VANCOUVER | Les immigrants investisseurs se tournent vers Montréal après avoir changé le visage de l’immobilier à Vancouver et à Toronto au cours de la dernière décennie.
Happés de plein fouet par la mise en place d’une nouvelle taxe pour les acheteurs étrangers en Colombie-Britannique, il y a trois ans, les investisseurs internationaux se tournent de plus en plus vers Montréal.
C’est encore plus vrai depuis l’an dernier, alors que cette taxe dans l’Ouest canadien est passée de 15 % à 20 % et que la ville a introduit un impôt sur les habitations vacantes.
Ces mesures ont eu l’effet d’une douche froide sur le marché vancouvérois.
À peine 1727 maisons ont changé de mains dans la région métropolitaine en mars, en baisse de 31,4 % par rapport au même mois de l’année précédente, révélait la chambre immobilière de Vancouver jeudi. C’est le « pire » mois pour l’immobilier de la métropole de Colombie-Britannique depuis 1986.
La faute au Québec
Une nouvelle qui réjouit au plus haut point le professeur d’urbanisme Andy Yan, de l’Université Simon-Fraser.
« S’il est si difficile de se loger aujourd’hui à Vancouver, il y a une part de responsabilité qui se situe au Québec, avec le Programme des immigrants investisseurs du Québec (PIIQ).
Il existe une corrélation directe entre la venue de ces riches immigrants chinois, par l’entremise du Québec, et l’explosion du prix de l’immobilier, explique-t-il.
Ce programme permet chaque année à près de 1900 riches étrangers d’obtenir leur Certificat de sélection du Québec, première étape vers la résidence permanente, en échange d’un prêt sans intérêt de 1,2 M$ à Investissement Québec. Mais les statistiques démontrent que 90 % d’entre eux finiront par s’installer dans d’autres provinces, particulièrement à Vancouver et Toronto, où ils ont pris d’assaut le marché immobilier. Aujourd’hui, le tiers des acheteurs de condos à Montréal sont chinois alors qu’ils représentaient 8 % de ce groupe en 2015.
« Montréal est le prochain Vancouver », assure Richard Kurland, avocat spécialisé en immigration.
En introduisant des changements modestes au PIIQ au cours des dernières années, le gouvernement du Québec souhaitait retenir davantage d’immigrants investisseurs ici.
Nouveau questionnaire
Le questionnaire d’évaluation des candidats a toutefois été modifié, par exemple pour accorder plus d’importance à la maîtrise du français et désavantager les candidats dont l’installation au Québec semble peu probable. Ces efforts commencent à porter leurs fruits et s’ajoutent aux mesures de la Colombie-Britannique.
« Westmount, certains secteurs du West Island, Outremont vont subir des augmentations importantes d’investissements étrangers. On a voulu que les participants du PIIQ restent au Québec, maintenant il faut s’attendre à recevoir 400, 500 familles de plus par an. Des familles qui veulent les meilleurs endroits possible, les voitures les plus chères, les plus beaux restaurants. Ça dynamise l’économie », fait valoir Me Kurland.
Le nombre d’acheteurs étrangers a bondi de près de 22 % sur l’île de Montréal l’an dernier, après un bond de 28 % en 2017. Cela peut sembler énorme, mais on part de loin. Ces transactions représentent 3,4 % de celles effectuées en 2018 dans la métropole.
Sans surprise, c’est aujourd’hui la Chine qui arrive en tête des pays d’origine de ces acheteurs, loin devant les États-Unis.
Pays d’origine des acheteurs de condos à Montréal
Chine
- 2015: 8 %
- 2018: 33 %
États-Unis
- 2015: 25 %
- 2018: 21 %
Ailleurs
- 2015: 40 %
- 2018: 34 %
Proportion d’acheteurs étrangers à Montréal
- 2010: 0,9%
- 2017: 2,9%
- 2018: 3,4%