Article publié dans La Presse du 18 novembre 2007 sous le titre "Un «oui» ferme à Rabaska"
Nous, intervenants de l'industrie maritime, appuyons avec force le projet de terminal méthanier Rabaska. Notre appui à ce projet n'est toutefois pas inconditionnel, car il découle d'une analyse rigoureuse de ses impacts, ceux positifs minimisant, dissipant même, ceux négatifs. Rabaska deviendra un partenaire important de l'industrie maritime québécoise et la région, tout autant que les provinces de l'Est du Canada, ne peuvent se passer de ce projet structurant.
Malheureusement, certains opposants tentent de mettre en contradiction deux éléments qui donnent à Québec son caractère unique. Nous n'avons pas à faire de choix entre sa vocation maritime et portuaire et son caractère touristique et patrimonial. Il est possible de concilier ces deux attributs et qu'il y ait cohabitation harmonieuse entre ces activités et nous l'avons prouvé au fil des ans. Le développement industriel n'est pas un frein au développement touristique et d'ailleurs, Tourisme Québec le reconnaît. Les villes portuaires ont à l'évidence une légitimité toute particulière à faire entendre leur voix pour influer sur les décisions collectives, car elles sont des acteurs majeurs de la mondialisation, vecteur par lequel passent indiscutablement les relations harmonieuses et pacifiques qu'entretiennent entre elles les nations.
Certains s'inquiètent de l'augmentation du trafic maritime qu'engendrera Rabaska dans le corridor Saint-Laurent/Grands-Lacs. Le terminal projeté sera approvisionné à tous les six jours et, conséquemment, seulement 60 livraisons de GNL y seront effectuées. Cette augmentation de l'achalandage est négligeable, car 4000 navires passent annuellement en face de Québec. Puisque les méthaniers ne s'y rendront pas, ils n'ajouteront donc rien à ce trafic. Nous sommes bien entendu d'avis qu'il faille préserver la beauté du fleuve et de ses paysages. Il faut toutefois se rappeler que le fleuve est une voie maritime majeure, un outil de développement des collectivités depuis des centaines d'années et qu'il peut être utilisé dans le respect de l'environnement.
Ultramar fut le dernier investissement industriel majeur
La présence d'un terminal d'une telle envergure permettra à l'ensemble de l'industrie maritime de Québec (pilotes, marins, professionnels, etc.) de profiter d'une assiette d'activités plus diversifiées. L'acharnement contre le développement industriel a déjà coûté cher à la région de Québec. Des projets privés de la taille de Rabaska, on en propose un par 10 à 15 ans dans Québec-Chaudière-Appalaches. À preuve, le dernier investissement industriel majeur remonte à la construction d'Ultramar, il y a près d'un quart de siècle !
Qui plus est, grâce à des engagements clairs de la part du promoteur et aux règles de conduite détaillées édictées par le comité TERMPOL, nous croyons fermement que l'industrie des croisières à Québec ne sera nullement compromise. La cohabitation des méthaniers, du trafic existant et des bateaux de croisières est possible, comme c'est le cas à Barcelone où plus d'un million de croisiéristes débarquent chaque année, malgré la présence d'un terminal méthanier à moins d'un kilomètre de cette ville du patrimoine mondial.
À cela, ajoutons que le territoire d'implantation de Rabaska est une zone industrialo-portuaire qui existe depuis plus de 20 ans. La vocation de cette zone doit être protégée et exploitée pour la richesse de son potentiel économique.
Naviguer sans mesures exceptionnelles
À bon usage, la voie maritime du Saint-Laurent est sécuritaire. Le comité TERMPOL qui comptait, notamment parmi les 26 membres dont il était composé, des experts de Transports Canada et de la Garde côtière, a confirmé que les méthaniers pourront naviguer sur le fleuve de façon sécuritaire sans qu'il soit nécessaire de prendre des mesures exceptionnelles. Voilà donc des témoignages et des opinions qui émanent de véritables experts basés sur une argumentation étoffée et non à partir de pseudo-expertises qui sont l'apanage du groupe d'opposants au projet de port méthanier à Lévis.
Les conditions difficiles de navigation du fleuve Saint-Laurent ont aussi été évoquées lors de tentatives de discrédit du projet par ses détracteurs qui ont comme pratiques le sophisme et l'alarmisme. Sachez que les navigateurs avertis qui empruntent notre fleuve synchronisent leurs déplacements en fonction de la direction des courants (réversibilité des marées) afin de profiter de la poussée qu'ils engendrent. Le relèvement, mais aussi la baisse du niveau d'eau qui découlent du mouvement cyclique des marées sont également utilisés pour passer sous des structures ou franchir des endroits normalement inaccessibles. De plus, des logiciels permettent de tenir compte de ces éléments dans la planification des voyages, favorisant ainsi une sécurité optimale. Cette façon de faire procure également des économies de carburant et donc, une réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).
Des navires sécuritaires
Plusieurs éléments contribuent aussi à améliorer la sécurité des activités maritimes. Les méthaniers sont reconnus au sein de l'industrie maritime pour leur caractère sécuritaire. En plus d'être dédiés à un usage exclusif, celui du transport de GNL, ils sont construits selon les critères les plus sévères et dotés des technologies de pointe qui leur procurent manœuvrabilité, fiabilité et sécurité, ce à quoi contribuent leurs doubles coques et doubles fonds. Rappelons aussi que nous ne sommes plus à l'ère du sextant et de l'étoile polaire et que les experts de la navigation sur le Saint-Laurent, d'ailleurs reconnus à ce titre par le gouvernement du Canada, disposent de renseignements en temps réel transmis via le réseau des satellites géostationnaires qui gravitent autours de la terre et, aussi, de cartes électroniques d'une extrême précision qui leur facilitent la tâche en ce qui concerne la gouverne de leurs navires.
Comment peut-on refuser un projet dont le capital de risque est totalement assumé par le privé et pour lequel le promoteur a pris toutes les mesures pour assurer l'intégrité du territoire et des paysages et la sécurité de la population? Certains semblent oublier que l'expression «développement durable» contient aussi le vocable «développement». Il ne faut pas passer à côté de cet investissement. Nous n'en n'avons pas les moyens, nos enfants encore moins.
***
Pierre Grégoire
Corporation des Pilotes du Bas Saint-Laurent
Régis Cauchon
Le Groupe Océan Inc
- source
LE SOLEIL - POINT DE VUE
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé