutions ?






Les syndicats craignent que la gangrène du crime organisé, de la collusion et de la corruption ne s’installe dans les ministères et ils exigent la tenue d’un processus d’enquêtes publiques sur les contrats informatiques au gouvernement du Québec.




«Quand il y a de grosses sommes d’argent en jeu, le crime organisé n’est jamais bien loin», a affirmé hier Richard Perron, président du syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) lors d’un point de presse.




Il a souligné que ses membres ont transféré beaucoup «de contrats» à l’Unité permanente anticorruption (UPAC). Il cite en exemple le cas du patron de l’informatique au ministère de la Sécurité publique soupçonné d’avoir mis sur pied un stratagème frauduleux et d’avoir versé des pots-de-vin. Il a été arrêté en 2014 par l’UPAC.




L’omertà déplorée




Sa collègue Lucie Martineau, présidente du Syndicat de la fonction publique du Québec, abonde dans le même sens. «On a les mêmes ingrédients ici que dans le milieu de la construction. Un petit groupe d’entreprises qui se partagent 80 % des contrats et une perte d’expertise au gouvernement», a-t-elle dénoncé.




Les deux dirigeants déplorent l’omertà qui règne présentement dans la fonction publique. Ils soutiennent que les fonctionnaires sont au courant de plusieurs dérapages extrêmement coûteux, mais ne peuvent parler par crainte de représailles. Ils ajoutent qu’il n’existe aucun programme de protection des dénonciateurs au gouvernement du Québec.




La CAQ appuie




Dans ce combat, la Coalition avenir Québec se range du côté des syndicats. Le parti de François Legault demande depuis plusieurs mois une commission d’enquête pour faire la lumière sur le fouillis informatique et exige qu’on embauche davantage d’informaticiens.




«On a vu à la commission Charbonneau ce qui en était. Tout le monde constate que dans le milieu informatique, on vit les mêmes problématiques, on a les mêmes symptômes. Les chances qu’on ait la même maladie sont quand même là», a lancé Éric Caire en point de presse.




Le député Caire souligne qu’un consultant au privé coûte à l’État jusqu’à 250 $ l’heure, soit plus de 200 000 $ annuellement. «Il y en a plus de 500 seulement au Centre des services partagés du Québec. Dans ce cas, ça vaut la peine de créer l’expertise à l’interne. Ça coûterait beaucoup moins cher», a-t-il soutenu.




De son côté, le Parti québécois appuie la demande d’une enquête publique.




Le gouvernement Couillard n’a pas l’intention de lancer une enquête indépendante et propose aux partis d’opposition et aux syndicats d’appeler l’UPAC s’ils soupçonnent des stratagèmes frauduleux.






Les révélations du Journal qui incitent les groupes à demander une enquête



► Les contribuables québécois ont dû payer plus d’un milliard de dollars l’an dernier pour des consultants privés en informatique intervenus dans les projets du gouvernement.




► Le développement du projet informatique SAGIR a déjà coûté plus de 620 M$ aux contribuables. Le projet devait se terminer en 2007 et coûter 83 M$. La facture atteindra au moins le milliard de dollars, a déjà révélé notre Bureau d’enquête.




► L’informatisation de la santé, qui comprend le Dossier Santé Québec, était initialement promise pour 2011, à un coût de 543 M$. Québec cible maintenant 2021 et un coût de 1,6 G$.




► Commencé en 2001, le projet d’informatisation de la justice était promis pour 2007. Ça n’a pas été le cas et il a été suspendu en 2012. Il est retourné au point de départ l’année suivante. 75 M$ se sont alors envolés et 40 M$ ne seront jamais récupérables.




► Le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles a versé 10 M$ pour seulement une vingtaine de consultants informatiques qui travaillent depuis plus de trois ans à même ses bureaux.




► Le ministère de l’Agriculture est responsable d’un dérapage informatique qui a déjà coûté plus de 4,7 M$ aux contribuables et il est impossible pour le public de connaître la vraie nature du désastre.




 




Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé