Un juste salaire

Le secret observé par le Parti libéral ne pouvait que créer un doute qu'ont exploité les péquistes. La réplique a été aussi vive que peu élégante.

PLQ - 30e congrès

Péquistes et libéraux se chicanent depuis deux jours pour déterminer qui de Pauline Marois ou de Jean Charest serait le plus vertueux. Les premiers questionnent la moralité de ce salaire complémentaire versé secrètement depuis dix ans par le Parti libéral à son chef, ce à quoi les seconds répliquent en reprochant à la chef péquiste de profiter de la rente versée à son époux par la Société générale de financement qu'il a présidé pendant quelques années. Mon chef est plus propre que le tien essaie-t-on de démontrer. Mauvais débat que celui-là car il n'y a de grief à faire ni à l'un ni à l'autre.
Ce supplément de revenu que touche le premier ministre de son parti n'est en rien scandaleux, pas plus que celui que reçoit Mario Dumont du sien. N'occupent-ils pas un double emploi, à la fois comme chef de parti et comme premier ministre ou chef de l'opposition officielle? Il appartient à leur parti de déterminer s'ils doivent recevoir une rémunération pour compenser le temps consacré aux activités partisanes. Le cas échéant, cela doit toutefois être fait en toute transparence.
Aux libéraux, le seul vrai reproche qu'on peut leur adresser est justement l'absence de toute transparence. Sans les révélations de TVA, les militants du Parti libéral ne l'auraient jamais su. Ni le grand public. L'information était pourtant d'intérêt, d'autant plus qu'une partie des 75 000 $ en cause provient des fonds publics. Comme tous les autres, le Parti libéral est financé par des subventions statutaires de l'État et par des dons de partisans pour lesquels ceux-ci reçoivent un avantage fiscal. Pour le reste, il n'y a rien à redire puisque ces suppléments de revenu ont été déclarés comme revenu imposable, assure-t-on.
Le secret observé par le Parti libéral ne pouvait que créer un doute qu'ont exploité les péquistes. La réplique a été aussi vive que peu élégante. La fortune de son mari éviterait tout souci financier à la chef péquiste qui profiterait des bénéfices obtenus par celui-ci lorsqu'il a quitté la direction de la SGF. Un argument que l'on croyait d'une autre époque.
Plutôt que de se livrer à ce jeu du plus vertueux, les partis politiques devraient plutôt se demander si la rémunération accordée au premier ministre est juste et suffisante. Son salaire de 188 000 $ est à peu de chose près équivalent à celui d'un sous-ministre de haut rang. Est-ce le sous-ministre qui gagne trop ou le premier ministre pas assez? La réponse va de soi. Il faut accorder au titulaire de cette fonction une rémunération qui lui évite tout souci financier et lui assure un niveau de vie confortable pour lui et sa famille. Il ne s'agit pas de verser un salaire comparable à ceux des présidents des grandes sociétés d'État, dont certains touchent plus d'un million de dollars par année. L'engagement en politique ne doit pas devenir une occasion d'enrichissement personnel, mais non plus en être une d'appauvrissement. Dans ce contexte, il ne serait pas exagéré de revoir ses émoluments, quitte à ce que ceux qui se sentiront trop riches reversent ce salaire à une fondation, comme Pierre Bourque l'avait fait lors de ses deux mandats à titre de maire de Montréal.


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