Le mauvais pli du débat sur la laïcité

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Les Québécois ne veulent pas la laïcité républicaine française, ils refusent tout simplement l'islamisation du Québec !

Le gouvernement Legault déposera vraisemblablement en mars prochain un projet de loi visant à affirmer la laïcité au Québec. Le choix du moment est opportun, à la veille d’une élection canadienne où les partis fédéraux auront à se prononcer.


Leila Bensalem et Bouchera Chelbi ont croisé hier le fer à Tout le monde en parle au sujet de la proposition du gouvernement. Les deux femmes sont enseignantes à la Commission scolaire de Montréal (CSDM).


Les deux intervenantes ont abordé le problème sous de multiples facettes, mais la couverture de cet échange a révélé une mauvaise habitude, récurrente dans toutes ces discussions, celle de transformer et de ramener l’enjeu de la laïcité en débat portant essentiellement sur le voile, ou, plutôt, sur sa signification.


Cette tendance est partagée tant par les partisans que par les adversaires de la proposition gouvernementale. Les premiers vous diront qu’il est un symbole d’asservissement de la femme ; les seconds affirmeront que son port est librement consenti.


C’est un débat légitime, mais qui passe à côté de la question de la laïcité. Celle-ci cherche plutôt à tracer la ligne quant à la place des religions (et des signes qui les expriment) dans la société.


La laïcité implique essentiellement que les institutions politiques ne sont pas un lieu pour discuter de religion, car cette question ne saurait être débattue avec des arguments faisant appel à la raison, contrairement à des enjeux comme le salaire minimum ou la protection de l’environnement. On ne peut trancher dans un parlement de l'existence de Dieu ou de l'identité du Dieu à honorer. C’est pour cette raison qu’on retire cette question du débat public et qu’on laisse chaque individu la liberté de croire ou de ne pas croire.


Par conséquent, il est erroné de faire de la laïcité un débat théologique de l’interprétation du voile alors qu’elle vise précisément à séparer le théologique de la discussion politique. Si, comme l’affirmait madame Bensalem, « la religion n’a rien à voir avec la sphère publique », alors il faut éviter d’introduire la première dans la seconde quand on veut les séparer.


Qui plus est, ne parler constamment que d’un seul symbole, en bien ou en mal, donne l’impression que la question de la laïcité n’est liée qu’à un seul signe et à une seule communauté religieuse alors qu’il s’agit d’une question de fond.


Nous serions tous gagnants si nous tenions ce débat avec la hauteur de vue qui s’impose plutôt que de cantonner la discussion sur le principe de la laïcité à la seule question de la nature du voile.



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Simon-Pierre Savard-Tremblay, docteur en socio-économie du développement.


Pour me contacter : simonpierre.savardtremblay@ehess.fr


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Simon-Pierre Savard-Tremblay est sociologue de formation et enseigne dans cette discipline à l'Université Laval. Blogueur au Journal de Montréal et chroniqueur au journal La Vie agricole, à Radio VM et à CIBL, il est aussi président de Génération nationale, un organisme de réflexion sur l'État-nation. Il est l'auteur de Le souverainisme de province (Boréal, 2014) et de L'État succursale. La démission politique du Québec (VLB Éditeur, 2016).