Pour combattre l'industrie de la pauvreté

L'indispensable solidarité

Tribune libre

Globalement la pauvreté se porte de mieux en mieux au Québec. Sa croissance montre le dynamisme du secteur. La pauvreté est partout : dans la rue, dans les écoles, dans les refuges, à l’hôpital, dans les centres pour la jeunesse, dans l’autobus, à la soupe populaire, à l’orée des bois. Même dans les morgues, le nombre de corps non réclamés ne cesse de s’accroître. Partout, il y a des pauvres et des nécessiteux. La pauvreté s’intéresse particulièrement aux Québécois les moins instruits et à leurs enfants. La pauvreté prévoit que les enfants nés d’une union libre n’ont droit à aucune reconnaissance légale de la part de leur géniteur, les exposant ainsi à la précarité et à l’instabilité.
_
La pauvreté a plusieurs visages, mais lorsqu’elle en montre un les autres suivent de près. La pauvreté matérielle et financière est le plus souvent accompagnée de pauvreté affective et relationnelle, à laquelle se superpose la pauvreté intellectuelle qu’on appelle aussi l’ignorance.

La pauvreté du peuple québécois est un choix, mais pas un choix personnel! La pauvreté est plutôt le choix que les gouvernements canadiens et québécois appliquent avec zèle au Québec.

La gestion du fleuve St-Laurent est un exemple éloquent des politiques canadiennes d’appauvrissement du peuple québécois. Depuis la construction du canal Érié en 1958, qui a déplacé l’activité portuaire et économique de Montréal vers l’Ontario, le Québec doit accepter le passage du trafic maritime international sans percevoir de redevances. Pour joindre l’insulte à l’injure, le gouvernement canadien sous Harper qui ne reconnait pas la nature nationale du pont Champlain projetait d’instaurer le péage pour les usagers alors que cette infrastructure doit permettre le passage de bateaux du fret international.

Depuis des décennies, le Canada travaille ardemment à la destruction des richesses du fleuve Saint-Laurent. L’extinction de la ressource halieutique par la pêche industrielle et la destruction des fonds marins par dragage justifie l’abandon des quais du St-Laurent. Il est vrai que les pêcheurs n’y accostent plus, mais les quais sont demeurés des lieux d’appartenance et de socialisation dans les villages de pêcheurs. Le gouvernement fédéral en a remis en détournant d’importants contrats de constructions navales qui logiquement auraient pu et du échoir à Lévis où se trouve le plus ancien et plus expérimenté chantier maritime du Canada. Ces politiques fédérales ont mis fin à l’âge d’or des pêcheries dans les grandes eaux du St-Laurent. Elles ont perturbé le mode de vie des riverains et installé le chômage parmi les populations rurales.

Il n’en fallait pas plus pour que le gouvernement Harper modifie la loi sur l’assurance-chômage de manière à encourager les communautés rurales appauvries du Québec à quitter leur campagne pour s’établir ailleurs où il y a du travail, idéalement en Alberta. La chute du prix du baril de pétrole ces derniers mois permet aux Québécois de respirer un peu. Le lobby pétrolier au Canada et au Québec poursuit son impérialisme et, malgré l’opposition populaire, se prépare à contaminer les sources d’eau potable et les 2 % de terres fertiles du territoire québécois.

Si le Canada applique avec vaillance les recommandations du rapport Durham sur l’assimilation des canadiens français, on peut s’étonner que le gouvernement provincial participe servilement comme si le rôle de l’État du Québec est d’anéantir notre nation.

Le projet d’austérité du gouvernement Couillard va tout à fait dans ce sens. Il ajoute sa pierre à l’œuvre du dépérissement de la nation en promettant une longue vie à l’ignorance, la pauvreté et l’acculturation des Québécois. Coupure après coupure, l’éducation publique est une faillite nationale. L’époque glorieuse de l’éducation publique (1960 à 1997) a commencé à s’effondrer à partir de la première cohorte de la Réforme Marois introduite précocement malgré l’avis des facultés d’éducation et malgré l’inexistence de matériel pédagogique. L’insuccès de la réforme est sans appel. En 1994 le Québec comptait 26 % d’illettrés, vingt plus tard, leur nombre a presque doublé atteignant les 50 %. Depuis, les gouvernements exercent de nouvelles coupures : l’aide au devoir, le transport scolaire, l’aide alimentaire, le programme Chapeau les filles, et cetera, et cetera.

En privant le système d'éducation publique de ressources et en favorisant l'immigration de personnes instruites, le gouvernement met en place une hégémonie multiculturelle pour contrôler les pouvoirs publics et garantit aux Québécois la vie de porteurs d'eau. Pierre Vallières disait les nègres blancs d'Amérique.

