GOUVERNEMENT COUILLARD

Le premier couac

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Ce n'est pas un gouvernement, c'est une volée de canards. Bouchez-vous les oreilles, le pire s'en vient

L’Assemblée nationale s’est dépêchée de suspendre ses travaux pour une pause estivale après seulement quatre semaines de travail. Quatre semaines, c’est bien bref pour porter un jugement sur le gouvernement de Philippe Couillard qui est encore en train de s’installer au pouvoir, mais déjà on peut voir ses forces et ses faiblesses et les écueils qui l’attendent.
Il est de tradition de laisser à un nouveau gouvernement une période de grâce que l’opposition lui accordera d’autant plus aisément qu’au lendemain d’une élection, elle est à panser ses blessures. C’est la période pendant laquelle le mantra ministériel, « c’est la faute au précédent gouvernement », reviendra chaque fois qu’il faut annoncer des décisions difficiles ou qu’un ministre affronte une crise.

Ce réflexe d’accuser le gouvernement précédent est celui qu’a eu la ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, en apprenant la triple évasion d’Orsainville. Or le problème était dans son propre ministère, dont il est apparu très vite qu’elle n’avait pas le contrôle. De reproches en accusations non fondées contre Pierre, Jean et Jacques, elle a en moins d’une semaine perdu toute crédibilité.

Ministre importante du gouvernement, elle est même théoriquement le no 2 de par son titre de vice-première ministre, elle a entaché la crédibilité de son gouvernement par son absence de jugement. C’est le premier couac du gouvernement. Certes seulement un couac, mais il a résonné très fort. C’est dans l’action que les gens se révèlent. Même s’il l’a défendue avec force, le premier ministre Couillard sait maintenant qu’elle est le maillon faible de son cabinet. Le temps dira s’il y en a d’autres.

Cette affaire d’évasion aura été un révélateur de l’état du gouvernement, qui n’est pas encore en plein contrôle de la machine gouvernementale. Au ministère de la Sécurité publique règne une confusion entre ses différentes composantes dont on sait que l’une au moins, soit la Sûreté du Québec, est dans la mire libérale depuis avant les élections. De hauts fonctionnaires ont été remplacés dans nombre de ministères et organismes, ce qui est un facteur d’instabilité. Des ministres ont pour cette raison été amenés à jouer de prudence en repoussant certaines décisions, dont le projet de SLR sur le pont Champlain.

À sa décharge, le Parti libéral de Philippe Couillard n’a jamais prétendu, comme l’avait fait Jean Charest avant d’être élu, qu’il était fin prêt à gouverner. Au contraire, il cherche à se donner du temps, d’où l’idée de confier à deux commissions le mandat de s’attaquer à la révision des programmes gouvernementaux et à la fiscalité. Le premier ministre ne cache pas son souci pédagogique, l’exercice devant contribuer à faire accepter aux Québécois les réformes qu’il veut engager afin d’arriver à l’équilibre des finances publiques.

L’exercice qu’engage le gouvernement se veut un dialogue dont on ne sait pas jusqu’à quel point il sera libre et ouvert. La ministre de la Culture, Hélène David, invitait dans nos pages vendredi les groupes culturels à venir défendre devant ces deux commissions leur financement. Les écoutera-t-on, eux comme tous les autres groupes sociaux et communautaires dont le financement est à risque ?

Le projet de loi no 3 sur les régimes de retraite des employés municipaux déposé jeudi n’a rien de rassurant quant à l’ouverture réelle au dialogue. Dans l’esprit du gouvernement, l’acceptabilité sociale que l’on veut développer autour des compressions à venir ne présuppose pas qu’il doive y avoir consensus. Les syndicats d’employés municipaux peuvent témoigner qu’il en est ainsi. Il faudra à Philippe Couillard un bon sens politique pour prendre la juste mesure des résistances et les vaincre.


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