Pierre Gauthier congédié le jour du budget fédéral

Le coeur a ses raisons...

mais c'est la raison qui unit le sport, la politique et les médias à la bourgeoisie.

Chronique de Louis Lapointe

Pierre Gauthier, directeur général du Canadien de Montréal, vient tout juste d’être congédié le jour même de la présentation du budget fédéral à Ottawa.

Guy Carbonneau avait connu un sort semblable le jour où Henri-Paul Rousseau était venu s’expliquer devant la Chambre de commerce de Montréal au sujet des 53 milliards de dollars perdus par la Caisse de dépôt et placement. La télé de Radio-Canada avait consacré sa «une» de 18h au congédiement de Guy Carbonneau plutôt qu’à Henri-Paul Rousseau.

On se serait cru dans les meilleures années de Robert Bourassa. L’allocution d’Henri-Paul Rousseau devant la Chambre de commerce de Montréal ne méritait pas la une hier soir, alors qu’une nouvelle sportive concernant le Canadien de Montréal volait la vedette au bulletin de 18h. Les explications au sujet des 40 milliards $ perdus par la Caisse de dépôt et placement (CDPQ) ont laissé la place à la nouvelle du jour, au drame national qui se vivait alors dans toutes les chaumières du Québec, Bob Gainey venait tout juste de congédier Guy Carbonneau. La comédie des ratés

L’année suivante, à l’occasion du congédiement de Bob Gainey, j’avais critiqué à nouveau cette pratique du Canadien de Montréal initié à l’époque où Robert Bourassa était premier ministre du Québec et Serge Savard directeur général des Canadiens.


Il y a un peu moins d’un an, Bob Gainey, directeur général du Canadien de Montréal, congédiait son entraîneur-chef, Guy Carbonneau. Fait étrange, ce congédiement survenait le jour même de la très attendue allocution d’Henri-Paul Rousseau - ancien PDG de la Caisse de Dépôt et de Placements du Québec - devant la Chambre de Commerce du Montréal Métropolitain. (…)

Un hasard d’autant plus troublant, que l’actuel président du Canadien de Montréal – Pierre Boivin - est un grand ami de Michelle Courchesne, une importante ministre du cabinet de Jean Charest.(…)

Parce que Pierre Boivin a volontairement mélangé amitié, sport et politique, lui aussi devrait être remercié ! L'indécence de Pierre Boivin

Le congédiement de Pierre Gauthier est-il le fruit du hasard ou d'une savante diversion médiatique orchestrée le jour d'un budget fédéral qui risquait de braquer encore plus les Québécois contre le gouvernement conservateur de Stephen Harper?

Sans étonnement, une stratégie qui ressemble aux anciennes méthodes de Serge Savard, dont Geoff Molson, président du Canadien de Montréal, vient d'annoncer la nomination à titre de conseiller.

***

Après «Le cœur a ses raisons», voici «Les bobos» des bourgeois du Plateau, d’Outremont et de St-Lambert à Télé-Québec.

«C'est un groupe de personnes dont on entend beaucoup parler, mais dont on ne se moque pas beaucoup, a expliqué Marc Labrèche, mercredi. On avait envie de rire de nous-mêmes, de nos amis et de la direction de Télé-Québec!» Canoë

Les médias ont aussi leurs raisons qui souvent ne sont pas étrangères aux histoires d’amitié et de cœur qui s’y déroulent. Probablement un sujet que traiteront Marc Brunet, Marc Labrèche et Rafaële Germain dans un des épisodes de leur nouvelle série «Les bobos».

«Toutes les situations auxquelles ils seront exposés deviendront chaque fois trop compliquées et inconfortables, notamment à cause de leur volonté de placarder leur bon goût et leurs belles valeurs, annonce un communiqué diffusé hier au sujet des 26 épisodes de la saison 2012-2013.» Le Devoir


Le premier épisode pourrait très bien porter sur les belles valeurs d’une famille bourgeoise et ses relations avec les médias et les autorités politiques.

