Le facteur de cohésion

PLQ - 30e congrès



Les militants du Parti libéral du Québec (PLQ) sont des gens pratiques. Ils l’ont maintes fois démontré dans le passé. Sensibles à l’impact de leurs délibérations et de leurs décisions sur l’opinion publique, ils transforment rarement leurs rassemblements en théâtres d’affrontement. On y discute ferme certes, mais pas au détriment de l’image d’unité du parti. Habitués d’être aux commandes, les libéraux ont en fait développé au fil des décennies une cohésion qui sied bien à la gouverne. La fin de semaine vient de faire une nouvelle preuve de cette maîtrise.
Ainsi, s’il fallait résumer le congrès libéral, un chiffre suffirait : 97,2 %. Ce vote de confiance record obtenu par un chef au Québec parle plus fort que toutes les résolutions examinées, débattues, adoptées ou laissées de côté par les participants réunis au Centre des congrès de Québec. Jean Charest fait l’unanimité chez les siens et son leadership inspire confiance. C’est ce que tout le monde retiendra.
Le chef libéral avait d’ailleurs bien raison d’afficher sa grande satisfaction devant le résultat obtenu. Quel couronnement pour celui qui était dépeint il y a six mois à peine comme un dirigeant en sursis.
Est-ce que cette marque de confiance quasi unanime s’explique parce que Jean Charest a vraiment changé à la suite de sa tournée des régions et de ses rencontres avec les Québécois comme il l’affirme lui-même ou plutôt parce qu’une nouvelle discipline interne a éliminé les décisions douteuses comme celles du Suroît ou du Mont-Orford? Il y a sans doute un peu des deux.
Mais probablement que les Québécois qui répondent aux sondages réagissent aussi à leur confort économique et à la déception suscitée par la performance adéquiste à l’Assemblée nationale.
Chose certaine, d’un point de vue libéral, le grand «cri d’amour» des militants à leur chef tombe à point nommé. Sur une pente ascendante dans les intentions de vote, le PLQ voit la crédibilité de son chef rehaussée d’un cran à la veille de la rentrée parlementaire et d’un vote crucial pour son gouvernement sur le budget.
S’il y avait encore un tout petit risque de voir le gouvernement minoritaire chassé lors du vote sur la proposition de la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, il vient de s’estomper avec la présence au congrès libéral du député adéquiste Éric Caire venu «tendre la main» à l’équipe ministérielle en prenant bien soin de tenir un langage conciliant sur le vote à venir.
Personne ne se faisait vraiment d’illusions, Mario Dumont a trimé trop dur pour se rendre là où il est pour réclamer tout à coup le rôle du kamikaze.
Malgré le succès de la fin de semaine, tout n’est pas pour autant parfait au royaume libéral. Loin s’en faut. Bien des rapports de comités d’étude sont tombés sur les pupitres ministériels au cours des dernières semaines. Mais on cherche encore les initiatives concrètes en découlant. Il y a pourtant un danger réel à se laisser porter par la vague. Dans un tel scénario, l’attention publique risque vite de se concentrer sur les critiques de l’opposition. Parlez-en à Stephen Harper.
Dans le cas du gouvernement libéral, la période de ralentissement économique qui s’amorce risque vite d’assombrir le ciel qui vient tout juste de s’éclaircir au-dessus de lui. Il faudra plus que les négociations de libre-échange avec l’Europe, la disparition des entraves aux échanges entre les provinces et la signature d’une entente d’un milliard avec Alcoa pour qu’il puisse répondre le fameux «Nous sommes prêts» de 2003, passeport pour un gouvernement majoritaire.
Alors que la croissance fléchira et que le chômage augmentera, les Québécois auront, eux, tôt fait de mesurer si le plan d’action était à la hauteur des attentes et de la situation de crise.


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