Télévision

Le téléthon du FLQ...

Crise d'octobre: comment Tout le monde en parlait

Crise d'Octobre '70 - 40e anniversaire

Deux émissions spéciales racontent les événements tragiques survenus il y a 40 ans, mais aussi la lutte menée pour le contrôle de l'information et les balbutiements d'une société du spectacle macabre.
Après avoir semé des bombes meurtrières, avant d'enlever un diplomate britannique et d'assassiner le vice-premier ministre du Québec, des leaders du Front de libération du Québec (FLQ) ont concocté une ambitieuse action de propagande baptisée Showtime, à l'anglaise.
Le projet financé par des vols de banque prévoyait le tournage d'un documentaire sur l'exploitation des ouvriers francophones au Québec par le jeune documentariste Pierre Harel, frère de la femme politique Louise Harel et futur rockeur du groupe
Offenbach. Une cellule devait ensuite kidnapper le lieutenant-gouverneur, prendre d'assaut la télévision de Radio-Canada et forcer la présentation du manifeste cinématographique en échange de la libération du représentant de Sa Majesté.
«On voulait prendre du matériel pour diffuser pendant 24 heures de temps, créer un immense téléthon», explique l'ex-felquiste Jacques Lanctôt, qui confie cette histoire pour la première fois, dans l'exceptionnelle émission spéciale de Tout le monde en parlait dont le premier volet est diffusé ce soir. La seconde partie suivra demain.
La proposition documentaire se divise en deux: d'abord L'Engrenage, puis Le Dénouement. L'ensemble permet de comprendre «une des pages les plus sombres de l'histoire du Canada», comme le dit le journaliste-animateur Guy Gendron en introduction.
Le travail exceptionnel (les journalistes des médias en ont vu les trois quarts hier) multiplie les révélations et les scoops historiques, par exemple autour de la chaîne des événements ayant mené à l'imposition de la Loi sur les mesures de guerre. Beaucoup des acteurs du drame y sont, dont Marc Lalonde, conseiller de Pierre Elliott Trudeau à l'époque, et Julien Giguère, qui dirigeait la section antiterroriste de Montréal.
En même temps, en montrant comment «tout le monde en parlait», le travail d'enquête met en évidence le rôle central joué par les médias dans ce drame. Les felquistes cherchaient les micros et les caméras pour relayer leur cause. Ils ont d'ailleurs exigé et obtenu la diffusion de leur fameux manifeste. Son lecteur à l'écran, Gaétan Montreuil, explique dans le documentaire qu'il a été touché par ces mots, lui-même venant du quartier pauvre de Saint-Henri.
La fine autopsie s'attarde à la couverture des événements comme au rapport de force entourant les médias. Il est question des sympathies felquistes présumées de certains reporters, mais aussi de la censure. On voit le jeune Bernard Derome avec Claude-Jean Devirieux diffuser pour la première fois en direct des studios radio-canadiens. C'est RDI en gestation, le début de l'information en continu...
Ce documentaire de chevet, franchement admirable, inaugure une alléchante série d'émissions spéciales de la société d'État pour ainsi faire oeuvre de mémoire. Bernard Derome présentera son propre travail de synthèse avec des acteurs-clés (dont Paul Rose, condamné pour son rôle dans l'assassinat de Pierre Laporte) le vendredi 1er octobre. Les lundi 4 et mardi 5 octobre, la Première Chaîne de la radio explorera cette période enténébrée de manière très originale en faisant témoigner les enfants de certains protagonistes.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->