Il y a les discours qui charment et les actions qui tuent

Les États-Unis d'Amérique et les intérêts des peuples du monde

Le temps des changements radicaux serait-il arrivé ?

Actualité - analyses et commentaires


En tant que première puissance mondiale, les États-Unis exercent une influence déterminante dans beaucoup de secteurs relatifs à la sécurité et au développement des peuples. Leur puissance militaire n’est plus à démontrer tout comme leur capacité d’être présents non seulement dans toutes les régions du monde, mais, encore, dans les diverses hiérarchies qui dirigent les peuples et les gouvernements. Même le Vatican n’y échappe pas.
UN DISCOURS OUVERT AUX VALEURS UNIVERSELLES
Dans ce contexte, il est un peu normal que les Présidents qui se succèdent aient un discours qui fasse ressortir les grandes valeurs auxquelles aspirent les peuples du monde. Ils parleront amplement de la démocratie, de la liberté, du respect des droits humains, de l’aide internationale, mise à la disposition des plus défavorisés, ainsi que des forces militaires qui vont à la rescousse des victimes de dictateurs sanguinaires. De nombreux exemples d’interventions humanitaires dans les secteurs de la recherche, du développement, de la l’entraide viendront illustrer ces grandes valeurs qui inspirent ce peuple et qui en font l’ami de tous les peuples et de toutes les personnes de bonne volonté. En somme, un discours inclusif, généreux et tout ce qu’il y a de plus respectueux des grandes aspirations des temps que nous vivons. Les discours à la Nation des Présentés commencent et finissent presque tous en référence à ces contenus.
UNE PRATIQUE SUBORDONNÉE AUX VALEURS NATIONALES
Une fois élaborée cette liste des grandes valeurs humanitaires, laquelle est loin d’être exhaustive, le discours passe à des considérations plus pragmatiques et d’intérêts nationaux. Ils aborderont évidemment le terrorisme, présenté comme une véritable menace pour leur sécurité. Cette menace omniprésente justifiera de nombreuses incursions militaires dans le monde ainsi que des mesures spéciales à l’endroit des citoyens étasuniens eux-mêmes, Dans les deux cas, des droits fondamentaux des peuples et des personnes seront sacrifiés. La SÉCURITÉ NATIONALE s’imposera comme un absolu qui ne saurait être sacrifié pour quelque considération que ce soit. Elle agira comme une référence transcendante, non définie et à portée universelle, sous le couvert de laquelle les Présidents justifieront, avec ou sans l’accord des Nations-Unies, la mise en place de mesures allant à l’encontre des droits des peuples et des personnes.
Nous connaissons bien la nature de l’intervention militaire en Irak que le Président Bush a justifiée en disant que la sécurité nationale des Etats-Unis était menacée par la présence d’armes de destruction massive. Près d’un million de morts, sinon plus, des centaines de milliers de blessés, la destruction d’infrastructures de tout un pays, font maintenant parties de cette intervention qui dure depuis huit ans. Tout cela sans qu’il y ait eu la moindre trace de ces armes de destruction massive. Il s’agissait d’une intervention préventive, non soutenue par les Nations Unies, fondée sur un grossier mensonge. Les exemples de ces interventions de lutte contre le terrorisme ne manquent pas.
À la sécurité nationale s’ajoute une autre référence ayant également un caractère absolu: les INTÉRÊTS DES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE. Encore là, ces intérêts peuvent prendre toutes les formes possibles. Il suffit qu’un Président déclare que telle ou telle politique ou tel ou tel gouvernement menace les intérêts des Etats-Unis pour que tous les moyens soient pris pour y remédier. Il se donne alors le droit d’intervenir comme il l’entend. Là encore, l’accord des Nations Unies, bien que préférable, n’est pas essentiel à leurs interventions. Ils peuvent, comme des rois, agir au dessus des lois et des droits.
Par exemple, lorsqu’au début des années 1970, Salvador Allende, nouveau Président élu du Chili, nationalisa certaines multinationales étasuniennes, ce fut interprété comme une attaque contre les intérêts des Etats-Unis. Tout le reste ne fut que mise en opération d’une action qui devait inévitablement éliminer ce gouvernement et reprendre le contrôle du pays par des alliés indéfectibles. Que la démocratie ait été bafouée, que les droits humains ignorés, tout cela importait peu pourvu que leurs intérêts nationaux soient les premiers servis.
