Le code de vie d’Hérouxville : « Un épiphénomène ? »

Tribune libre - 2007


Il y a peu, suite à l’intervention d’un participant à la commission
Bouchard-Taylor lors de ses rencontres montréalaises, M. Bouchard a
qualifié le code de vie Hérouxvillois de dérive xénophobe et d’épiphénomène
non significatif dans le débat actuel. Or, si je me souviens bien de ce
que mes professeurs de philosophie m’ont enseigné à une certaine époque de
ma vie, il s’agirait, dans le cas cité plu haut, d’un phénomène secondaire
sans importance ou périphérique, et qui n’a pas d’incidence sur le
phénomène débattu, à savoir les accommodements raisonnables.
Voilà qui ne peut que nous surprendre, attendu que ladite « Commission sur
les accommodements raisonnables » a vu le jour suite à la publication du «
Code de vie de la municipalité d’Hérouxville » et que messieurs Bouchard et
Taylor se sont vus mis à sa tête afin de prendre le pouls de la population
québécoise sur cette question. Ou bien monsieur Bouchard n’a pas compris ce
qu’il faisait à la coprésidence de la commission qui porte son nom, ou bien
il outrepasse son mandat en intervenant pour orienter le débat dans une
direction qui va dans le sens de ses propres idées sur le sujet, ou bien il
est tout simplement incompétent.
À de trop nombreuses reprises a-t-on vu ce dernier couper la parole à des
individus dont il considérait les propos de racistes ou de xénophobes quand
il ne les a pas tout simplement chassés du micro, ou encore, a-t-il laissé
la parole à des immigrants dont les propos acerbes et acrimonieux ne
méritaient pas davantage sa « tolérance ».
Point n’est besoin d’être très
perspicace pour subodorer la tendance au mépris de monsieur Bouchard à
l’endroit des Drouin et Thompson et de leurs idées. Il n’est que de se
rappeler avec quelle mauvaise foi il a tenté, lors de leur participation à
la commission au cours de son passage à Trois-Rivières, de leur faire
parler de lapidation et de sacrifice de femmes par le feu au Québec ou au
Canada. C’est avec une insistance gênante pour le public et les auditeurs
télé dont j’étais qu’il a tenté de noyer le débat en s’égarant sur des
questions complètement en dehors du sujet et qui n’apportaient rien de
constructif. Son acolyte non plus n’a pas fait preuve de grande
clairvoyance en insistant sur un éventuel patient hospitalisé qui n’aurait
pas voulu manger de porc ! Est-ce là tout ce dont ces deux supposés « super
intellectuels » sont capables ?
Franchement, je suis déçu, voire scandalisé, et à bon droit, considérant
ce que nous coûtera cette commission qui devait se dérouler dans la plus
complète objectivité et dont on s’attendait à ce que les débats soient
orientés sur l’écoute, le dialogue et le respect des différences. Je suis
d’accord pour que tout un chacun puisse venir dire ce qu’il pense et
exprime « sa » vérité. Je ne suis cependant pas obligé d’être d’accord à
chaque fois avec ce qui est énoncé. Une commission publique laisse la
parole au public, c’est-à-dire au peuple. « Vox populi, vox Dei ». Demandez
aux politiciens, ils vous répondront qu’on n’y échappe pas. Dans les pays
démocratiques à tout le moins. C’est en tout cas ce qui devrait orienter la
pensée d’un sociologue et d’un philosophe. Ce n’est pas à ça que j’ai
assisté à de trop nombreuses reprises. Je m’attendais à ce que cette
consultation populaire soit l’occasion d’un dialogue orienté sur l’écoute
véritable, la compréhension et le respect.
Or, elle a été l’occasion de trop nombreuses dérives idéologiques, de
débats stériles, de jugements erronés et d’agenda nébuleux de la part des
deux commissaires. Ils ont perdu ma confiance et je ne crois pas qu’il en
sortira quoi que ce soit de très utile, sinon le constat de l’échec de nos
élites à se montrer à la hauteur de leur mission d’éducation, de leur
manque de reconnaissance envers la nation qui leur a donné une identité
qu’ils refusent de partager avec la masse laborieuse que constitue le
peuple et d’où émerge infailliblement identité, fierté nationale et
culturelle, courage devant l’adversité et désir d’appartenance.
Claude G. Thompson
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2 commentaires

