Le projet de société des libéraux

Le ghetto de l'ignorance

Tribune libre

Depuis 1995, le gouvernement du Québec façonne le ghetto québécois de l’ignorance. Le ghetto de l’ignorance nationale est un projet de longue haleine de marginalisation des Québécois qui s’enracine dans la privation d’une éducation publique saine et normale.

• La privation de l'enseignement de notre histoire nationale et de notre géographie territoriale provoque la perte identitaire depuis 1972. Sans racines, les individus sont comme des feuilles au vent.

• Depuis les années 80, l'éclatement des familles a engendré la perte du savoir-faire parental et provoqué des troubles de l’attachement en raison de l’instabilité des couples et des familles. La pauvreté, l'instabilité, la déficience relationnelle sont visibles depuis longtemps. Le gouvernement choisit d'abandonner les Québécois à leur sort.

• Vers 1992, la laïcisation de l'éducation publique qui devait permettre l'introduction de la formation en citoyenneté a laissé un vide béant. Après l'abandon de catéchisme, les valeurs enseignées à l'école ont disparu. Plus de ciment social... Mais dans une monarchie électorale, moins les gens sont informés, plus le gouvernement a les coudées franches pour détourner le trésor public de la survivance des Québécois. Pourquoi éduquer les enfants et pourquoi dévoiler l’iniquité de la constitution canadienne pour les colons du Québec? La réponse est simple, la constitution canadienne garantit des droits seigneuriaux aux élus.

• À partir de 1997, la réforme Marois en éducation introduite contre l'avis des facultés universitaires, sans matériel pédagogique pour accompagner les maîtres sans préparation est un acte suicidaire. À cela s’ajoutent les coupes budgétaires qu’on égraine comme un chapelet. Si son projet n'était pas de détruire le Québec, elle a quand même réussi.

• La prochaine étape pour asservir complètement les Québécois à l’insignifiance est l’abolition des établissements d’enseignement collégial.

• L'immigration change les rapports de force dans les cours d'école où les petits Québécois déjà brisés par le manque de soins et de sécurité se laissent facilement dominer et s'adaptent aux nouveaux venus plutôt que le contraire.

• L’intégration des immigrants aux écoles d’anglicisation où le ratio enseignants-élèves est de 1 pour 6 à 8. Dans une classe normale, c’est 1 pour 30 et 69 % des enfants ont des difficultés d’intégration.

• La Télé-Québec brille par son absence comme outil de développement du sentiment d’appartenance territoriale, social et culturel.

• Les médias traditionnels contribuent au sous-développement québécois par la désinformation.

• La méconnaissance de la constitution canadienne et du régime de monarchie électorale qui « organisent » l’État, font que les Québécois vivent au Québec et au Canada comme des touristes. Le malheur, c’est le cas de l’immense majorité. La constitution canadienne dite « l’acte de la honte » est le premier tabou du gouvernement secret qui gère le territoire et le bien public en toute opacité et qui le détourne en toute impunité.

Depuis l’entrée en vigueur de la constitution canadienne avec la complicité de l’élite québécoise, le petit peuple a de moins en moins d’emprise sur son présent et sur devenir. Les partis politiques font de belles promesses, mais une fois au pouvoir, les colons que nous sommes mesurent la vacuité de leurs discours.

Après avoir provoqué l’effritement moral et identitaire, le gouvernement investit maintenant dans la psychiatrisation sociale et collective des Québécois. En 2016, l’illettrisme atteint 53 % et le ratio d’élèves présentant des troubles d’adaptation représente 69 % des élèves par classe. Le symbole du mouton convient de mieux en mieux à notre peuple émasculé dès le berceau par la perte des savoir-faire parentaux et est maintenu dans l’illettrisme dans un système d’éducation sous-financé, sans ancrage historique et géographique.

Est-il trop tard pour penser devenir une nation parmi les autres nations? Pour que les colons que nous sommes accèdent au statut de citoyen, il devient de plus en plus évident que le petit peuple doit livrer bataille en son nom propre pour affirmer sa souveraineté sur l’État et sur le territoire du Québec. Il faut sortir de la « naïveté volontaire » et cesser de penser que les partis politiques apporteront quelques soulagements que se soient à notre collectivité. Le régime de monarchie électorale ne permet pas à un jeune parti politique de se faire élire. Tous les partis politiques doivent se compromettre avec leurs commanditaires pour espérer prendre le pouvoir. Il faut comprendre qu’une fois qu’ils ont accédé au pouvoir, ils sont déjà corrompus.

Le changement social que nous espérons ne peut provenir que de la volonté du peuple à affirmer sa souveraineté sur son territoire et sur son État. Les partis politiques dans le régime de monarchie électorale sont un leurre pour faire croire à la démocratie. Une fois élus, les politiciens trahissent le peuple. Il faut cesser de placer nos espoirs dans un panier de crabes. Le seul recours du peuple pour réformer ses institutions est le pouvoir constituant. Le pouvoir constituant permet de regrouper les individus sur l’ensemble du territoire, plutôt que par comté. Au moins 30 % de la population est en faveur d’une réforme du régime politique qui sévit au Québec et c’est entre leurs mains que notre avenir repose maintenant.

Record du nombre d’élèves en difficulté dans les classes régulières
http://www.journaldemontreal.com/2016/01/25/les-profs-ont-la-vie-difficile


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7 commentaires

  • Robert J. Lachance Répondre

    31 janvier 2016

    À Marcel Haché,
    « …il n’y a pas le début d’un commencement d’un quelconque désir du peuple québécois de « se reprendre en main ». Oublions cela ! »
    Pour écrire cela, vous n’étiez pas au Congrès d’Option nationale au 3880 du Vachon à l’Université Laval les 30 et 31 janvier, en Congrès national.
    Pour tout dire sans rien dire, j’ai bien aimé ce que j’ai vu. Si vous voulez des noms, des propositions adoptées, d’autres rejetées, y’a qu’à demander !
    À part ça, il faudrait s’entendre sur ce que vous voulez dire par « peuple québécois » : national ou plurinational ?
    « Oh que vous avez raison et que le Québec pourrait certes devenir une société plurinationale comme la Bolivie par exemple qui reconnaît ses peuples autochtones dans son Assemblée législative plurinationale. Avec respect, on peut effectivement redéfinir la nation et inclure le concept de plurinationalité et, pourquoi pas, de pluralisme juridique, comme on le voit dans bien des pays du monde.
    Ça n'enlève rien au français comme langue commune nationale mais reconnaît au moins aux premiers peuples du Québec leur droit inaliénable à leurs identités, leurs cultures et leurs territoires. Si on est de bonne foi, on peut s'entendre et nous réconcilier en tant qu'héritiers de notre histoire commune. http://www.ledevoir.com/politique/quebec/360778/lisee-sent-un-interet-de-la-part-des-anglophones#580026, Inscrit, 5 octobre 2012»

  • Marcel Haché Répondre

    30 janvier 2016

    L’électorat se contre-crisse du projet de société des libéraux aussi bien que celui des indépendantistes. À l’horizon, il n’y a pas le début d’un commencement d’un quelconque désir du peuple québécois de « se reprendre en main ». Oublions cela !
    Espérer que la Nation « se reprenne en main », qu’une sorte de ferveur aussi soudaine que nouvelle, québécoise plutôt que canadienne, espérer que l’électorat s’enflamme soudainement pour l’Indépendance, je le souhaite aussi. Mais cela relève du souhait.
    Faut-il alors que nous renoncions ? Ben non. Pourquoi renoncer d’ailleurs ? Parce que la nation elle-même sous-estime largement le danger que lui font courir les rouges inféodés au West Island ? Évidemment non. L’Indépendance s’en trouve justement plus nécessaire encore.
    Mais s’il est vrai que l’Indépendance ne pourra pas se faire sans ou contre la nation, il est autrement plus vrai que l’Indépendance ne pourra pas se faire sans le Pouvoir consenti par l’électorat.
    Il faut donc d’abord prendre le Pouvoir pour pouvoir aller « Loin ».Et pour le prendre, le Pouvoir, il faut impérieusement et d’abord le « vouloir ». Toute autre piste que le Pouvoir constitue un lamentable détour. Un détour en direction de la Grande Marche qui tourne en rond depuis 1976…
    Pour mémoire, on jase… au soir de la victoire péquiste de 1976, plutôt que d’aller manifester avec les fameux militants mais futurs losers péquistes, certains indépendantistes s’en étaient allés célébrer sans gêne du côté des comtés les plus acquis et les plus représentatifs du West Island… Ces indépendantistes-là savaient la Game qu’il fallait jouer…cependant qu’ils ne savaient pas encore qu’ils seraient trahis. Car, quoi qu’on en dise depuis ces temps lointains, le West Island triomphe durablement…

  • Archives de Vigile Répondre

    30 janvier 2016

    Bonjour Mme Gagnon,
    Votre constat, que je partage, est fort lucide Mme Gagnon. Aujourd'hui, Josée Boileau, dans son éditorial d'adieu au Devoir, va exactement dans le même sens.
    J'ai l'impression que cela va prendre une méchante crise économique pour que les québécois redécouvrent les vertus de la solidarité.