Il en est de même aujourd’hui avec les pays émergents en Amérique latine et ailleurs dans le monde. Dans ces derniers cas, les interventions se font plus discrètes de leur part, mais toujours aussi agressives et intenses. Ils apportent tout leur appui financier et logistique aux oligarchies nationales et à certains organismes régionaux qu’ils contrôlent bien pour faire la sale besogne. Il en fut ainsi pour le coup d’État militaire au Honduras, en 2009, qui délogea le président élu, Manuel Zelaya. Plus récemment, en septembre 2010, c’était le Président élu de l’Équateur qui faisait face à une tentative de coup d’État. Déjà, en avril 2002, nous avions assisté à une tentative de coup d’État au Venezuela qui faillit couter la vie au président élu, Hugo Chavez. Grâce à l’intervention du peuple et d’une fraction importante de l’armée, cette opération s’est soldée par un échec total. À ces exemples, il faut ajouter toutes ces actions menées en Bolivie soit pour renverser le gouvernement d’Évo Morales, un autre président élu, ou éliminer physiquement ce dernier. Il est évident que toutes ces actions se trament en utilisant l’argent de la corruption, la collaboration des oligarchies nationales et, si besoin est, l’implication de mercenaires bien payés.
Nous assistons présentement à la mise en place d’une autre référence, elle aussi de caractère absolu : l’INTERVENTION MILITAIRE HUMANITAIRE qui donne un visage humain et désintéressé aux actions de conquête, de renversement de gouvernement ou encore de changement de régime. La guerre en Libye illustre à merveille cette nouvelle façon de faire. Là encore c’est sur la base de mensonges grossiers, tous contredits par des faits, que cette guerre, avec ses dizaines de milliers de bombes et de roquettes, a détruit les infrastructures de tout un pays, le plus développé de tous les pays d’Afrique, et fait plus de 70 000 morts en huit mois. Comme si ce n’était pas assez, les Etats-Unis et ses alliés de l’OTAN se préparent maintenant pour une autre intervention militaire humanitaire en Syrie. Nous aurons tous compris que derrière ce beau vocable se cache, cette fois, la conquête pure et simple de la richesse d’un pays et le contrôle d’une région.
LES PRÉSIDENTS DES ÉTATS-UNIS NE SONT QUE DES EXÉCUTANTS
Le véritable pouvoir et les véritables intérêts au service desquels oeuvrent les Administrations étasuniennes ne sont, quoiqu’ils puissent en dire, ni ceux du peuple étasunien ni ceux d’une humanité plus juste et solidaire, mais ceux des principales oligarchies qui contrôlent les industries militaires, les milieux financiers, les grandes multinationales ainsi que les institutions politiques et économiques du pays. CE SONT LES INTÉRÊTS DE CES DERNIÈRES QUE LES PRÉSIDENTS QUI SE SUCCÈDENT ONT LE MANDAT D’IMPOSER AU PEUPLE ÉTATSUNIEN ET AU MONDE. Tout le reste ne peut être qu’emballage et image. Pour ce faire, ils disposent des moyens de communication à l’emploi desquels ils placent les plus grands manipulateurs d’opinion. Le « WE CAN » (NOUS POUVONS) d’Obama n’est qu’un slogan utile pour une campagne électorale. Une fois élu et dans le fauteuil de la Présidence, le nouveau venu n’a plus qu’à dire au Peuple « I CAN’T MORE» (je ne peux plus).
UNE ÈRE NOUVELLE S’IMPOSE DONC, MAIS LAQUELLE?
Le monde est de plus en plus conscient de cette grande tricherie que n’arrivent plus à dissimuler les beaux discours aux valeurs universelles. Ceci dit, les maitres du monde peuvent toujours compter sur leur capacité militaire, sur leur pouvoir énorme de corruption de personnes et de dirigeants à la conscience élastique. Pour le moment ils ont la main mise sur l’ensemble des organisations internationales y incluant les Nations Unies et certaines grandes églises dont le Vatican.
Par contre les armes n’ont pas de pouvoir sur les consciences et encore moins sur les peuples unis et solidaires. L’avenir de la libération des peuples devra passer par cette prise de conscience de cette énorme tricherie dont ils sont les victimes. Ce sera l’éveil d’une nouvelle conscience humanitaire, seule capable de conduire à des changements fondamentaux dans la gouvernance des peuples et dans l’expression des solidarités entre eux. Les mensonges ne sauraient s’imposer indéfiniment devant les évidences de leur contraire tout comme l’obscurité de la nuit ne saurait résister à l’arrivée de l’aurore.
Le jour où les peuples reprendront le contrôle de leur destin, avec une conscience aguerrie contre la tricherie et solidaire dans le développement, ces puissantes oligarchies s’effondreront comme des châteaux de cartes. Sans le soutien des peuples, elles ne sauraient survivre.
Oscar Fortin
Québec, le 31 octobre 2011
http://humanisme//blogspot.com
Deux références, la première sur l’idée générale, la seconde sur la Libye
[http://www.legrandsoir.info/affronter-l-etat-imperial-est-un-devoir-patriotique-et-revolutionnaire.html->]
[http://www.centpapiers.com/100-jours-apres…-la-libye-des-mefaits/85628->]

