Le déclin de l’Organisation internationale de la Francophonie

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Une institution en perdition sous l'ancienne vice-reine du Canada

Au terme d’un premier mandat à la tête de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Michaëlle Jean mérite-t-elle d’être reconduite dans ses fonctions lors du prochain Sommet qui se tiendra en Arménie en octobre ?


Le fait qu’elle soit Québécoise et Canadienne ne devrait pas lui procurer l’appui automatique des libéraux, à Québec comme à Ottawa. Pas plus que ses faits d’armes à titre de gouverneure générale du Canada et son ardent fédéralisme ne devraient la disqualifier automatiquement auprès des indépendantistes québécois. C’est sur son bilan qu’il faut juger la secrétaire générale sortante.


Les extravagances de son train de vie aux relents monarchiques, qu’elle a été incapable de défendre, notamment au micro de Paul Arcand, ont eu pour effet ici de discréditer son action à la tête de l’OIF. Comment aborder le dossier de la Francophonie sans que ces histoires soient ramenées au premier plan ? Pourtant Michaëlle Jean devrait savoir qu’il n’est plus possible aujourd’hui de se comporter ainsi : elle ne fait que nourrir le cynisme qui mène au populisme. Pourquoi ne pas avoir agi de manière exemplaire ? D’autant que règne à l’OIF une atmosphère empoisonnée, de cour, à vrai dire. Accompagnée d’une opacité et d’un déni de la réalité. Rien qui permette de favoriser la motivation des troupes ni le débat qui mène à une prise de décision éclairée, essentiels dans un organisme qui représente en son coeur le Nord et le Sud, toute la diversité et la variété des francophones dans le monde.


Cette mauvaise gestion déteint sur l’ensemble de l’Organisation, son rôle, son fonctionnement, son influence. Que faire pour ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain ?


Pour exercer une réelle influence sur la scène internationale, particulièrement en Afrique où elle doit être écoutée, la fonction de secrétaire générale exige beaucoup de doigté et une grande expérience politique. Comme l’ont démontré, en leur temps, Boutros Boutros-Ghali — ancien ministre des Affaires étrangères de l’Égypte et secrétaire général des Nations unies — ainsi qu’Abdou Diouf — ancien premier ministre et président du Sénégal. Qualités que Mme Jean ne possède guère. Ses « discours creux », comme le souligne le site Mondafrique, ne suffisent pas. L’arrivée à son cabinet, la semaine dernière, de l’expérimenté diplomate français Hervé Ladsous, qui reprend en main le volet politique, palliera-t-elle in extremis la faiblesse de Michaëlle Jean ?


Car, pour le moment, elle n’est pas entendue et même sa crédibilité de communicatrice s’est évanouie. Lors de son passage récent à Paris, Philippe Couillard a tout fait pour garder ses distances. « S’il avait pu tenir la rencontre dans une garde-robe, il l’aurait fait », a justement noté Mario Dumont, tout en appuyant l’Organisation elle-même. Christian Rioux, de son côté, rappelait en ces pages que la Francophonie, sous Michaëlle Jean, est en panne.


À six mois du XVIIe Sommet de la Francophonie, les dirigeants ne devraient-ils pas se ressaisir et limiter les dégâts ? Pourquoi ne pas trouver une candidature issue du continent africain qui rallierait l’immense majorité des participants ? Philippe Couillard a affirmé récemment qu’il appuyait le renouvellement du mandat de la secrétaire générale puisqu’il n’y avait pas d’autre candidature. Appui mou s’il en est ! Les partis d’opposition auront de leur côté, à faire connaître leur avis, car le 1er octobre se tiendront des élections générales et le Sommet suivra… les 11 et 12 du même mois ! En cas d’un changement de gouvernement, celui-ci devra statuer sur le renouvellement du mandat de Michaëlle Jean ou participer à l’élection d’un nouveau secrétaire général dès son arrivée au pouvoir.


La réussite de la Francophonie revêt pour nous, Québécois, une importance particulière, car, comme le résumait Pierre Bourgault en 1997 : « Le français, s’il nous isole en Amérique du Nord, nous ouvre aussi tous les horizons à travers le monde. » Il faut donc ardemment se préoccuper de sa relance et de son avenir.


> La suite sur Le Devoir.



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