Coupures dans l’aide sociale, coupures dans les octrois aux organismes communautaires, le petit peuple du Québec n’est pas sans ressort face à un gouvernement illégitime inféodé à d’autres intérêts que la survivance de la nation. Malheureusement, le petit peuple ignore que la corruption pour le seul secteur de la construction coûte 13,1 % du PIB (1) qui est de 363 milliards (2), soit environ 48 milliards annuellement.

Alors le petit peuple se débrouille comme il peut. Pour compenser le manque à gagner, l’industrie de la pauvreté ne le laisse pas pantois. Des activités « complémentaires » licites et illicites pour arrondir les fins de mois sont possibles. Lorsque la fréquentation des soupes populaires ne suffit pas, le gouvernement québécois encourage la participation humaine aux tests laboratoires des pharmaceutiques. Pour ceux qui sont réfractaires à servir de cobaye à la science, il reste quelques portes de sortie comme le vol et le recel, la vente d’armes, de drogues ou d’organes, la prostitution, le commerce de pornographie juvénile… Malheureusement, ces boulots criminels entraînent la judiciarisation des pauvres. On remarque toutefois que l’industrie de la pauvreté a quand même du bon, elle fait travailler les agents de police, les avocats, les juges et les gardiens de prison.

Le régime politique qui s’applique au Québec repose sur la gouvernance des lobbys en lien avec la prédation des richesses naturelles, le financement des partis politiques en lien avec la corruption, l’usurpation du territoire en lien avec les intérêts exigés par les banques centrales. Il n’en tient qu’au peuple du Québec de s’unir comme un seul homme pour affirmer sa souveraineté sur son territoire et ses institutions. Seule la force du nombre peut permettre de changer le système politique colonial qui est à l’origine de l’industrie de la pauvreté.

(1) http://ici.radio-canada.ca/widgets/...#
(2) http://www.gouv.qc.ca/fr/LeQuebec/P...


Laissez un commentaire



3 commentaires

  • Robert J. Lachance Répondre

    20 janvier 2016

    La pauvreté prévoit que les enfants nés d’une union libre n’ont droit à aucune reconnaissance légale de la part de leur géniteur, les exposant ainsi à la précarité et à l’instabilité.
    Au Québec !
    Je ne me balance pas du coup du reste du monde, mais charité bien ordonnée commence par soi, nous, à chaque démocratie sa constitution ou l’inverse.
    Vous soulevez une question qui me préoccupe particulièrement, je pars un compteur pour savoir combien de lecteurs des commentaires ici se la posent aussi et en font un passe-temps d’insomnie.
    Je trouve juste et injuste. C’est le sybillin avis de juste un citoyen sur 8,2 millions de Québécois qui n’a pas Justin pour prénom, n'est pas un symboe ou un 6 bols.
    Québécois dont 1,5 million environ âgé.es de moins de 18 ans, sont encore privés d’exercice d’un droit de vote constitutionnel, par règlement, comme l’ont été après 1982 mais plus maintenant, des juges, des criminels et des handicapées.
    Notre relève prive ainsi leurs géniteurs d'un droit de vote complet, intègral, puisqu'il est impensable qu'en votant, ils et elles ne pensent à eux en votant ou pas, bien avant l'isoloir, sans toutefois s'en faire une raison d'insomnie.
    Les Québécoises ont connu avant 1944.

  • Robert J. Lachance Répondre

    20 janvier 2016

    La pauvreté prévoit que les enfants nés d’une union libre n’ont droit à aucune reconnaissance légale de la part de leur géniteur, les exposant ainsi à la précarité et à l’instabilité.
    Au Québec !
    Je ne me balance pas du coup du reste du monde, mais charité bien ordonnée commence par soi, nous, à chaque démocratie sa constitution ou l’inverse.
    Vous soulevez une question qui me préoccupe particulièrement, je pars un compteur pour savoir combien de lecteurs des commentaires ici se la posent aussi et en font un passe-temps d’insomnie.
    Je trouve juste et injuste. C’est le sybillin avis de juste un citoyen sur 8,2 millions de Québécois qui n’a pas Justin pour prénom, n'est pas un symboe ou un 6 bols.
    Québécois dont 1,5 million environ âgé.es de moins de 18 ans, sont encore privés d’exercice d’un droit de vote constitutionnel, par règlement, comme l’ont été après 1982 mais plus maintenant, des juges, des criminels et des handicapées.
    Notre relève prive ainsi leurs géniteurs d'un droit de vote complet, intègral, puisqu'il est impensable qu'en votant, ils et elles ne pensent à eux en votant ou pas, bien avant l'isoloir, sans toutefois s'en faire une raison d'insomnie.
    Les Québécoises ont connu avant 1944.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 janvier 2016

    Justement, la nouvelle du jour: Revenu disponible par habitant : le Québec toujours au dernier rang des provinces canadiennes
    Imaginez, même l'Î-P-É est plus prospère que nous.
    Il faudrait rappeler aux fédéraleux que ce sont eux et leur merveilleux fédéralisme qui nous ont conduit dans ce marasme.