Avez-vous remarqué la tendance naturelle que l’on entretient, tant en politique québécoise que canadienne, à recourir aux plans B pour changer une donne qui ne fait pas l’affaire. Steven Harper, insatisfait de son statut minoritaire, a interrompu son mandat précédent pour lancer, malgré une loi contraire amenée par son propre parti, un campagne électorale qui ne l’aura rendu que moins minoritaire. Dans le même laps de temps, Jean Charest, faisait de même et devenait maigrement majoritaire. Quand les règles ne les avantagent pas, quoi de plus naturel pour ces gens bien intentionnés que de les changer. Il en va des partis comme de tendances plus lourdes.
Aussi, la montée d’une droite économique, posée en alternative aux vieux partis, devenus interchangeables, rivalise avec une gauche anémique, Khadir ou pas, mais n’est parvenu à se cristalliser, au fil des ans, ni avec l’ADQ de Mario Dumont, et nous passerons sous silence le bref intermède du manifeste des Lucides. On peut toutefois reculer pour mieux sauter.
Une nouvelle vedette de cette droite montante, partisan d’un grand ménage étatique, François Legault, vient de réveiller notre goût ancestral pour les figures paternelles, malgré la tendance de notre société vers le matriarcat et le féminisme radical et les prétentions de l’intéressé à se réclamer d’une gauche pragmatique. La plate-forme de la CAQ, tant attendue, regorge d’énoncés approximatifs, manifestant une volonté politique de réforme étatique, mais pas trop radicale. Beaucoup de bruit pour pas grand chose. Les orientations générales s’apparentent tellement au programme de l’ADQ que l’on voit mal, si Legault surmonte sa tendance actuelle à la valse-hésitation, comment, advenant le cas où sa coalition voulait passer à l’action, il pourrait éviter un partenariat plus ou moins consenti avec le parti fondé par Mario Dumont.
Assisterons-nous à une fusion comme celle de l’Alliance canadienne de Harper avec les conservateurs de Peter McKay ? Devant l’expérience et le poids politique de Legault, Gérard Deltell, devrait probablement, à l’instar de McKay, se contenter de jouer les second violons. Y consentirait-il ? Et les membres de l’ADQ, qui viennent de lui accorder un vote de confiance massif à 97 %, accepteraient-ils ce changement de donne ?
De son côté, Lucien Bouchard, est devenu l’artisan du plan B des tenants – et potentiels futurs exploitants – des gaz des schiste dans leur volonté de persuader la population de la nécessité d’exploiter ce riche potentiel économique et ce, bien entendu, en respectant des normes de sécurité optimales. Compte tenu de l’impopularité du projet, du gouvernement qui le pilote, du triste sort réservé au porte-parole précédent, André Caillé, il faudra que Lucien déploie tous son pouvoir de négociateur et son charisme de curé Labelle à la voix profonde et sépulcrale pour parvenir à ses – à leurs – fins.
S’il existe une tendance marquée au Québec, c’est cette étrange dualité opposant un cynisme de plus en plus marqué envers la politique, et une candeur bon enfant dès qu’une personnalité politique un tant soit peu persuasive affiche des idées « nouvelles » qui mettront un terme au marasme. Or notre bon peuple demeure électoralement bipolaire : selon l’humeur du moment, il peut monter au pinacle le sauveur potentiel qu’il jettera ensuite dans le premier container venu. Demandez à Mario Dumont. Parlant de sauveur, il en est un qui avait jadis fait le saut du fédéral au provincial et qui était alors perçu comme le futur bienfaiteur du Québec. Un certain Jean Charest, bâtisseur autoproclamé, vous connaissez ? Et « Je me souviens », vous vous rappelez ?
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