Le Québec encore infantilisé par les transferts fédéraux en santé

Chronique de Gilbert Paquette


Après la disparition du registre des armes à feu et les lois punitives en justice où leur gouvernement s’est humilié à Ottawa sans résultat, les Québécoises et Québécois viennent encore une fois de se faire imposer une décision unilatérale du gouvernement fédéral qui leur enlève la capacité de choisir comment utiliser les impôts qu’ils envoient au gouvernement canadien. Ces mesures ont une cause commune, notre annexion au gouvernement d’une autre nation.
Le gouvernement fédéral vient de décider unilatéralement qu'à partir de 2017, alors que son déficit sera résorbé d'après ses propres prévisions, il réduira l'augmentation du transfert canadien en santé au Québec. Le transfert fédéral au Québec a pour source un déséquilibre fiscal : le fédéral perçoit trop de revenu en regard de ses dépenses, pour ensuite retourner au Québec, une partie des taxes et impôts qu'il y a perçu.
Mais la cause plus profonde tient à la subordination de l’État du Québec à l’État canadien. Le Québec participe à un jeu où il ne peut être que perdant. Nous envoyons au gouvernement d’une autre nation la moitié de nos ressources budgétaires, mais celui-ci décide de ce qu'il va en faire selon ses priorités.
Le gouvernement de M. Harper peut décider de dépenser dans des domaines non prioritaires pour le Québec, ou dans les champs de compétence du Québec qu'il choisit, ou même carrément créer des dépenses qui doublent ou contredisent celles du Québec.
Cette dépendance budgétaire nous est imposée unilatéralement par la constitution canadienne (à laquelle nous n’avons pas adhéré), privant le gouvernement du Québec de ses capacités d'agir collectif. Il y a pourtant une solution pour en sortir: garder nos taxes et impôts chez nous et décider nous-mêmes quelle part de nos dépenses nous affecterons à la santé, à l'éducation et aux autres responsabilités de l'État québécois.
Cela s’appelle l’indépendance du Québec qui nous permettra de faire nos propres choix en fonction de nos besoins réels, et ce projet bénéficie toujours d’un appui considérable (43% selon le plus récent sondage de Léger marketing avec une question dure, sans référence à un partenariat). Rien d’étonnant quand on constate l’arrogance du gouvernement canadien qui ignore le Québec, qui bafoue notre langue et qui nous impose des décisions qui vont à l’encontre de nos choix collectifs.
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Gilbert Paquette
L’auteur est président des Intellectuels pour la souveraineté (IPSO) et porte-parole de Cap sur l’indépendance, organisme qui regroupe 23 organisations indépendantistes

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Ex-ministre du Parti Québécois
_ Président des Intellectuels pour la souveraineté (IPSO)

Gilbert Paquette est un chercheur au Centre interuniversitaire de recherche sur le téléapprentissage (CIRTA-LICEF), qu’il a fondé en 1992. Élu député de Rosemont à l’Assemblée nationale du Québec le 15 novembre 1976, réélu en 1981, Gilbert Paquette a occupé les fonctions de ministre de la Science et de la Technologie du Québec dans le gouvernement de René Lévesque. Il démissionne de son poste en compagnie de six autres ministres, le 26 novembre 1984, pour protester contre la stratégie du « beau risque » proposée par le premier ministre. Il quitte le caucus péquiste et complète son mandat comme député indépendant. Le 18 août 2005, Gilbert Paquette se porte candidat à la direction du Parti québécois. Il abandonne la course le 10 novembre, quelques jours à peine avant le vote et demande à ses partisans d’appuyer Pauline Marois. Il est actuellement président du Conseil d’administration des intellectuels pour la souveraineté (IPSO).





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