Le verdict électoral rend nerveux

PQ - leadership en jeu - la tourmente

De plus en plus de militants péquistes souhaitent qu'un congrès ait lieu dès l'automne 2007. Réunis pour un bilan électoral aujourd'hui, les militants de Québec devraient revendiquer la tenue de cette instance, qui, automatiquement, forcera André Boisclair à se soumettre à un vote de confiance.
Jeudi soir, à Montréal, la direction du comité national des jeunes du PQ se rangeait derrière cette option. Un congrès devrait avoir lieu au plus tard début 2008, a expliqué le président des jeunes péquistes, Matthieu Jeanneau. Pas question de relancer des chicanes stériles, mais des modifications doivent être apportées au programme, ce qui passe obligatoirement par un congrès, a-t-il soutenu.
Pour l'heure, devant le grave problème de financement du PQ, les jeunes proposent que les 36 députés péquistes aient obligatoirement à verser 3000 $ par année - le maximum légal - à la caisse du PQ. Toute contribution était jusqu'ici volontaire.
«On doit analyser les causes de cette défaite. On veut tous que le Parti québécois soit relancé rapidement, mais on a, avant tout, un travail de fond à faire sur les changements à apporter», a dit M. Jeanneau, un des piliers d'André Boisclair lors de la course à la direction du PQ. Il avait surtout contribué à la tournée des cégeps, qui avait donné des ailes à la campagne Boisclair.
«On parle d'un congrès fin 2007, début 2008. Dans un contexte de gouvernement minoritaire, il faut que cela se fasse dans un délai acceptable pour présenter des choses à la population», a soutenu le porte-parole des jeunes péquistes. «C'est simpliste de dire qu'il faut un vote de confiance», résume-t-il.
«Il faut un congrès pour revoir le programme. M. Boisclair a dit qu'il souhaitait des changements au programme. Il est probablement, dans le contexte actuel, la meilleure personne pour apporter ces changements. C'est ce que pensent les jeunes», a dit M. Jeanneau.
Des sources péquistes soulignent que des militants ont même poussé pour que les présidents de circonscriptions, qui se réuniront en juin, puissent se prononcer sur le leadership d'André Boisclair, une proposition qui a fait long feu. Dès le lendemain des élections, André Boisclair lui-même avait indiqué au chef du Bloc, Gilles Duceppe, qu'il envisageait un congrès dès juin, a pu faire confirmer La Presse. Devant les coûts que cela aurait entraînés et le mécontentement des militants, ont a vite repoussé à plus tard ce test délicat.
Pour Philippe-Edwin Bélanger, responsable de l'organisation et de la mobilisation au conseil exécutif, les militants péquistes de Québec sont encore ulcérés des déclarations d'André Boisclair au lendemain des élections. Le chef péquiste avait alors expliqué la dégelée de son parti dans la région de Québec par le fait qu'il n'avait pas pu choisir les candidats qu'il souhaitait - seuls Rosaire Bertrand (Charlevoix) et Agnès Maltais (Taschereau) sont parvenus à se faire élire.
«Dans le cadre d'un congrès, M. Boisclair va devoir dire ce qu'il veut faire du PQ. Il a dit qu'il avait le goût de relever le défi, les militants vont lui donner le bénéfice du doute jusqu'au congrès. Cela donne le temps de voir de quel bois il se chauffe. Il va falloir qu'il développe sur ce qu'il va proposer», a soutenu M. Bélanger. «Il veut rester chef du parti, mais le PQ ne peut faire l'économie d'un congrès et d'un vote de confiance», observe M. Bélanger, l'un des principaux organisateurs péquistes de la région de Québec.
«Pour la défaite, le chef a une grosse part de responsabilité mais il n'est pas tout seul, tout le monde doit s'interroger», a résumé M. Bélanger.
Président régional du PQ dans l'Outaouais, Philippe Boucher soutient que les militants «ont hâte que ça bouge». Le vacuum actuel quant au programme entraîne une «situation problématique», car le PQ y prône un référendum dans un premier mandat, un échéancier qu'a mis au rancart André Boisclair dès le lendemain des élections. «On pense qu'on a un bon chef et qu'il est temps qu'on cesse de laver notre linge sale en public», dira M. Boucher.
Pour lui, le PQ doit mettre de côté les échéances référendaires et y aller de propositions plus tangibles pour les électeurs, à l'égard de la famille, par exemple.
Au Bloc aussi...
À Ottawa aussi, on est en effervescence dans les rangs souverainistes. Le whip du Bloc québécois, Michel Guimond, a envoyé à tous les élus bloquistes le 30 mars dernier (donc tout de suite après les élections québécoises) un courriel pour les mettre en garde contre toute tentative de séduction de la part des conservateurs.
" J'ai appris qu'à la suite du résultat des élections de lundi, les conservateurs auraient entrepris une opération de sollicitation auprès des députés du Bloc québécois afin de joindre leur caucus. Si vous avez, ou si vous étiez approché, je compte sur votre collaboration pour me tenir informé de toute tentative du genre ", dit textuellement ce courriel, que La Presse a obtenu. M. Guimond n'a pas répondu à nos appels.
Des sources souverainistes soulignent que les députés bloquistes qui avaient voté contre le mariage gai il y a un an étaient en particulier ciblés. Au Bloc, on minimisait ces risques la semaine dernière.
Deux jours plus tard, Louise Thibault, députée bloquiste de Rimouski-Neigette-Témiscouata, y est allée d'une charge publique à l'endroit de son chef, Gilles Duceppe, et a claqué la porte du caucus.
Autre signe de fébrilité au Bloc, Caroline St-Hilaire, bloquiste de Longueuil, a claqué la porte du comité d'organisation électorale parce qu'on lui avait préféré Mario Laframboise pour remplacer Michel Gauthier, qui a accroché ses patins.
Dans un courriel à ses collègues, et que La Presse a obtenu, Mme St-Hilaire annonce qu'elle se retire du comité qui prépare les prochaines élections pour le Bloc, une gifle au chef Gilles Duceppe. " Je considère que le travail d'équipe implique le partage d'informations et une relation de confiance mutuelle, ce qui n'a aucunement été le cas dans la décision que j'ai apprise par voie de communiqué concernant la nomination de l'organisateur en chef du parti ", écrit la jeune députée.
Le choix de Pierre Paquet pour remplacer Michel Gauthier a vite fait passer le message que Gilles Duceppe avait choisi son dauphin advenant que lui-même tente sa chance au PQ. En dépit d'une apparente nonchalance, le député de Joliette est d'une redoutable efficacité, soutient-on au Bloc. On dit qu'il pourrait bien prendre la relève de Gilles Duceppe.


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