Le diable en Ambrose

Kyoto


À entendre les partis de l'opposition et les militants écologistes, la ministre canadienne de l'Environnement, Rona Ambrose, a fait honte au pays tout entier lors de son allocution à la Conférence sur les changements climatiques de Nairobi. La tactique est efficace: au moment où le gouvernement Harper semble enfin avoir compris l'importance de s'attaquer aux émissions de gaz à effet de serre, ses adversaires politiques et idéologiques s'acharnent à diaboliser Mme Ambrose, de sorte que ce virage passe inaperçu.
Qu'a dit de si épouvantable Mme Ambrose pour que le porte-parole de Greenpeace, Steven Guilbault, affirme qu'il n'a jamais vu "un ministre voler aussi bas"? Elle a souligné que "les mesures de réduction du changement climatique adoptées par les gouvernements canadiens précédents étaient insuffisantes et inexplicables" et soutenu qu'il fallait être "réalistes face aux progrès que nous pouvions réaliser d'ici 2012". Or, dans son plus récent rapport, la Commissaire fédérale à l'environnement est arrivée précisément aux mêmes conclusions quant à l'insuffisance des mesures mises en place par les libéraux.
De plus on apprenait hier, sous la plume de notre collègue Joël-Denis Bellavance, que le plan conservateur s'inspire largement des suggestions de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie, un groupe aviseur mis sur pied sous Paul Martin. Les gestes et les paroles de Rona Ambrose ne sont donc pas aussi bornés que ce que veulent faire croire ses adversaires.
Mme Ambrose a osé dire ces choses devant une conférence internationale. Où est le scandale? Ses opposants ne l'ont-ils pas sévèrement critiquée lors d'une conférence de presse tenue à Nairobi, avant même son arrivée? On accuse la ministre de laver son linge sale à la face du monde; en réalité, elle n'a fait que terminer la brassée.
Il ne s'agit pas ici de défendre l'attitude du gouvernement conservateur, qui a beaucoup tardé avant de prendre la réelle mesure de ce dossier et dont le plan est encore trop timide. Cela dit, il faut tout de même noter l'évolution positive dans l'approche de Mme Ambrose, qui a reconnu à Nairobi "qu'une action urgente s'impose pour réaliser enfin des progrès vers nos obligations internationales à l'horizon de 2012". Elle a aussi affirmé que "le Canada reste fermement engagé à Kyoto et nous cherchons à apporter une contribution importante aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique." Pour quelqu'un qui, il y a quelques semaines encore, refusait de prononcer le mot "Kyoto", ce n'est pas un petit changement.
Ceux qui prendront la peine de lire le discours de la ministre (www.cyberpresse.ca, section Nairobi) constateront combien est excessive l'interprétation indignée qu'en ont faite ses détracteurs. Les écologistes ont raison d'être exigeants à l'endroit du gouvernement conservateur dans ce dossier. Malheureusement, en dépeignant Rona Ambrose comme le diable en personne, ils se laissent aller à la petite politique, un comportement qui n'est pas à la hauteur de la cause qu'ils défendent.
apratte@lapresse.ca

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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1 commentaire

  • Simon Blais Répondre

    17 novembre 2006

    Évidemment, pour monsieur Pratte il n'y a jamais de problème, la vie est rose, le Canada est le plus meilleur pays au monde et Rona Ambrose est une ange verte aux ailes de gaze équitable.
    Une ministre, dont le pays se qualifie médiocrement, qui profite d'un colloque international pour prétendre que c'est de la faute de l'ancien gouvernement, n'a aucun mérite à recevoir! C'est voler bas, that's it mister Pratte.