Le Québec est-il une minorité?

Commission BT - le rapport «Fonder l’avenir - Le temps de la conciliation»


L’article de Guy Rocher, dans Le Devoir d’aujourd’hui, 12 juin 2008, a pour titre: [« Une majorité trop minoritaire ?»->13908] Il montre bien le malaise profond qui affecte le Québec et que le rapport Bouchard-Taylor ne fait qu’intensifier. Je cite Guy Rocher: « On ne peut qu’être frappé par l’insistance qu’ont mise les commissaires à parler de la majorité québécoise francophone comme d’une minorité. Il y a là une véritable constante qui traverse tout le rapport ».
Pour ma part, je comprends les commissaires. Tant que vous pensez le Québec dans le Canada, vous ne pouvez le penser que comme une minorité dans le Canada. La majorité québécoise est une minorité dans le Canada. C’est ainsi que le Canada perçoit le Québec, que les immigrants perçoivent le Québec, et il faut reconnaître que dans les faits, la majorité francophone est réduite au statut d’une minorité dans le Canada, et il en sera ainsi tant que le Québec fera partie du Canada.
Les pays comme la Suède ou la Norvège ont à peu près la même population que le Québec. Ils ont des minorités. Ils ne sont pas perçus comme des minorités en Europe. Ils ne se demandent pas s’ils sont majoritaires ou minoritaires.
Guy Rocher affirme que dans le Rapport Bouchard-Taylor, «La majorité québécoise francophone est représentée comme une minorité», et il renvoie le lecteur à de nombreuses pages.
Le Rapport Bouchard-Taylor me confirme dans ma conviction que tant que le Québec sera dans le Canada, il sera traité comme une minorité, et par le Canada, et par les immigrants, et la majorité québécoise francophone elle-même aura des réflexes de minoritaires, une mentalité de minoritaires, comme nos deux commissaires. Nous serons des minoritaires de fait, avec tout ce que cela comporte de complexes d’infériorité, de manque de confiance en nous-mêmes, de refus de nous-mêmes.
Nos hommes politiques sont-ils conscients de la situation? Auront-ils le courage de poser les gestes qui s’imposent? Rien n’est moins probable. D’ailleurs, la Commission Bouchard-Taylor n’est elle-même qu’une vaste opération de diversion. C’est bien connu. Quand un gouvernement ne veut pas se compromettre, il nomme une commission...
Paul-Émile Roy


Laissez un commentaire



2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    14 juin 2008

    « On ne peut qu’être frappé par l’insistance qu’ont mise les commissaires à parler de la majorité québécoise francophone comme d’une minorité. Il y a là une véritable constante qui traverse tout le rapport »
    Parce-que les commissaires ne pensent plus que comme des Montréalais. Ce semble pareil pour M. Richer.
    Les Québécois francophones sont effectivement une minorité à Montréal et c'est là que 98% des immigrants se retrouvent.
    Si ces Québécois francophones de Montréal étaient liés par un réseau économique bien identifié avec les Québécois francophones des régions, alors ils redeviendraient une majorité et un rapport de force plus puissant que celui de la minorité anglophone de Montréal liée au ROC.

  • Jacques Bergeron Répondre

    13 juin 2008

    Paul-Émile Roy vient encore une fois de démontrer ce qui est «vérité»;à savoir:que le Québec et son peuple sont une minorité dans le Canada, et qu'il en sera toujours ainsi tant et aussi longtemps que cet «État» ne sera pas sorti du giron canadien.On peut s'offusquer de ce propos ou décider de se donner le pays que nous nous sommes fait voler il y aura bientôt «13» ans. Mais Paul-Émile Roy a toute de même raison de dire que nous sommes un peuple minoritaire en Canada, et encore plus en Amérique du nord,terre «anglo-saxonne» dont nous représentons tout au plus, «2,5%» de sa population.Est-ce que ce propos permettra à notre peuple et à nos «Politiques» indépendantistes de réagir? Rien n'est moins certain,même si l'auteur suggère que l'indépendance est le seul moyen de devenir un peuple majoritaire quelque part, dans un «espace gégoraphique» sur cette terre que nous habitons.