Les Conservateurs, maîtres chez nous!

Non seulement nous ne sommes pas maîtres chez nous mais on nous impose des lois qui vont à l’encontre de nos valeurs.

Chronique de Gilbert Paquette

Cette semaine, deux ministres du gouvernement québécois – dûment élus par les électeurs québécois – se sont rendus à Ottawa pour quémander des mesures correspondant à nos valeurs – comme s’ils étaient l’Opposition officielle à Ottawa plutôt que représentants de notre gouvernement national. Ils se sont fait rabrouer. Couché ! Bon chien ! Oh, on va bien plastronner pour montrer qu’on se laissera pas faire, mais on sait bien qui mène. À l’avenir on verra de plus en plus de membres du gouvernement subalterne, notre gouvernement national, tenter d’obtenir des miettes du régime fédéral.
Où est donc rendu le Québec pour que deux de ses ministres se rendent ainsi à Ottawa se mettre à genoux devant le gouvernement fédéral, tout en avouant qu’ils n’ont aucun espoir de succès ? Comment en sommes-nous rendus à nous laisser humilier ainsi sans réagir ? Sommes-nous si impuissants !
Le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil s’est rendu à Ottawa pour tenter de récupérer les données du registre d’armes à feu du Québec que les Québécois ont payées et qu’Ottawa veut détruire. C’est un vol qualifié mais légal grâce à la loi constitutionnelle de 1982 imposée au Québec. Et le ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, s’est fait rabrouer par un sénateur non élu qui dénonce l’approche de réhabilitation du Québec et prétend que le Québec est « soft on crime ». Belle attitude d’un collabo qui dénigre le Québec ! Ce n’est pas de ses affaires !
Ces deux pèlerinages, humiliants pour eux comme pour l’ensemble des Québécois, font la démonstration que le Québec se fait dorénavant imposer une culture répressive à l’égard des jeunes contrevenants et permissive à l’égard de détenteurs d’armes. Le Québec se fait aussi imposer une culture du militarisme, de la monarchie et de l’unilinguisme anglophone. Le Québec se voit aussi privé de 50 milliards $ qu’il envoie chaque année à Ottawa pour financer sa propre dépendance plutôt que son développement.
***
Ce n’est pas à un gouvernement non élu par les Québécois de décider de nos orientations en matière de justice comme ailleurs. Dans un Québec indépendant, le Québec conservera et mettrait à jour le registre des armes à feu et le mettra à la disposition des services policiers pour protéger la population. Dans un Québec indépendant, des programmes de réhabilitation seraient maintenus pour aider les jeunes plutôt que de les envoyer en prison, comme veut le faire le gouvernement conservateur.
Non seulement nous ne sommes pas maîtres chez nous mais on nous impose des lois qui vont à l’encontre de nos valeurs. Les Québécois doivent cesser au plus tôt de se faire ainsi humilier et se donner les moyens, le plus rapidement possible, de faire toutes nos lois, de gérer nous-mêmes tous nos impôts selon nos besoins et de faire nos propres relations internationales.
Au début de la semaine, l’Assemblée Nationale dénonçait unanimement, pour la troisième fois la constitution de 1982. Elle réaffirmait que le Québec « n’a jamais adhéré à cette loi qui a eu pour effet de diminuer les pouvoirs et les droits du Québec sans son consentement ». C’est un coup d’épée dans l’eau qui ne change rien à la réalité car cette constitution qui donne des pouvoirs sur nous au gouvernement canadien s’applique par défaut, tant qu’elle ne sera pas remplacée.
Rien n'est plus urgent que d'élire à notre Assemblée Nationale des députés qui s’engagent à mettre en place, au lendemain de l’élection, une démarche collective du peuple québécois souverain visant à rejeter la constitution de 1982 et nous donner notre propre constitution, sans ingérence extérieure, permettant au peuple québécois de gérer ses affaires lui-même, notamment en matière de justice. C’est la seule conséquence logique du vote contre la loi de 1982.

