Le français dans les commerces: un sondage en guise d'enquête

«Le terme "étude" n'est pas approprié, on parle d'un sondage terrain»

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Le français à Montréal


Pierre Curzi (Photo Alain Roberge, La Presse)

Denis Lessard - Le portrait très positif des services en français dans les commerces du centre-ville brossé par l'Office québécois de la langue française (OQLF) en janvier 2007 est basé sur un sondage terrain qui n'a pas recueilli davantage de données que celles qui avaient été divulguées l'an dernier, a expliqué la présidente de l'organisme, France Boucher.


Hier, l'OQLF a senti le besoin de fournir quelques explications devant le tollé de critiques quant à l'absence d'un rapport détaillé du sondage en question.
«Mettons les pendules à l'heure. On a fait une étude sur le terrain, appelons ça un sondage avec une visite physique... Trente-trois employés ont visité 2471 commerces de la rue Papineau à la rue du Fort», souligne Mme Boucher. Les sondeurs se présentaient de façon anonyme et notaient dans quelle langue ils étaient accueillis. Ils vérifiaient ensuite s'ils pouvaient être servis en français et évaluaient si l'affichage était conforme à la loi. Avant de quitter les lieux, les enquêteurs en profitaient pour promouvoir l'utilisation du français en fournissant de la documentation ou en répondant aux questions des commerçants.
«Le terme "étude" n'est pas approprié, on parle d'un sondage terrain», affirme Mme Boucher, soulignant que cette tournée n'avait pas donné «de rapport de 50 pages» comme d'autres études menées par l'organisme.
Même si les données colligées ne sont pas détaillées - on ne relevait pas le type de commerce, le nombre exact d'employés ni la nationalité des propriétaires -, elles n'en restent pas moins basées sur un important coup de sonde. L'enquête conclut ainsi que l'accueil se faisait en français dans 83% des commerces et que le service en français était disponible dans 91% des cas. Toutefois, l'affichage commercial n'était conforme à la loi que sept fois sur 10.
Des notes sur les résultats du sondage avaient été transmises à la ministre de l'époque, Line Beauchamp.
«L'objectif de cette démarche n'était pas de faire une étude scientifique sur la situation linguistique; on ne voulait pas soumettre les commerçants à un questionnaire de long en large», poursuit Mme Boucher.
Accusations de camouflage
Depuis deux jours, une controverse a surgi quant à la volonté de Québec de camoufler les résultats de cette enquête. Le député péquiste de Borduas, Pierre Curzi, a réclamé hier que la ministre responsable de la langue, Christine Saint-Pierre, rende publique la «supposée étude faite par l'Office».
«Certains se font un malin plaisir à supputer, à imaginer je ne sais quoi... Si quelqu'un se met dans la tête qu'il existe quelque chose qui n'existe pas, et qui pense que c'est ça qu'il aurait voulu qu'on lui donne... On est dans un autre registre», a lancé Mme Boucher.
L'organisme avait publié en janvier 2007 un communiqué de presse pour faire connaître ses résultats, une déclaration «contenant à peine 417 mots avec des données sommaires», soulignait M. Curzi.
Le PQ avait tenté, en mai 2007, d'obtenir l'ensemble du rapport d'enquête par l'entremise de la Loi d'accès à l'information, mais s'était fait répondre qu'il s'agissait «essentiellement de renseignements transmis au cabinet de la ministre de la Culture». L'Office indiquait également n'avoir en sa possession que des notes personnelles, des notes préparatoires ou des ébauches qui n'avaient pas donné lieu à des avis formels.
«Ce type de réponse laisse songeur, soutient M. Curzi. On ne peut pas se croiser les bras, refuser de faire plus pour renforcer la qualité du français en s'appuyant uniquement sur un communiqué de presse. C'est à la ministre Saint-Pierre de rendre publique cette étude puisque, selon l'Office, c'est elle qui l'aurait... Si elle existe, bien entendu!»
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