David Suzuki encense le Québec

La "taxe sur le carbone" a convaincu le réputé écologiste

Kyoto


La décision de Québec de taxer l'industrie pétrolière pour lutter contre les changements climatiques a convaincu David Suzuki de mettre la main à la pâte pour une tournée du ministre Claude Béchard dans l'Ouest canadien.
Joint hier en Colombie-Britannique, l'écologiste le plus respecté au Canada anglais a confirmé qu'il a fait appel à son réseau de contacts pour que le ministre québécois de l'Environnement expose son Plan de réduction des gaz à effet de serre à ses homologues de l'Ouest.
En entrevue au Soleil, M. Suzuki s'est dit particulièrement impressionné par la "taxe sur le carbone". Cette redevance de 200 millions $ aux compagnies gazières et pétrolières financera la stratégie du Québec pour atteindre les objectifs du Protocole de Kyoto, sur la diminution des gaz provoquant les dérèglements climatiques.
"Québec a osé s'attaquer à ce sujet, a commenté le leader de la fondation qui porte son nom. Dans l'ouest du Canada, les gens sont hors d'eux lorsque vous mentionnez les mots "taxe sur le carbone".
"Pourtant, cela veut dire essentiellement que le pollueur doit payer (pour la pollution). Nous réclamons depuis des années une telle taxe. Cela a été très excitant de voir un gouvernement arriver avec l'idée d'en imposer une."
Choix différents
Cela ne fait pas du communicateur un partisan aveugle de l'approche mise de l'avant par Québec. "Pour atteindre les objectifs de Kyoto, il veut dépendre encore plus de l'hydroélectricité et il a pris des ententes avec les Cris pour ériger de nouveaux barrages. Je pense que c'est controversé."
Mais l'environnementaliste constate que le gouvernement québécois a fait des choix énergétiques bien différents de certains voisins. Il a noté la volonté québécoise de se fier davantage sur l'énergie éolienne. Il l'a mise en contraste avec la décision de l'Ontario de recourir au nucléaire. "Ce qui est complètement fou."
Mais il s'est surtout réjoui que le Québec, comme l'Ontario, mette résolument le cap sur Kyoto. "C'est un gros changement par rapport au gouvernement (fédéral) de Stephen Harper."
Au passage, il n'a pu s'empêcher de s'étonner que M. Harper marque des points au Québec. "Ce que je lis, c'est que les Québécois le supportent très, très fort. Cela m'a vraiment ébranlé, parce que M. Harper incarne très clairement un gouvernement très à droite. Les Québécois ne le sont pas. Je suis renversé qu'ils puissent se diriger vers lui uniquement parce qu'il leur lance quelques petits cadeaux."
Au sujet de la visite de M. Béchard, David Suzuki a indiqué qu'il a personnellement appelé des ministres, en Colombie-Britannique et en Saskatchewan. C'est le cas pour Guy Bouthillier, titulaire de l'Environnement en Alberta.
La richesse de cette province repose sur le pétrole et l'Alberta répugne à adhérer aux objectifs de Kyoto. "Le ministre Bouthillier s'est montré ouvert à une rencontre, a rapporté l'animateur de l'émission Nature of Things. Il essaiera d'organiser une rencontre avec des membres de l'industrie pétrolière", a-t-il ajouté.
N'y a-t-il pas un danger pour un écologiste à collaborer à la préparation d'une tournée d'un gouvernement ? "Tant que la Fondation David Suzuki n'accepte aucuns fonds de gouvernement, cela nous donne beaucoup de liberté. Je ne dois rien du tout à M. Béchard. Le gouvernement n'est pas toujours dans le tort. S'il fait quelque chose de bien, je veux le soutenir."
mcorbeil@lesoleil.com


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