En voici les principaux protagonistes:

Marc Labrèche, un grand ami de Dominique Chaloult, -> la nouvelle directrice des programmes de TQ et l'épouse de Pierre Arcand, -> ministre libéral et ancien président de Corus. Dominique Chaloult est également la demi-sœur de l'écrivaine Rafaële Germain, -> script des «bobos» et fille de l'auteur à succès Georges-Hébert Germain et de Francine Chaloult, -> une attachée de presse très en vue au Québec et la sœur de la populaire animatrice Suzanne Lévesque, -> conjointe de François Macerola, -> candidat défait du parti libéral en 1998, président de la SODEC et un ancien de l’ONF, de Télé-film Canada et du Cirque du Soleil.

***

Bien que le cœur ait souvent ses raisons lorsqu'il s'agit du peuple, on se doute bien que c'est toujours la raison qui finit par unir le sport, la politique et les médias à la bourgeoisie.

La preuve que la bourgeoisie peut parfois rire d'elle, mais surtout de nous à la télévision d’État et dans les médias.

***

P.S. Sans surprise, le congédiement de Pierre Gauthier était la première nouvelle au TVA 17 heures animé par Pierre Bruneau. Même situation au TVA 22 heures avec un sondage à la carte sur le remplaçant que souhaitent les Québécois. Le téléjournal de 18h et celui de 22h à la SRC ont fait du budget fédéral leur première nouvelle.

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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11 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    1 avril 2012

    @ Luc Potvin
    Un gros merci pour nous rappeler tous ces évènements qui ont marqué notre courte histoire comme peuple. J'ose espérer que nous en tirerons des leçons pour l'avenir.
    André Gignac 1/4/12

  • Archives de Vigile Répondre

    31 mars 2012

    @ Monsieur Lapointe
    Merci bien de m'avoir signalé ce billet sur le site Repères.
    @ Monsieur Gignac
    Vous avez raison à propos des cheminées de la carrière Miron. Leur destruction a eu lieu le 17 avril 1988, l'après-midi, en même temps que la marche contre l'infâme loi 178.
    (http://lorrainecarpentier.wordpress.com/tag/cheminees-miron/)
    (http://grandquebec.com/montreal-histoire/cheminee-montreal/)
    En fait, une seule cheminée a été détruite ce jour-là, l'autre était trop solide et ne fut démolie que le 2 mai suivant.
    (http://archives.radio-canada.ca/sciences_technologies/ingenierie/clips/16701/)
    (Il y a une faute de frappe sur ce site, c'était bien mai et non mars).
    Selon les médias, à l'époque, pendant que 25 000 personnes défilaient pour la défense du français, le 17 avril, deux fois plus assistaient au spectacle des cheminées Miron, dans le quartier Saint-Michel. Mais on sait que, pour l'évaluation des foules, on ne peut jamais trop se fier aux médias.
    Il y aurait tant de bizarreries à relever, de supposées coïncidences toujours mises sur le compte du hasard. La crise d'Oka, par exemple, qui, en 1990, éclata tout juste deux semaines après le rejet de l'accord du Lac Meech et l'explosion de ferveur indépendantiste qui s'en était suivie. Je me rappelle qu'à l'époque, même Giles Proulx, à son émission de radio, censurait toute évocation d'un lien possible entre les deux événements.
    Autre bizarrerie : un jour, en mai 1993, durant la série finale de la Coupe Stanley entre le Canadien de Montréal et les Kings de Los Angeles, Réjean Tremblay, dans sa chronique de La Presse, nous présente celui qui était alors l'entraîneur des Kings comme «ce petit-cousin des frères Jacques et Paul Rose». En lisant cela, je sursaute quelque peu et me dit que ça va faire du bruit. Erreur. Dans les heures, les jours, les semaines qui ont suivi, rien dans les médias, aucune réaction, pas la moindre question, silence radio, néant.
    Bon, que les frères Rose aient un petit-cousin, cela, en soi, n'a rien d'extraordinaire. Mais quand un journaliste dit que ce petit-cousin est l'entraîneur des Kings de Los Angeles alors en ville, ne doit-on pas s'attendre au moins à quelques réactions ? Car ce n'est quand même pas tous les jours que l'entraîneur d'une équipe de hockey professionnel en visite chez nous s'adonne à être le petit-cousin d'individus qui, peu importe le bien ou le mal qu'en pensent les uns ou les autres, ont marqué l'histoire contemporaine du Québec. Je peux comprendre qu'on n'ait pas voulu déranger le dénommé Barry Melrose avec cela, mais on aurait quand même pu demander à Réjean Tremblay s'il était bien sérieux.
    Enfin, plus près de nous, en 2005, dans la foulée du scandale des commandites, il y a eu ces aveux extraordinaires de l'ancien directeur général de la section Québec su Parti libéral fédéral, Benoit Corbeil. Dans une entrevue à Radio-Canada, il confirmait le vol du référendum. Il admettait le fait qu'Ottawa avait accéléré le rythme des naturalisations afin de gonfler le nombre d'électeurs pour le NON et il en concluait que Jacques Parizeau avait eu raison.
    (http://archives.lautjournal.info/autjourarchives.asp?article=2247&noj=239)
    (http://archives.radio-canada.ca/politique/provincial_territorial/clips/12296/)
    (http://archives.vigile.net/05-4/souv-2.html#4)
    Je me rappelle qu'en entendant Corbeil vider son sac, je flottais, chose plutôt rare. Je me disais qu'en capitalisant sur ces aveux, nous n'aurions aucun mal à susciter chez les nôtres un rejet massif et total du régime fédéral. Le problème, c'est qu'on n'a pas capitalisé du tout. À peine deux jours plus tard, on n'en parlait plus. Là, toutefois, il faut dire que les médias ne sont pas les seuls en cause, loin de là. Pourquoi s'est-on tant empressé d'oublier les aveux explosifs de Benoît Corbeil ? Pourquoi a-t-on délibérément refusé d'en profiter ? Voilà, pour moi, l'un des plus grands mystères de notre histoire récente, l'un des rares dont je ne suis pas sûr que j'aimerais trouver la clé, même si je suis toujours convaincu que toute vérité, si déplaisante soit-elle, est bonne à connaître.
    Luc Potvin
    Verdun

