XVIe congrès

Le PQ risque de se déchirer sur les droits de scolarité

La CAQ de François Legault prendra position en début de semaine

PQ - XVIe congrès avril 2011



Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir

Québec — La hausse et l'indexation des droits de scolarité à l'université s'annoncent comme des questions aussi chaudes, sinon plus, que la souveraineté lors du congrès du Parti québécois, qui se tiendra la fin de semaine prochaine à Montréal. Et l'ex-ministre François Legault viendra mettre du piquant dans ce débat demain ou mercredi en présentant la position de sa Coalition pour l'avenir du Québec (CAQ) en matière d'éducation, laquelle comprendra un plaidoyer pour une contribution supplémentaire de la part des étudiants universitaires.
Au PQ, les députés Nicolas Marceau (Rousseau), Marie Malavoy (Taillon) et Sylvain Simard (Richelieu), notamment, voudraient aller dans le même sens que leur ancien collègue. Selon plusieurs sources, ils plaident pour une indexation, voire une hausse des droits de scolarité. «Notre position, c'est que nous sommes favorables à l'indexation, nous croyons que l'indexation au rythme de l'inflation, c'est raisonnable», a déclaré M. Marceau à la mi-mars, à RDI et à TVA. Le lendemain, il était désavoué par la haute direction du parti, qui a soutenu que c'était là une position personnelle du député. Plusieurs se sont alors souvenus qu'au moment de prendre les rênes du PQ, en 2007, Pauline Marois elle-même s'était dite favorable à une hausse des droits de scolarité, à condition que cela ne conduise pas à un désengagement de l'État dans le financement des universités.
Par conséquent, le Comité national des jeunes (CNJ) craint que le PQ ne s'engage finalement dans le sens d'une indexation ou d'une hausse, à son XVIe congrès. La présidente du CNJ, Christine Normandin, ainsi qu'un groupe de jeunes signent d'ailleurs aujourd'hui dans nos pages une lettre ouverte dans laquelle ils déplorent le fait que le débat sur le financement des universités se réduise trop souvent aux droits de scolarité. À leurs yeux, il y aurait d'autres façons de financer les universités qu'en allant puiser dans les poches des étudiants, mesure qui, soutiennent-ils, «entraîne automatiquement une hausse de l'endettement». Le CNJ croit qu'il faut remettre en question la notion de «sous-financement» des universités, surtout lorsqu'on prend connaissance de «bavures administratives [dans les universités], que ce soit des questions de parachutes dorés, de bonis ou d'investissements douteux dans des éléphants blancs immobiliers».
Au point 6.2 de la proposition principale (brouillon de programme que le PQ adoptera en fin de semaine après débats), il est inscrit qu'un gouvernement péquiste «assurera l'accessibilité en maintenant un régime de réglementation des droits de scolarité uniformes parmi les programmes et les institutions». Ce gouvernement mettrait aussi en place «une politique de contribution étudiante [droits de scolarité et autres frais afférents] qui préserve l'accessibilité économique, l'accessibilité régionale et la capacité de payer des étudiants». Mais ces libellés pourraient évoluer au fil des débats de la fin de semaine, auxquels quelque 1700 militants participeront.
Le CNJ voudrait-il carrément revenir à une politique du «gel», comme celle que le PQ a défendue sous André Boisclair? En entrevue, vendredi, Christine Normandin a nuancé: «Le gel, en tant que tel, ce n'est pas une mesure.» Elle soutient que les jeunes péquistes ne prônent plus le gel «ad vitam aeternam». Mais ils ne se disent pas pour autant favorables à un «dégel». Aussi, dans leur lettre, lorsqu'ils écrivent «il est du devoir du gouvernement du Québec de n'écarter aucun moyen pour en assurer le financement», il ne faut pas y voir une ouverture à une hausse des droits de scolarité, soutient Mme Normandin. Selon une position adoptée en octobre 2010, les jeunes péquistes réclament un «gel» temporaire, en attendant le sommet sur l'éducation, lequel devrait se tenir dans la première année d'un éventuel mandat péquiste. Lors de ce sommet, différentes avenues de financement seraient mises au jour, espèrent-ils.
Débat inévitable
Un débat sur l'indexation des droits de scolarité s'avère toutefois inévitable au congrès péquiste. Des résolutions ont été adoptées dans certaines associations de comté proposant une indexation selon l'inflation, mais «à partir de l'année 2007». Autrement dit, toutes les hausses annoncées par les libéraux seraient annulées. Il faudrait attendre 2023 avant d'atteindre le niveau des droits de scolarité prévu actuellement en 2012 après les hausses libérales. La CNJ se méfie de la notion d'indexation «à partir» de 2007: «Ce n'est pas nécessairement mauvais, mais il faut que ça implique une indexation de l'aide financière aux études», note Christine Normandin.
Quant à François Legault et sa CAQ, ils se rangeront résolument dans le camp des «pro-hausse». Dans le texte fondateur, la CAQ soutenait que le sous-financement des universités «ne pourra être réglé que par un apport de fonds supplémentaire, réparti de manière équitable entre l'État et les étudiants». Il y a deux semaines, la CAQ embauchait l'ancien leader étudiant Patrick Lebel comme organisateur. Cet ex-président du Conseil permanent de la Jeunesse (nommé par M. Legault) avait signé en 2010, avec Lucien Bouchard entre autres, un manifeste pour un «pacte pour le financement concurrentiel de nos universités», lequel proposait entre autres un «déplafonnement» et une hausse des droits de scolarité.


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