Identité québécoise

Le fruit est-il en train de murir ou de pourrir ?

Tribune libre - 2007

On le sait, pour les fédéralistes inconditionnels, il n’est pas question de
rouvrir des négociations constitutionnelles afin de réintégrer le Canada. «
Le fruit n’est pas mûr » nous disent hypocritement MM. Charest et
Pelletier. Nous savons tous très bien que jamais le ROC ne reconnaitra
véritablement la nation Québécoise dans la Constitution, ce qui
entrainerait des changements radicaux et fondamentaux, comme la fin de
notre subordination à la Charte canadienne des droits et libertés, qui
place les droits individuels avant les droits collectifs. Cet
individualisme institutionnalisé sert bien le Canada car il ne craint pas
l’atrophie de l’anglosphère : les immigrants vont naturellement à
l’anglais. Or pour le Québec, la perspective est diamétralement opposée.
C’est le règne des juges, c’est l’abdication de l’Etat, c’est ce que
dénonce avec raison M. Drouin d’Hérouxville. Cette équation n’a jamais été
aussi claire pour la population, alors il faut absolument maintenir nos
positions, ce n’est pas le temps de lâcher.
Même si les projets de loi sur l’identité et la Constitution Québécoise
devaient être modifiés pour satisfaire aux droits reconnus au Québec,
l’idée qu’ils véhiculent est parfaitement morale et légitime, et 60% des
Québécois approuvent cela. Dans le ROC, on profite des détails qui semblent
accrocher pour déverser unanimement tout son fiel sur les racistes que nous
serions. Et les fédéralistes Québécois en rajoutent, au lieu de tempérer
les ardeurs de leurs maitres. Faut-il être assez minable ! Mario Dumont,
lui, aurait eu l’occasion de faire mentir ses détracteurs en étant cohérent
avec les positions de l’ADQ (projet de citoyenneté et Constitution), mais
il préfère manger du péquiste pour se faire du capital politique. Peut-être
sent-il, comme moi, que le prochain parti à disparaître sera le parti
libéral et que donc, l’adversaire sérieux est le PQ. Mais le comportement
de Dumont prouve qu’on ne peut pas lui faire confiance.
Je déteste ce réflexe que nous avons d’être plus catholiques que le pape.
En voulant constamment éviter les chicanes, même au prix de cacher la
vérité, nous nous tirons dans le pied. Il faut que les Québécois sachent
combien ils sont haïs et méprisés au Canada. Pas pour alimenter la chicane,
pour que la vérité leur ouvre les yeux. Si Pauline Marois recule là-dessus
à cause de considérations juridiques, nous saurons jusqu’où elle est prête
à aller et où s’arrêter. Faire l’indépendance, c’est faire la révolution,
c’est aller à l’encontre de l’ordre établi. Nos élites n’ont pas le droit
de laisser tomber la majorité des Québécois encore une fois.
Le premier et seul véritable rôle du Bloc Québécois à Ottawa devrait être
de faire des pressions pour que la Constitution canadienne soit revue et
corrigée. On sait qu’il n’y a rien à faire et que seule la séparation
pourra forcer le ROC à admettre que son colonialisme est inacceptable, mais
il n’y a rien à plaider au Canada pour le Bloc concernant l’indépendance du
Québec. Duceppe et Marois, au lieu de conforter la position de leurs
adversaires en s’en remettant au droit canadian, devrait enfin avoir du
courage, saisir l’occasion et combattre directement ce droit canadian qui
s’appuie sur une Constitution illégitime. Pourquoi, pourquoi ne
remettent-ils jamais en question le nœud du problème, cette Constitution
maudite ?
Et Jean-François Lisée a raison, on devrait étendre la portée d’une
citoyenneté Québécoise jusqu’au droit de vote, par mesure de protection,
étant donné que les canadians n’hésitent pas à tricher notamment lors
référendums.
Pierre Bouchard

Escoumins, 26 octobre 2007
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