  • Archives de Vigile Répondre

    31 mars 2012

    Le 11 septembre 2001 est également une diversion créée par l'élite.
    De distingués architectes et ingénieurs américains sont convaincus d'une complicité intérieure.
    http://www.ae911truth.org/
    Il ne faut pas oublier que l'élite politico-économique est de dimension internationale; les élites canadiennes, québécoises, américaines, françaises, britanniques, allemandes, bref de partout à part quelques petits îlots, c'est, comme on dit dans le langage courant, "toute la même gang".

  • Archives de Vigile Répondre

    31 mars 2012

    @ Luc Potvin
    Vous m'avez rappelé le souvenir de ces deux pannes d'électricité qui avaient vraiment frappé mon imagination. Je voudrais rajouter un incident qui s'est passé par un de ces deux dimanches que vous mentionnez dans votre commentaire. Vous rappelez-vous des deux fameuses cheminées de la cimenterie Miron ? La compagnie les avaient fait sauter par un dimanche (en 88 ou 89?) dans l'après-midi, la journée même des manifestations contre la loi 78. Autre curieux de synchronisme et autre belle diversion???
    André Gignac 31/3/12

  • Louis Lapointe Répondre

    31 mars 2012

    Je reproduis ici des félicitations bien méritées destinées à Luc Potvin provenant de la rédaction du site «REPÈRES».

    L.L.
    «Merci M. Potvin, de Verdun, de nous rappeler ces quelques faits divers historiques. Il étonnant qu'à chaque fois qu'on relève la tête pour marcher en direction d'une porte de sortie, cherchant à secouer le carcan de la domination qui pèse sur nos épaules, voilà que le ciel fédéraliste/colonialiste/conspirationniste nous tombe dessus. Et vient faire diversion.
    Avouons que ce clan - fédéraliste - est soudé à la vie, à la mort, qu’il s’agisse des hautes sphères du Canadien de Montréal, ou d’Air Canada à travers son conseil d’administration constitué d’un puissant lobby d’avocats anti-Québec(ois), ou bien du Canada anglo-saxon-allo, en général, ou encore du gouvernement à Ottawa, peu importe qu'il soit bleu. orange ou rouge, toutes couleurs confondues, ou enfin du gouvernement libéral à Québec, plogué mur-à-mur sur tout ce qui peut réduire et rapetissé le peuple québécois, en même temps qu'il a l'oeil sur l’éventail de nos ressources abondantes, s’apprêtant à brader ces richesses pour les offrir à ses maîtres et amis.»
    http://memo-ire.blogspot.ca/2012/03/je-me-souviens-quen-1988-et-1989-sous.html