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Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    2 novembre 2011

    M. Morin, je ne sais pas si votre référence à Reagan va dans le sens d'un exemple à suivre, mais je vous dirai que si Allende, lors de la grève téléguidée des camionneurs au Chili dans les années 1970, avait agi à la manière de Reagan, il eût fait l'objet des pires accusations de dictateurs et de Président anti-démocratiques.
    Pour revenir à Obama, je poserais votre question en sens inverse. Que lui faudrait-il pour mettre les oligarchies financières et industrielles au service de ceux et celles qui créent la richesse, à savoir les travailleurs et les travailleuses? Sous cet angle ce ne sont pas les travailleurs qu'il faut mettre au pas, mais bel et bien ceux qui en vivent.
    C'est évidemment mon point de vue. Il est évident que les dictateurs gouvernent avec beaucoup plus de facilité que les démocrates. Dans le premier cas, le décret et la force policière décident de tout. Dans le second cas, les négociations, le respect des libertés non seulement des patrons mais aussi des employés, doivent conduire à des ententes non imposées mais mutuellement acceptées. La démocratie est un défi pas facile à réaliser, mais elle est celle qui parvient à donner le pouvoir au peuple. Ce dernier, dans son ensemble dispose d'autant de sagesse que les premiers, souvent assujettis à des oligarchies dominantes.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 novembre 2011

    Si Ronald Reagan licencia 11 359 contrôleurs aériens qui étaient illégalement en grève le 5 août 1981, malgré son appel pour qu'ils reprennent le travail « dans les 48 heures », que pourrait faire Barack Obama pour remettre les Américains au travail et éviter la faillite du pays?

  • Archives de Vigile Répondre

    1 novembre 2011

    Monsieur Fortin,
    La riche élite américaine a été géniale en désignant Obama comme successeur de Bush.
    Bien difficile de blâmer Obama semble-t-il. On lui accorde constamment le bénéfice du doute. Pourtant, tout ce qu'il a fait jusqu'à présent représente une continuité avec Bush.
    Tout comme son prédécesseur, il représente les gros intérêts financiers du capital et gouverne pour eux et pour leurs caprices.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 novembre 2011

    Jean-François-le québécois; ma réponse à votre bref commentaire se trouve dans cet article, publié, il y a peu de temps, sur Vigile. Je vous en donne la référence http://www.vigile.net/Obama-et-Bush-un-meme-combat-en
    Vous y trouverez de nombreux exemples qui illustrent ses véritables appartenances. À vous de juger....
    Merci pour votre commentaire.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    1 novembre 2011

    @ Oscar Fortin:
    Attention! Barack Obama a bel et bien essayé, depuis 2008, de mettre en place des changements, pour plus de justice sociale, et pour de meilleurs rapports entre les États-Unis et d'autres pays. Mais les Républicains contrôlant la «House of representatives» n'ont pas cessé, pour des raisons tantôt idéologiques, tantôt liées aux intérêts financiers de leurs granfs bailleurs de fonds, de lui mettre des bâtons dans les roues. Beaucoup de bâtons dans les roues.