SAINTE-ADÈLE – Les Laurentides pourraient devenir la première région du Québec à avoir sa propre monnaie afin de favoriser l’achat local.
Philippe Derudder travaille depuis deux ans à mettre sur pied le Laurentien, une monnaie qui pourra être échangée chez certains commerçants des Laurentides. M. Derrudder a lancé une telle monnaie à Bordeaux en France. « On a commencé en 2010 avec cinq entreprises et 30 adhérents. Au bout d’un an, on avait 60 commerces impliqués et 300 participants. »
Les entreprises de la taille de Walmart ne seront pas sollicitées pour participer au projet. Le but est d’encourager les petits commerçants pour favoriser l’échange et le réseautage comme c’est le cas dans les marchés publics. M. Derudder y voit là une façon de stimuler l’économie régionale tout en encourageant le dialogue entre voisins. Pour l’instant, l’équipe qui travaille au projet est toujours à solliciter des appuis auprès de la communauté, mais la réponse est de plus en plus encourageante.
Désormais établi à Sainte-Adèle, l’ancien homme d’affaires français vise à ce que cet argent parallèle soit disponible à la grandeur des Laurentides. Plus les petits commerçants se joindront à l’aventure, plus les consommateurs seront intéressés par ces nouveaux billets échangés avec 5 à 10 % de boni sur l’argent conventionnel. Preuve que l’idée des monnaies locales fait son chemin, le guide que M. Derudder a lancé sur le sujet en est à sa troisième édition.
Entre mondialisation et achat local
L’ex-gestionnaire explique que 97 % du flux financier mondial sert à la spéculation. Il n’y a donc qu’un maigre 3 % qui soutient l’économie réelle. M. Derudder affirme qu’on a mondialisé les échanges pour des raisons purement économiques sans mesurer les impacts de ce virage. « Les banques qui créent l’argent ne travaillent pas pour le peuple, mais pour leurs actionnaires. Si je retire 50 $ du grand casino mondial et que je le remplace par de la monnaie locale, j’augmente mon pouvoir d’achat et j’encourage ma communauté au lieu d’enrichir des gens que je ne connais pas. »
M. Derudder a répertorié pas moins de 15 000 monnaies locales complémentaires dans le monde. À Bristol en Angleterre, le maire est payé avec cet argent. La ville l’accepte même comme paiement pour une partie des taxes.
À Toulouse en France, les 3000 adhérents à ce système monétaire parallèle peuvent s’approvisionner auprès de 600 entreprises du coin. « Nous sommes dans une impasse, confie l’ex-président d’entreprise internationale. Nous avons une crise économique où la seule issue est la croissance et une crise écologique où la seule issue est la décroissance. Il faut passer à un autre modèle. »
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