  • Archives de Vigile Répondre

    31 mars 2012

    Monsieur Lapointe
    Dans mon dernier message, j'avais oublié de mentionner dans ma liste d'organismes antiquébécois, (Radio-Canada, le PLC, le PLQ et les Canadiens de Montréal), le nom de La Presse de Gesca, notre Pravda québécoise.
    André Gignac 31/3/12

  • Archives de Vigile Répondre

    31 mars 2012

    Monsieur Lapointe
    Tous ces congédiements que vous mentionnez (curieux de "timing"!) pour noyer en même temps une grosse nouvelle difficile à avaler pour les Québécois, je m'en rappelle comme si c'était arrivé hier. Une grosse diversion pour noyer le poisson quoi! Radio-Canada, le PLC, le PLQ et les Canadiens de Montréal = même combat contre le Québec comme disait avec vérité Pierre Falardeau. Incroyable comme nous sommes manipulés par les médias au Québec; il ne nous manque que la Pravda.
    André Gignac 31/3/12

  • Archives de Vigile Répondre

    31 mars 2012

    Non, le lien avec l'arrivée de Savard il faut le mettre sur le compte du retour présumé des Nordiques.
    Tout d'un coup, il devient étrangement important de s'assurer que le directeur général parle français, et l'entraîneur chef aussi.
    Savard quand il était directeur général s'assurait de pouvoir choisir les francophones de talent disponibles.
    Contrairement à Gainey qui de toutes manières est toujours incapable de prononcer une seule phrase complète en français qui soit compréhensible.
    Alors retour des Nordiques = retour du français au Bell Center Montrial.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mars 2012

    Je me souviens qu'en 1988 et 1989, sous Bourassa II, la SSJBM avait organisé deux grandes marches contre la loi 178 qui ramenait une certaine dose de bilinguisme dans l'affichage commercial. Ces deux grandes marches, chaque année, avaient eu lieu à Montréal, un dimanche après-midi, et, dans les deux cas, cela avait été un succès monstre, il y avait eu des dizaines de milliers de marcheurs.
    En 1988, la grande marche contre la loi 178 eut lieu le dimanche 17 avril (http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/20415.html). Le lendemain lundi 18 avril, comme par hasard, le Québec tout entier a subi une panne générale d'électricité de plusieurs heures (http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/20417.html).
    Bof, dira-t-on. Faut pas voir des complots partout, quand même.
    D'accord, bof. Mais le hic, c'est que, l'année suivante, 1989, l'autre grande marche contre la loi 178 eut lieu le dimanche 12 mars (http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/21715.html) et le lendemain lundi 13 mars, à quoi eumes-nous droit, pensez-vous ? Eh oui ! Une nouvelle panne générale d'électrité dans tout le Québec (http://archives.radio-canada.ca/c_est_arrive_le/03/13/) !
    Une fois, OK, bof, ça va. Mais exactement le même coup deux années d'affilée, là, ça devenait plutôt obscène, non ? Car, faut-il le préciser, une panne générale d'électricité, c'est très gros et, dans les médias, ça vous éclipse vite un manif pour le français !
    Toujours est-il qu'en 1989, Hydro-Québec accusa le soleil, un astre qui, comme chacun sait, a le dos large. Le mardi 14 mars, l'un des deux quotidiens auxquels j'avais téléphoné la veille pour signaler l'étrange coïncidence avait donné à son petit article un titre du genre « Le réseau hydro-électrique serait-il allergique aux manifs pour la défense du français ?». Était-ce La Presse ou le Journal de Montréal ? Le Journal de Montréal, je crois bien.
    Tout cela pour dire que nos ennemis ne négligent vraiment rien quand il s'agit pour eux d'occulter ce qui les embarrasse.
    Luc Potvin
    Verdun

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mars 2012

    Serge Savard est près des Conservateurs. Un lien?
    Dur à dire.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 mars 2012

    Bien vu monsieur Lapointe.
    Sachant que la riche élite capitaliste de la finance et des affaires qui contrôle nos gouvernements ne vit que par des magouilles continuelles, ce que vous dites est vrai.
    Il y a plus que du hasard là-dedans.
    Surtout que le budget fédéral va encore davantage "pleumer" les gens ordinaires au profit de cette riche élite de la finance et des affaires.