Les leçons du cas Duchesne

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L'annonce de la candidature de Pierre Duchesne, dix jours après son départ du service de l'information de Radio-Canada, suscite la controverse. M. Duchesne, analyste politique à l'Assemblée nationale, jure qu'il n'était pas en pourparlers avec le Parti québécois avant sa démission. Libéraux et caquistes sont convaincus du contraire. Quelle que soit la vérité, on peut certainement parler d'une erreur de jugement de la part de l'ex-journaliste.
Au fil des ans, les médias ont imposé aux politiciens des standards éthiques extrêmement élevés. Il ne suffit plus qu'un élu évite les conflits d'intérêts, il doit fuir les apparences de conflit d'intérêts. Des situations banales ou fortuites - la présence dans une loge du Centre Bell, par exemple - valent de nos jours aux membres de la classe politique d'être cloués au pilori.
On s'attendrait à ce que les professionnels de la presse s'imposent des règles aussi strictes. D'ailleurs, le Code de déontologie de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec souligne que, dans le cas des journalistes également, «l'apparence de conflit d'intérêts s'avère aussi préjudiciable que les conflits d'intérêts réels».
En passant aussi rapidement de l'analyse, censément objective, à sa candidature pour un des partis dont il commentait les faits et gestes, M. Duchesne s'est placé dans une situation apparente de conflit d'intérêts, une situation préjudiciable à la crédibilité des médias. Les journalistes qui se retrouvent dans pareille position devraient s'imposer un délai substantiel avant de se lancer en politique. Le Parti libéral est très mal placé pour donner des leçons d'éthique. Néanmoins, la plainte du PLQ au Conseil de presse permettra au tribunal d'honneur de suggérer des balises pour encadrer de telles situations.
Il y a dans cette affaire un autre aspect troublant. Comme bien d'autres ex-journalistes avant lui, M. Duchesne a adopté avec une facilité déconcertante le discours partisan, avec tout ce que celui-là a de réducteur et d'arrogant. Aux attaques libérales, il a répondu comme l'aurait fait un vieux routier de la politique, par une charge sans nuances contre ses nouveaux adversaires. Comment un journaliste rigoureux - M. Duchesne a fait la preuve de sa rigueur dans sa magistrale biographie de Jacques Parizeau - peut-il se transformer aussi aisément en propagandiste? D'ailleurs, en annonçant son départ de Radio-Canada, Pierre Duchesne avait confié à notre collègue Denis Lessard qu'il n'envisageait pas de carrière politique parce que, dit-il, «j'ai été bâti à l'école du journalisme, avec des règles d'éthique». L'histoire montre que les anciens journalistes peuvent apporter une contribution significative à la vie politique. Nul doute que ce sera le cas de Pierre Duchesne. Espérons qu'il résistera le plus possible au travers de la politique partisane, qu'il s'efforcera plutôt à rendre le discours politique plus intelligent.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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