À plusieurs reprises, Nicolas Sarkozy a traité François Hollande de « menteur » et même de « petit calomniateur ». Ce qui a suscité cette réplique du candidat socialiste : « Calomnies, mensonges, vous n’êtes pas capable de tenir un raisonnement sans être désagréable avec votre interlocuteur ».
À quatre jours du second tour, les deux candidats à l’élection présidentielle française se sont livrés hier à un débat électrique de près de trois heures aux échanges très argumentés, souvent tendus et parfois même virulents. Le président Nicolas Sarkozy a été généralement pugnace, parfois même agressif, mais souvent à la peine et contrarié face à un candidat socialiste imperturbable, presque présidentiel, mais souvent terriblement incisif.
Malgré une belle combativité, Nicolas Sarkozy a visiblement traîné son bilan comme un boulet tout au long de la soirée. Quant au candidat socialiste, il est apparu beaucoup plus articulé que son image de président « normal » ou hésitant pouvait le laisser croire, même s’il a été mis en difficulté sur certaines questions.
Les deux candidats se sont particulièrement affrontés sur les causes du chômage, de la croissance en Europe, du nucléaire et de l’immigration. Mais, plus fondamentalement, c’est sur le style de la présidence que François Hollande et Nicolas Sarkozy se sont le plus distingués et que la collision a été frontale.
« Moi, président », risquent d’être les deux mots que retiendront les observateurs et les amateurs de petites phrases, comme celles qu’avaient prononcées en leur temps Valéry Giscard d’Estaing ou François Mitterrand. Abordant le style de la présidence, François Hollande s’est lancé dans une longue tirade dont chaque phrase commençait par les mêmes mots : « Moi, président de la République, je serai un président qui respecte les Français, les considères […]. Moi, je n’organiserai pas de collecte de fonds, je ne nommerai pas les membres du parquet. Moi, président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit à chaque instant exemplaire. Je ferai réformer le statut pénal du chef de l’État […]. Rien ne sera toléré. »
Visiblement déstabilisé, Nicolas Sarkozy s’est défendu bec et ongles en affirmant : « Votre normalité n’est pas à la hauteur des enjeux ». Et il a conclu, cinglant : « Je ne prendrai pas de leçons d’un parti politique qui a voulu se rassembler derrière Dominique Strauss-Kahn ! »
À plusieurs reprises, Nicolas Sarkozy a traité François Hollande de « menteur » et même de « petit calomniateur ». Ce qui a suscité cette réplique du candidat socialiste : « Calomnies, mensonges, vous n’êtes pas capable de tenir un raisonnement sans être désagréable avec votre interlocuteur ».
François Hollande a été à l’offensive lorsqu’il a accusé le président Nicolas Sarkozy d’avoir cédé devant la chancelière allemande, Angela Merkel, pendant la crise de l’euro et de ne pas avoir défendu la croissance. « Par rapport à l’Allemagne, vous n’avez pas tenu », a-t-il déclaré.
Nicolas Sarkozy a accusé son adversaire d’encourager le communautarisme, notamment musulman, en proposant de donner le droit de vote aux élections municipales aux étrangers établis depuis cinq ans en France (comme cela se fait dans d’autres pays européens). « Pourquoi laissez-vous supposer que les étrangers non européens sont musulmans ? », a répliqué François Hollande avant d’ajouter : « Sous ma présidence, rien ne sera toléré en termes de viande halal dans les cantines scolaires. »
Le candidat socialiste, qui se veut ferme dans la lutte contre l’immigration illégale, a été mis dans l’embarras lorsque le président a cité une lettre qu’il avait écrite à une ONG promettant que l’utilisation des centres de rétention pour les immigrants illégaux deviendrait l’exception. Nicolas Sarkozy a aussi accusé François Hollande de vouloir « mettre à bas le nucléaire » en France et « fermer 24 réacteurs » afin de faire plaisir aux verts, alliés des socialistes. Ce à quoi le Hollande a répliqué qu’il ne fermerait qu’une seule centrale, durant son mandat, celle de Fessenheim, la plus vieille de France.
La politique étrangère, reléguée à la fin de l’échange, a occupé la part congrue du débat et n’a pas suscité de grands affrontements. Après ces échanges virils, le président a rapidement quitté les studios, situés en banlieue parisienne. François Hollande, qui affichait un large sourire, a discuté avec les employés. À son arrivée, il s’était entretenu avec des ouvriers de l’automobile (PSA Aulnay) qui luttent contre des licenciements.
Les porte-parole de la droite et de la gauche se sont aussitôt félicités de la performance de leur candidat respectif. Renaud Dély du Nouvel Observateur, a célébré « l’avènement du cathodique président Hollande ». En 2007, le débat entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal avait réuni 20 millions de téléspectateurs. Celui d’hier pourrait atteindre les mêmes chiffres.
La plupart des experts s’entendent cependant pour dire que ces débats n’influencent le vote que marginalement. Si les derniers sondages publiés hier confirmaient un resserrement des intentions de vote, ils donnaient toujours une nette avance à François Hollande (53,5 %) sur Nicolas Sarkozy (46,5 %). Après Marine Le Pen qui a annoncé mardi qu’elle voterait blanc, ce sera aujourd’hui au tour du centriste François Bayrou (10 % au premier tour) de livrer ses intentions à ses partisans.
Le débat de la dernière chance
Un débat âpre et souvent virulent clôt la campagne présidentielle française
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