Squared

Gilbert Paquette68 articles

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Ex-ministre du Parti Québécois
_ Président des Intellectuels pour la souveraineté (IPSO)

Gilbert Paquette est un chercheur au Centre interuniversitaire de recherche sur le téléapprentissage (CIRTA-LICEF), qu’il a fondé en 1992. Élu député de Rosemont à l’Assemblée nationale du Québec le 15 novembre 1976, réélu en 1981, Gilbert Paquette a occupé les fonctions de ministre de la Science et de la Technologie du Québec dans le gouvernement de René Lévesque. Il démissionne de son poste en compagnie de six autres ministres, le 26 novembre 1984, pour protester contre la stratégie du « beau risque » proposée par le premier ministre. Il quitte le caucus péquiste et complète son mandat comme député indépendant. Le 18 août 2005, Gilbert Paquette se porte candidat à la direction du Parti québécois. Il abandonne la course le 10 novembre, quelques jours à peine avant le vote et demande à ses partisans d’appuyer Pauline Marois. Il est actuellement président du Conseil d’administration des intellectuels pour la souveraineté (IPSO).





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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    22 novembre 2011

    La constitution coloniale rapatriée en 1982 par Trudeau s'applique par défaut sur notre territoire national. C'est elle qui dicte toutes les règles du jeu et qui fait en sorte que le pouvoir est la couronne.Dans ce sens que tous les gouvernements élus sont des gouvernements collabos puisqu'ils tirent leur autorité de règles établis par les autres.C'est cela la gouvernance provinciale!
    Deux rédérendums se sont tenus l'un en 1980 et l'autre en 1995.Le but était de sortir du canada.
    La prochaine question référendaire devrait demander deux choses:
    1)Invalider la constitution canadienne sur notre territoire national.(On n'a pas à quitter le Canada puis qu'on y est chez-nous ici)
    2)Adopter notre constitution québécoise qui remplace l'autorité de la couronne par l'autorité du peuple qui exerce sa pleine souveraineté sur son territoire national.
    La conséquence sera que c'est le Canada qui devra se retirer du Québec puis qu'il n'en aura plus aucune légitimité.
    L'Assemblée nationale pourra alors proclammer un nouvel état de droit qui fera du peuple du Québec le seul souverain légitime et légal.

  • Archives de Vigile Répondre

    19 novembre 2011

    Très respectueusement, je relève ceci :
    "il faudrait qu’un gouvernement souverainiste cherche à invalider la constitution canadienne de 1982"
    Ça commence à être loin ce conditionnel, tout frileux, tout piteux, cherchant à invalider et tournant en rond... Bon Dieu! C'est l'échine de l'indicatif présent qu'il "faudrait". Autrement, on trempe dans le dégelé, réchauffé, rebrassé. Donnons-nous notre constitution propre. La seule qui nous convienne exclusivement.
    Le temps n'est plus à quémander ce qui est à nous. C'est ce placotage là qui doit cesser. Aujourd'hui, ayons le bon courage, celui de nous taire et faisons notre lit. Alors, à propos de cette constitution(?) qu'on "aurait" pour projet de "chercher à invalider", on pourra dire : Harper, ramasse tes cochonneries qui traînent dans ma cour : après tout, y a plus rien à moi qui traîne chez toi!
    Pour ce qui est de la pléthore de partis souverainistes ou indépendantistes, profitons de notre récent silence pour regarder autour : il y en a moins qu'il ne semble. Le vote souverainiste ne sera pas partagé. Il saura trouver sa place si on finit par lui faire un coin.
    André Tanguay

  • Laurent Desbois Répondre

    19 novembre 2011

    C’est le Canada qui est dangereux!
    Harper dirige des fanatiques et des bandits!!!!
    La seule solution, c’est l'indépendance!!!!
    Le Québec est dans un désert!!!
    Où sont le PLC et le NDP???
    Quand j’écoute ces Layton (Turmel) ou Mulcair (Saganash), j’ai l’impression d’entendre PET…. un demi-siècle plus tard ! « Un non, c’est un oui….. ». Soyons clair ! Le NDP est un parti ultra centralisateur et fédéraliste!!!

