Le français perd du terrain

Recensement 2006 - Langue française


Karine Fortin - Le français a perdu du terrain partout au pays y compris au Québec, même si un nombre plus important que jamais d'immigrants parlent cette langue à la maison, révèlent les données du dernier recensement rendues publiques mardi.


Même si le nombre de francophones a augmenté entre 2001 et 2006, leur poids relatif a diminué et ils ne représentent plus que 22,1 pour cent de la population, révèle Statistique Canada. Cela se compare à 22,9 pour cent en 2001 et à 26,1 pour cent en 1971.
Au Québec, on comptait l'an dernier 5,7 millions de personnes ayant le français pour langue maternelle, soit 79,6 pour cent de la population. C'est la première fois depuis 1931 que cette proportion est inférieure à 80 pour cent.
D'après Statcan, cette baisse est attribuable à une légère hausse de la population anglophone de la province ainsi qu'à l'accélération de l'immigration allophone au cours des cinq dernières années.
«C'est la première fois qu'on observe une telle croissance, en Québec au particulier, on a eu une croissance de près de 25 pour cent du nombre d'allophones pendant la période de recensement», explique l'analyste Jean-Pierre Corbeil.
«À court terme, ça se traduit par une baisse du groupe majoritaire, tant au Québec qu'à l'extérieur.»
Mais pour la première fois, plus d'allophones ont adopté la langue de Molière que celle de Shakespeare comme principale langue d'usage au foyer entre 2001 et 2006. La tendance est particulièrement marquée parmi les nouveaux arrivants.
«L'explication est assez simple», souligne M. Corbeil. Le Québec, qui contrôle une bonne partie de son immigration, favorise des personnes qui ont une connaissance du français. C'est notamment le cas des ressortissants du Maghreb.
«Ces immigrants qui proviennent essentiellement du Maroc, de l'Algérie et de la France utilisent déjà le français dans leur quotidien», fait-il valoir.
L'analyste rappelle aussi que les immigrants doivent absolument envoyer leurs enfants à l'école française depuis l'adoption de la Charte de la langue française ü la loi 101ü il y a 30 ans.
La situation est fort différente à l'extérieur du Québec où les nouveaux arrivants s'intègrent généralement à la communauté anglophone majoritaire.
Les francophones ne comptent plus que pour 4,1 pour cent de la population, comparativement à 4,4 pour cent en 2001. Cette baisse prolonge une tendance observée depuis plus d'un demi-siècle.
Les francophones hors-Québec représentaient 7,3 pour cent de la population canadienne en 1951 et 6,0 pour cent en 1971.
Ces données sur la situation des communautés linguistiques minoritaires seront certainement abordées par l'ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick, Bernard Lord, chargé de faire des recommandations pour le plan d'action pour les langues officiel que les conservateurs ont promis de faire adopter.
Le premier plan, qui date de 2005, vient à échéance au début de 2008.
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Points saillants des données du recensement sur l'immigration et les langues
La Presse Canadienne
Ottawa
Voici les points saillants des données du recensement sur l'immigration et la situation linguistique au pays, rendues publiques mardi par Statistique Canada.

- Près du cinquième des personnes vivant au Canada en 2006 étaient nées à l'étranger. C'est la proportion la plus élevée enregistrée depuis les années 1930;
- Cela fait du Canada un pays plus multiculturel que les États-Unis > où 12,5 pour cent de la population est née à l'étranger > mais moins que l'Australie;
- Plus de 60 pour cent des immigrants vivent dans les villes de Toronto, Vancouver et Montréal. À peine 5 pour cent s'établissent dans les régions rurales;
- La plupart des nouveaux arrivants au Canada proviennent d'Asie et du Moyen-Orient. L'Europe, qui a fourni au pays la majorité de ses immigrants tout au long du XXe siècle, se classe désormais deuxième;
- Environ 20 pour cent de la population canadienne n'a ni le français, ni l'anglais comme langue maternelle;
- Plus d'un million de personnes vivant au Canada ont l'un ou l'autre des dialectes chinois cpmme langue maternelle. Dans certaines banlieues de Toronto et de Vancouver, les anglophones sont maintenant minoritaires;
- Le français a perdu du terrain partout au pays, y compris au Québec. Cette situation est principalement attribuable à l'accélération de l'immigration; les francophones représentent désormais 22,1 pour cent de la population;
- Moins de 10 pour cent des anglophones du Canada parlent aussi français. À l'extérieur du Québec, la proportion chute à 7,4 pour cent;
- Parmi les francophones, 42,4 pour cent disaient pouvoir soutenir une conversation en anglais en 2006. Au Québec, un francophone sur trois se dit bilingue comparativement à 83,6 pour cent des francophones hors Québec;
- La proportion de francophones qui se sont dits bilingues a diminué depuis 2001 dans presque toutes les provinces. Statcan considère ce résultat comme une anomalie et croit qu'un courriel anonyme invitant les francophones hors Québec à se déclarer unilingues «pour protéger les services en français» pourrait être à l'origine de ce phénomène.
- source


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