  • Claude G. Thompson Répondre

    6 décembre 2007

    Cher monsieur Joachim Lambert, merci pour votre commentaire au sujet de mon article. Toutefois, je ne voudrais pas commettre de crime de lèse-appropriation envers monsieur Bernard Thompson qui est l'auteur du "Syndrome Hérouxville ou les accommodements raisonnables.
    Claude G.Thompson

  • Joachim Lambert Répondre

    6 décembre 2007

    Bonjour monsieur Tompson,
    J'ai vraiment apprécié votre article, tout comme d'ailleur votre petit livre sur le syndrome Hérouxville : très éclairant.
    Comme vous le savez déjà, ce n'est pas la première fois que les élites trahissent les leurs. Depuis Lafontaine qui invita les Canadiens (les Canadiens-Français) à se considérer comme des "Canadians" en passant par Laurier puis, bien entendu jusqu'à messieurs Trudeau et Chrétien, tous, ont toujours été élu pour représenter leur groupe d'appartenance, mais, une fois au pouvoir, par souci de "justice" pour les autres ethnies, n'ont jamais pris fait et cause pour leur peuple. Lionel Groulx, en homme lucide, l'avait très bien compris. Et, sur ce plan, rien n'a changé sous le soleil. Il n'y a pas de pire ennemi du peuple frankois (les Québécois-Francais), que sa propre élite.
    Au sujet de monsieur Gérard Bouchard, que dire d'un homme qui a suggéré de changer le drapeau et la devise du Québec, que peut-on attendre d'un tel homme au niveau de la survivance? Rien. Absolument rien, sinon qu'il travaille à nous faire accepter notre reniement de soi encore tellement populaire malgré le phénomène Hérouxville, au nom de la liberté de la religion des droits de l'homme. Monsieur Bouchard est un fossoyeur d'identité qui cherche à réaménager notre décadence provoquée et assumée. Il a décidé de justifier intellectuellement notre disparition tranquille; il a rejoint le clan de Lord Durham. Comme la presque totalité de nos élites politiques, intellectuelles et journalistiques. Le fait que les Frankois soient actuellement un peuple coincé et en sursis ne le préoccupe absolument pas, c'est le dernier de ses soucis. La vie collective est un combat, hors, ce genre d'homme n'a pas le courage pour vivre dans l'honneur. C'est une qualité qui leur est étrangère. Pour eux, mieux vaut vivre dans le déshonneur et mourir à petit feu comme si de rien n'était, que de vivre de manière volontaire et héroïque en assumant envers et contre tous notre identité.
    Tout comme monsieur Jean Charest qui, devant le fait que l'île de Montréal est maintenant majoritairement anglophone, ne l'empêche pas de faire passer l'immigration de 45 000 à 55 000 individus par année au nom de l'économie. Ces nouvelles statistiques doivent vraiment le réjouir, lui qui, le soir de sa première victoire électorale, s'est dirigé de sa circonscription à Sherbrooke à Westmount pour fêter avec ses amis qui le comprennent bien. Comme l'a si bien déjà dit Cristos Sirros, anciennement du PLQ : attendons, ce n'est qu'une question de temps avant que les Frankois deviennent minoritaires et moribonds dans leur propre pays; à ce moment-là, l'indépendance ne sera plus possible.
    Mais peut-être qu'un jour, pas si lointain, la Providence interviendra-t-elle pour venir à la rescousse de la fidélité frankoise.
    Joachim Lambert