Peut-être que le [débat qui sévit ces jours-ci->2304] est pertinent et nécessaire en soi et qu'il importe peu de savoir quels ont été mes propos exacts et le contexte dans lequel je les ai prononcés. Mais puisque c'est moi qu'on accuse ici de qualifier les gens de Québec de xénophobes, je désire faire le point et considère avoir la responsabilité d'apporter quelques petites clarifications.
Je crois fermement que la diversité culturelle est une réalité qui touche et enrichit toutes les sphères de notre société québécoise et que cette réalité mérite d'être soulignée et célébrée.
C'est en ce sens que j'ai participé samedi dernier, en tant que président d'honneur, à la Foire de la diversité culturelle à Québec, événement qui se déroule dans le cadre de la Semaine québécoise des rencontres interculturelles.
Le but de ma participation à cet événement était justement de faire valoir les efforts et le mouvement d'ouverture de plus en plus marqués des gens de Québec vers les différentes communautés culturelles. En m'adressant à la foule, j'ai fait l'éloge du rapprochement entre les Québécois de toutes les origines à Québec. Une allocution qui était, en mon sens, pleine d'espoir.
La peur, mais pas d'hostilité
À la suite de cette allocution, quelques journalistes ont voulu entamer une discussion.
J'ai dit, en répondant aux questions de ceux-ci, que nous avions, comme société, encore beaucoup de chemin à parcourir et que malheureusement, encore aujourd'hui, trop de Québécois résistent à cette ouverture vers les autres cultures.
On m'a tout de suite demandé si je voulais insinuer par là que les gens de Québec étaient racistes. Surpris de la lecture qu'on avait faite de ce que je venais de dire, j'ai ajouté que le repli de certains Québécois pouvait s'expliquer non pas par du racisme mais peut-être plutôt par la xénophobie.
J'ai alors pris la peine d'expliquer à un jeune journaliste du quotidien Le Soleil dans quel sens j'utilisais ce mot en le séparant en deux parties : «"Phobe" pour "peur" et "xéno" pour "l'autre". Peur de l'autre.»
Xénophobe. Le mot est-il trop fort ? Oui, car, comme vous, je connais maintenant la définition exacte du mot «xénophobe» selon Le Petit Larousse.
Je ne pense pas que les gens de Québec soient hostiles aux étrangers. Je persiste à croire cependant que plusieurs d'entre eux ont peur des étrangers parce qu'ils n'ont pas la chance d'en côtoyer beaucoup, qu'ils ne sont pas différents des autres êtres humains et que les êtres humains ont tendance à avoir peur de ce qu'ils ne connaissent pas.
Je crois que nous devons redoubler d'ardeur à nous ouvrir davantage aux cultures de nos concitoyens venus d'ailleurs, que leur présence est une grande richesse pour la ville de Québec et que nous ne pouvons que grandir, comme société, à partager au quotidien notre culture et nos coutumes avec celles des communautés immigrantes.
Robert Lepage
_ Dramaturge, cinéaste, metteur en scène et comédien
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