Étudier en anglais au Québec est une aubaine pour les Français

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Pascale Breton La Presse - Le nombre de Français qui viennent étudier en anglais dans une université québécoise, en payant les mêmes droits de scolarité que les Québécois, a bondi au cours des dernières années.
En vertu d'une entente entre la France et le Québec, conclue en 1978, les étudiants français inscrits dans une université québécoise sont exonérés des droits de scolarité normalement majorés pour les étudiants étrangers.
Au cours des cinq dernières années, le nombre d'étudiants français a constamment augmenté, révèlent les statistiques compilées par le ministère de l'Éducation. Ils sont aussi plus nombreux à s'inscrire dans des programmes en anglais.
«C'est préoccupant», déclare la députée de Taillon et porte-parole de l'opposition en matière d'enseignement supérieur, Marie Malavoy. «Les contribuables québécois ne voudront pas payer, à juste titre, pour que des étudiants français viennent apprendre l'anglais à nos frais.»
À HEC Montréal, les Français sont surreprésentés au baccalauréat trilingue en administration des affaires, un programme en français, anglais et espagnol.
«Nous avons beaucoup de Français dans notre programme régulier, mais c'est certain que dans notre programme trilingue, c'est spectaculaire parce qu'ils représentent plus de la moitié de la classe cette année», souligne le directeur des activités internationales à HEC Montréal, Federico Pasin. Il précise qu'environ 150 diplômés sortent du programme chaque année.
En France, fréquenter une école de gestion coûte des milliers d'euros annuellement, ajoute M. Pasin. «Si on rajoute que les Français peuvent apprendre l'anglais ici, on devient une très bonne option pour eux.»
À compter de l'automne prochain, le baccalauréat en administration des affaires sera également offert dans un programme bilingue.
Les universités québécoises développent de plus en plus de programmes avec des cours en anglais, particulièrement aux cycles supérieurs, pour recruter des étudiants étrangers.
Avec son baccalauréat bilingue, HEC souhaite ainsi courtiser les étudiants du Canada anglais, des États-Unis et de la Chine, notamment. Mais l'administration s'attend aussi à recevoir de nombreuses demandes d'étudiants français.
Tous programmes confondus, le nombre d'étudiants français inscrits à l'école des HEC a augmenté de 40% entre 2006 et 2010.
À l'Université McGill, le nombre de Français a augmenté de 65% et à l'Université Concordia, de 42%.
Dans les universités anglophones, les étudiants français demeurent toutefois minoritaires, comme le souligne Alan Hochstein, doyen intérimaire de l'école de gestion John-Molson, de l'Université Concordia.
«Cette année, on compte 210 étudiants français à John-Molson sur les 8000 étudiants au total.»
À la grandeur du Québec, entre 2006 et 2010, le nombre d'étudiants français est passé de 6418 à 8798.
À titre comparatif, le nombre de Québécois qui étudient en France en vertu de la même entente, soit dans le cadre d'un échange universitaire ou avec un visa de long séjour, a à peine augmenté, passant de 1043 à 1093 étudiants.
Au printemps 2008, le Parti québécois avait critiqué ces dérives au sujet de l'entente entre la France et le Québec qui permet aux Français d'étudier en anglais à moindre coût. La ministre de l'Éducation de l'époque, Michelle Courchesne, avait reconnu que la situation était inquiétante. Mais rien n'a changé depuis.
«La réflexion se poursuit au ministère de l'Éducation. Il y a eu des échanges avec le ministère des Relations internationales, mais pour l'instant, il n'y a pas eu de modification à l'entente», explique Dave Leclerc, attaché de presse de la ministre de l'Éducation Line Beauchamp.