  • François Ricard Répondre

    30 janvier 2016

    L'ignorance voulue d'un peuple.
    En près de cinquante années d,existence, le PQ n'a-t-il, une seule fois, dénoncé la fausse démocratie qui nous gouverne.
    Dans un système démocratique, il est impératif qu'il y ait une nette séparation des pouvoirs: le judiciaire, le législatif et l'exécutif.
    Chez nous, les trois pouvoirs sont entre les mains d'une seule personne: le premier ministre. Il contrôle de façon absolue les députés (le législatif); il nomme et dégomme les ministres(l'exécutif); il nomme les juges (le judiciaire). De plus, il nomme tous les hauts fonctionnaires et institue les commissions (enquête, administration, finance).
    Pendant tout son mandat il fait absolument tout ce qu'il veut, de la façon qu'il le veut. Un véritable dictateur. Il pourrait décider de jouer tout l'argent de la Caisse au casino et personne ne serait en mesure de l'arrêter. Et, à la fin de son mandat, il n'est imputable de rien.
    Même le président des USA a moins de pouvoir que notre premier ministre.
    Et il semble bien que le PQ, avec l'indépendance, veut perpétuer pareil régime antidémocratique. Et l'on se demande pourquoi le peuple n'embarque pas. Il est peut-être ignorant mais il conserve une certaine intuition.

  • Robert J. Lachance Répondre

    30 janvier 2016

    Vous exposez un état de fait plutôt déprimant.
    « Est-il trop tard pour penser devenir une nation parmi les autres nations ? »
    Me Guy Bertrand ne le croit pas. Il propose depuis des années son projet Liberté-Nation, en 2014 sur un site dédié.
    http://www.republiquefederaleduquebec.com
    Le projet aurait pu s’appeler Liberté - Région. Son concepteur propose rien de moins que la graduation des 17 régions du Québec de régions à État. Remarquez la majuscule. Ça donnerait les États suivants : État du Bas-Saint-Laurent, État du Saguenay-Lac-Saint-Jean, État de la Capitale-Nationale, État de la Mauricie, État de l’Estrie, État de Montréal, État de l’Outaouais, État de l’Abitibi-Témiscamingue, État de la Côte-Nord, État du Nord du Québec, État de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, État Chaudière-Appalaches, État Laval, État Lanaudière, État Laurentides, État Montérégie et État Centre-du-Québec. On pourrait parler des États-Unis du Québec.
    Un des points forts du projet est sa préférence pour un mouvement politique ascendant, partant du peuple, concrètement ses députés régionaux, vers son Assemblée nationale sans égard aux partis. Pas question d’un mouvement mené par un chef charismatique, à la pêche électorale de 50 % + 1 de poissons, monté sur un bouclier soulevé par des gardes. C’est un mouton qui le bêle.
    Son projet contient naturellement l’adoption d’une constitution par le peuple.
    En attendant 2030, il faudra trouver autre chose en 2018 pour corriger ce que vous déplorer, voire empêcher que se produise ce que vous appréhendez.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 janvier 2016

    Une esquisse percutante de notre société depuis les 40 dernières années (de façon très succincte évidement). J'ai aimé les mots qui bien que non présents parfois dans ce texte en expriment parfaitement l'idée. Vous laissez parler les faits avec les mots essentiels pour nous amener à une saine réflexion. Avec ces mots essentiels tout est là. Et même après avoir refermé l'onglet et être passée à autre chose, j'ai un petit goût de revenez-y! J'adhère particulièrement au changement primordial qu'il faut opérer dans notre société de ''métro, boulot,dodo'', ne me parlez pas de politique c'est plate. Au Québec comment va-t-on faire pour responsabiliser le peuple afin qu'il se reprenne en main? C'est un impératif que de changer le système politique pour en adopter un plus équilibré où la séparation des pouvoirs domine tout en assurant l'équilibre de ces pouvoirs. Comment? En fragmentant les pouvoirs: les députés élus forment l'Assemblée nationale avec 2 représentants (élus par le peuple également) pour chaque Comté et un président de l'Assemblée. Le président de l'Assemblée ne peut être élu que pour un mandat de cinq ans. Un peu comme le modèle américain;pas parfait mais pas mal mieux que notre régime de ploutocratie du Québec.
    Comment parviendrons-nous à motiver le peuple au changement quand la voix puissante de l'Assemblée nationale résonne comme des trompettes au service du capitalisme? On a bien raison de s'inquiéter! Vous devriez écrire plus souvent, madame Gagnon.

  • Henri Marineau Répondre

    29 janvier 2016

    "La prochaine étape pour asservir complètement les Québécois à l’insignifiance est l’abolition des établissements d’enseignement collégial."
    À ce sujet, lors de la course à la chefferie du PLQ, le candidat Pierre Moreau a carrément proposé l'abolition des Cégeps...Disons que ça regarde mal pour le nouveau ministre de l'Éducation!...