Les derniers cathos

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«Faire la paix avec le catholicisme, c’est faire la paix avec une part de nous-mêmes»






Il y a une semaine, je participais à un intéressant colloque à Québec, organisé par l’Observatoire justice et paix.




Le thème: comment le Québec pourrait-il faire la paix avec son héritage catholique? Plus de 50 ans après la Révolution tranquille, le Québec est-il prêt à reconnaître que l’Église n’a pas fait que du mal dans notre histoire, qu’elle n’était pas un corps étranger nous vampirisant?




Les organisateurs appelaient ça la guérison de la mémoire.




C’était un beau colloque. Dans la salle, il devait y avoir 200 personnes. Des jeunes, des adultes, des aînés, et même des sœurs et des curés.




S’agissait-il des derniers catholiques québécois? Il y avait aussi des croyants et des incroyants. Et beaucoup de gens qui doutent.




Réconciliation




En un mot, des gens de divers horizons, confessant un préjugé favorable pour notre patrimoine religieux.




Une ombre au tableau: le matin même, Le Journal de Québec nous apprenait une triste histoire. Quelque chose de laid, de très laid.




Depuis 1940, 600 Québécois auraient été victimes de prêtres pédophiles. Difficile de guérir la mémoire quand de vilaines plaies se rouvrent sans arrêt.




Cette douleur est réelle: on ne peut pas demander aux victimes de faire semblant que rien ne leur est arrivé.




Pour le dire dans ses mots, l’Église québécoise a péché.




Mais quand on fait le portrait global du rôle de l’Église catholique dans notre histoire, peut-on n’en retenir que les pages noires? N’a-t-elle rassemblé que des abuseurs?




Est-ce qu’on doit vraiment s’imaginer que l’Église a représenté ici une dictature religieuse?




Souvent, quand je me promène dans nos villes et nos villages, j’arrête dans nos églises. Elles sont vides.




C’est comme si toute l’architecture du Québec nous était culturellement étrangère. Nous habitons un pays dont nous ne comprenons plus le paysage.




Le Québec contemporain est un désert spirituel, hostile à la religion de ses pères, mais prêt à s’ouvrir à toutes les religions exotiques.




Un peuple peut-il vraiment renier sa religion sans en payer le prix?




Spiritualité




De la naissance à la mort, le catholicisme encadrait les différentes étapes de la vie. Aujourd’hui, nous sommes en panne de rituels. Alors chacun s’invente les siens en pigeant dans mille religions.




Un peu de christianisme par-ci, un peu de bouddhisme par-là. Et beaucoup de New Age partout. Chacun se bricole une spiritualité personnelle. Elle repose souvent sur du sable. Il faut dire que l’Église ne s’aide pas. Elle liquide ses églises comme si elle renonçait une fois pour toutes à la possibilité de les remplir.




Mais chaque fois qu’une église de quartier est détruite, c’est un morceau de l’identité québécoise qui s’effrite.




Retour au colloque: le père Martin Lagacé, qui a prononcé la conférence d’ouverture, a proposé une idée importante.




Le Québec, avec la Révolution tranquille, avait besoin de remettre en question une institution devenue trop pesante. Le choc était nécessaire.




Mais un peuple devenu mature devrait se réconcilier avec ses ancêtres.




Faire la paix avec le catholicisme, c’est faire la paix avec une part de nous-mêmes.



 




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