Environnement chaud

Kyoto


Le gouvernement Harper vient de se faire rattraper doublement avec le dossier de l'environnement. De un, par le rapport de Nicholas Stern, qui prévoit un désastre économique si la communauté internationale continue de se traîner les pieds en matière d'environnement. De deux, par le NPD, tenté de renverser son gouvernement minoritaire s'il ne bonifie pas son plan vert. Embarrassante pour les conservateurs, la situation pourrait être bénéfique pour les Canadiens.
Depuis qu'ils sont au pouvoir, les conservateurs n'ont pas épaté sur les questions environnementales. Le Canada et sa ministre Rosa Ambrose ont déçu fortement à la conférence de Bonn portant sur les suites à donner au Protocole de Kyoto. La livraison récente de leur plan vert n'a pas changé positivement les perceptions. Pour les conservateurs, la protection de l'environnement s'apparente à une figure imposée, à un dada d'hurluberlu et à une entrave au développement économique.
Le discours du gouvernement Harper passe cependant de moins en moins bien, particulièrement au Québec où une large coalition a été formée pour défendre le Protocole de Kyoto. Son discours et sa vision sont aussi malmenés par le contenu d'un rapport qu'a réalisé Nicholas Stern, ancien économiste en chef de la Banque mondiale, pour le gouvernement de Tony Blair.
Selon Stern, si la communauté internationale refuse de se mobiliser au plan environnemental, les changements climatiques auront un effet sur l'économie mondiale aussi néfaste que la Grande dépression des années 30. Il parle aussi de drames humains et écologiques. Cela donne à réfléchir.
D'autant plus que Stern soutient que les pays n'ont pas à faire un choix entre la lutte aux changements climatiques et le développement de leur économie. Les deux peuvent et doivent même aller de pair.
La vision du gouvernement Harper, qui s'est donné un long échéancier pour la mise en place de son plan vert, révèle donc de plus en plus sa fragilité. Une faiblesse que le NPD s'est vite permis d'exploiter en tentant de convaincre le premier ministre de bonifier sa politique environnementale. Nous n'allons pas le lui reprocher.
Certains relèveront le côté opportuniste et manipulateur des néo-démocrates, qui marchandent avec les conservateurs. Nous y voyons une occasion pour les Canadiens de faire plus pour la préservation de l'environnement, pour la diminution des gaz à effet de serre et pour freiner les changements climatiques.
Dans le projet de loi privé qu'il a déposé hier aux Communes, Jack Layton fixe des cibles plus ambitieuses que celles contenues dans le projet sur l'air. Les conservateurs visent à réduire de 45 à 65 % les émissions globales de GES au niveau de 2003, d'ici 2050. Les néo-démocrates souhaitent une réduction de 25 % d'ici 2020, au niveau de 1990, et de 80 % pour 2050. Layton veut également qu'Ottawa prévoie des objectifs à plus court terme.
Voilà un exemple où le travail de l'opposition est positif. Elle propose des pistes au lieu de simplement contester celles empruntées.
Nous ne pouvons en dire autant de l'opposition péquiste à Québec. Les libéraux de Jean Charest ont l'appui d'écologistes et d'entrepreneurs pour défendre la position du Québec devant le fédéral. Ils se font les grands défenseurs de Kyoto. Le ministre de l'Environnement, Claude Béchard, est même prêt à faire entendre une voix discordante à celle d'Ottawa à Nairobi, lors de la prochaine conférence de l'ONU sur les changements climatiques, qui débutera à la fin de la semaine. Les péquistes se tiennent pendant ce temps à l'écart. C'est pourtant un dossier où le PQ devrait être présent pour marquer le poids du Québec sur la scène canadienne et internationale.
bbreton@lesoleil.com


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