  • Archives de Vigile Répondre

    19 novembre 2011

    C'est la souveraineté du peuple qui doit fonder et réaliser la souveraineté de l'état québécois pas son contraire. J'ai mis trois ans à changer ma façon de penser étant tellement encroûté dans mes vieux réflexes de souverainistes.On avance monsieur Paquette!
    La démarche de Luc Archambault est directement inspirée de l'esprit de la grande assemblée des six comtés de novembre 1837. C'est un démarche foncièrement républicaine dont le peuple est le principal artisan.
    Nous avons toujours pensé que la souveraineté du Québec donc de son état entraînait la souveraineté du peuple; c'est tout le contraire! Cette démarche part du haut pour aller vers le bas. C'est le bas qui doit monter vers le haut! C'est le peuple québécois qui doit se situer en haut de la pyramide de l'autorité.
    Nous vivons dans un état imposé par le haut (autoproclammé) et sous une constitution qui s'applique par défaut sur notre sol national. Tous les gouvernements depuis ne sont pas autre chose que des gouvernements collabos puis qu'ils le sont selon des règles sur lesquelles, nous n'avons aucun pouvoir réel.
    La démarche de Luc Archambault est d'appelé le peuple à trancher, à décider.Le peuple québécois sera pour la première fois de son histoire,convier 1) À invalider l'ancien état de droit sur son territoire national.2)À adopter le nouvel état qui convient désormais à ses valeurs et qui respectent son identité, sa langue et sa culture.
    « ... il n'y a d'autorité légitime que celle qui a le consentement
    de la majorité de la nation ; de constitutions sages et bienfaisantes
    que celles sur l'adoption desquelles les intéressés ont été consultés
    et auxquelles les majorités ont donné leur libre acquiescement. »
    Louis-Joseph Papineau

  • Antoine Dubé Répondre

    18 novembre 2011

    Félicitations M.Paquette pour vos propos qui comme toujours sont pertinents et percutants.
    Je suis entièrement d'accord avec vous et Luc Archambault, il faudrait qu'un gouvernement souverainiste cherche à invalider la constitution canadienne de 1982 mais pour cela il faut élire une majorité de députés souverainistes. Ce n'est pas simple car nous avons actuellement quatre partis souverainistes ou indépendantistes qui veulent se partager nos votes et on ne voit pas poindre de volonté d'entente stratégique entre les partis à l'horizon.
    En attendant, vous faites œuvre utile en nous donnant des arguments clairs en faveur de l’indépendance du Québec.
    En passant 2000 fois bravo pour la marche pour l’indépendance du 29 octobre dernier.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 novembre 2011

    Y a quelque chose dans tes propos qui ressemble au programme d'Option Nationale (le fameux LIT) et à celui de QS (la constituante citoyenne) mais je n'y vois rien qui ressemble au programme du PQMarois.
    Est-ce que je me trompe?
    D'autre part, pourquoi ne pas préparer ce projet de loi constitutionnel tout de suite et s'en servir comme plate-forme électorale?
    Et que fera Cap sur l'indépendance lors des prochaines élections?
    Pierre Cloutier

  • Archives de Vigile Répondre

    18 novembre 2011


    Encore une fois, les Québécois sont à même de constater qu'ils sont Québécois dans la mesure où le Canada le veut bien. En d'autres termes, les lois d'Ottawa qui encadrent la «fédération» et le Québec auront beau être les meilleures lois au monde (ou les pires), elles ne seront jamais que canadian. Comme la loi fondamentale qu'est la constitution canadian qui a été préparée en l'absence du Québec, rappelons-le nous, par le libéral Jean Chrétien et le néo-démocrate Roy Romanov, dans la famewse Nuit des longs couteaux.
    Par les temps qui courent, c'est encore plus évident avec les députés NDP élus au Québec, qui représentent Ottawa au Québec et non pas les Québécois, comme au temps d'Elliott-Trudeau. Le NDP ne vient-il pas de clamer publiquement que le Québec est «une province comme les autres» et qu'il n'y a pas lieu qu'il en soit autrement.