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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    21 novembre 2011

    Ces Français qui étudient à McGill et qui retournent chez eux avec une vision essentiellement canadian d'un Canada dont le Québec est absent n'est qu'un autre mal hérité du colonialisme d'avant la Révolution tranquille. C'est du même ordre que ces écoles privées primaires et secondaires qui sont depuis toujours subventionnées par l'Etat québécois où un certaine «haute gomme» québécoise envoient ses enfants étudier en anglais. Et, maintenant, en prime, avec la bénédiction de la Cour suprême canadian, qui peuvent servir d'écoles-passerelles pour le système public anglophone.
    A l'évidence, les Québécois ne sont pas totalement affranchis de leur culture de colonisés! Dans le ROC, les écoles privées ne sont pas subventionnées, pas plus en Ontario qu'ailleurs.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 novembre 2011

    Je suis fier de vous annoncer qu'ici, à la Faculté de sciences et génie de l'Université Laval, les cours se donnent exclusivement en français, même aux cycles supérieurs, et s'il n'y avait qu'une seule petite lueur, une seule petite allusion à un projet de donner des cours en anglais, vous m'entendriez et verriez remuer ciel et terre pour que cela ne se concrétise jamais! Je suis membre du comité de programme des études graduées en génie électrique et vous pouvez compter sur ma vigilance pour soulever certaines aberrations.
    Je trouve très bien que l'on accueille des étudiants étrangers qui ne parlent aucun mot de français. MAIS! Mais il faut leur donner les outils pour s'intégrer rapidement, ce qui n'est pas fait! Je vais mettre ce dossier sur la table!
    Certains cours voient leurs devoirs et examens offerts en français et en anglais. Pas vraiment d'objection, mais je fournirait une liste de mots de vocabulaire à la place. Personnellement, je trouve que c'est un accomodement "raisonnable". On m'a offert de répondre aux examens en français ou en anglais, selon le prof, quand j'étais en échange au Mexique. J'ai fièrement refusé pour répondre uniquement en espagnol, malgré le fait que j'aie seulement suivi 3x45 heures de cours d'espagnol :-)
    J'ai entendu parler d'un cas où personne ne s'était objecté à ce qu'un cours se donne en anglais, mais c'était avant mon arrivée à l'Université Laval. Ceci dit, j'accepterais de donner un atelier de quelques heures sur des outils informatiques en anglais à la condition qu'il soit dédoublé, mais pas un cours.
    Si vous entendez parler de trucs à l'Université Laval, prière de m'en informer. Il y a des limites à ce que les universités francophones vendent leur âme! Moi je suis allé au Mexique parce que c'était en espagnol et je suis allé en Allemagne parce que c'était en allemand! Malheureusement, les cours se donnaient en anglais dans mon programme, comme quoi le phénomène n'est pas seulement au Québec!
    Dominique Beaulieu, B. Ing., M. Sc.
    Étudiant au doctorat en génie électrique

  • Archives de Vigile Répondre

    21 novembre 2011

    j'ai fait une série d'articles récemment sur le sujet.
    Les dernières stats de La Presse sont encore plus catastrophiques que les miennes
    http://www.vigile.net/Plus-d-un-etudiant-sur-4-a-l-UdM

    http://www.vigile.net/Le-scandale-des-etudiants

    http://www.vigile.net/On-ne-peut-pas-descendre-plus-bas

    http://www.vigile.net/Frais-de-scolarite-ca-monte-pour

    http://www.vigile.net/Un-etudiant-acadien-paie-3-fois


  • Archives de Vigile Répondre

    21 novembre 2011

    Nous n'avons pas eu assez d'être abandonnés par la mère-patrie que nous leur ouvrons toutes grandes les portes au Québec pour des études en anglais avec l'argent de nos impôts en plus. Aux prochaines fêtes de la St-Jean Baptiste, nous devrions avoir un char allégorique en l'honneur d'Elvis Gratton qui bientôt va devenir notre héros national.
    André Gignac 21/11/11

  • Archives de Vigile Répondre

    21 novembre 2011

    C'est scandaleux d'être gouverner par le parti libéral
    qui n'a aucune morale et éthique en ce qui concerne l'argent
    des Québécoises et des Québécois.