Le Canada, l'allié le plus fidèle d'Israël

"Libérez Gaza" - 1ère Flottille humanitaire - le "Mavi-Marmara" -


Alec Castonguay Ottawa — Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, n'a pas quitté le Canada aussi rapidement que ce que l'on aurait pu croire hier. En fait, il a effectué l'essentiel de sa visite à Ottawa, démontrant ainsi à quel point le gouvernement Harper est devenu un allié précieux et apprécié par Israël.
Hier matin, pendant que la communauté internationale réagissait fortement à l'attaque meurtrière de l'armée israélienne contre la flotte de six navires humanitaires en route vers la bande de Gaza, Benjamin Nétanyahou et Stephen Harper se rencontraient calmement dans le bureau du premier ministre canadien au Parlement.
La réunion, prévue de 10h à 11h, n'a pas été annulée, au contraire. Plutôt que de rencontrer les journalistes pour un point de presse commun à 11h15, les deux hommes ont poursuivi leur tête-à-tête, invitant plusieurs ministres du gouvernement Harper à se joindre à la réunion. M. Nétanyahou a quitté le bureau de Stephen Harper seulement à 12h44, soit plus tard que prévu et près de 2h30 après avoir annoncé publiquement qu'il devait rentrer d'urgence en Israël pour gérer la crise.
La veille, dimanche, les deux hommes ont passé l'après-midi ensemble au 24 Sussex, en compagnie de leurs épouses.
Autre signe des liens plus étroits qui lient le gouvernement Harper et l'État hébreu: Nétanyahou a préféré visiter le Canada une journée avant son allié traditionnel, Washington. Un fait rare. C'est donc la rencontre d'aujourd'hui à la Maison-Blanche qui a été annulée.
De plus, le séjour de Benjamain Nétanyahou au Canada était le premier par un chef d'État israélien depuis Yitzhak Rabin, en 1994. Tous ces gestes ont une importance diplomatique.
«Depuis que Stephen Harper a pris le pouvoir, le Canada a abandonné son rôle d'arbitre neutre au Moyen-Orient et a adopté une position pro-israël», explique Julien Saada, coordonnateur de l'Observatoire sur le Moyen-Orient de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l'UQAM. «Les États-Unis, sous l'administration Obama, sont restés un fidèle allié d'Israël, mais ils ont été plus durs récemment, notamment sur l'expansion des colonies. Ça n'a pas été le cas au Canada. Le gouvernement Harper veut être un allié inconditionnel d'Israël.»
Julien Saada n'a donc pas été étonné de voir la réponse très mesurée du Canada à l'offensive israélienne hier. De fait, la réaction canadienne a été l'une des plus douces de la communauté internationale.
Pendant que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, se disait «choqué» par l'attaque qui a fait une vingtaine de morts et que le président français, Nicolas Sarkozy, affirmait que l'action de l'État hébreu était «disproportionnée», Ottawa y allait d'une courte phrase: «Le Canada regrette profondément les pertes de vie et les blessures causées dans cet incident», a soutenu Stephen Harper, qui a dit chercher davantage d'informations «afin de faire la lumière sur ce qui s'est passé exactement». Rien d'autre n'a été ajouté dans la journée.
Une déclaration très semblable à celle de la Maison-Blanche (Obama et Harper se sont d'ailleurs parlé de la situation hier), à la nuance près que Washington souhaite une enquête pour tout connaître de la tragédie. L'Europe a également exigé une enquête, mais indépendante.
Un allié inconditionnel
Dans l'entourage du premier ministre Nétanyahou, on considère maintenant le Canada comme l'allié le plus fidèle d'Israël. Une voix presque sans critique dans un monde qui a parfois durement rabroué les actions de l'État hébreu, notamment lors des offensives au Liban (2006) et dans la bande de Gaza (2008). Ottawa avait été le seul pays à trouver l'offensive de Tsahal au Liban «mesurée».
Ce n'est pas pour rien que l'organisme activiste juif B'nai Brith vient de lancer une campagne de publicité pour féliciter le gouvernement Harper de son appui «inconditionnel» à Israël.
Il faut dire que Stephen Harper est allé plus loin que n'importe quel premier ministre canadien avant lui lorsqu'il a déclaré, quelques mois après son arrivée au pouvoir, qu'une attaque contre Israël serait considérée «comme une attaque contre le Canada».
La fin des subventions à certains organismes canadiens qui critiquent Israël et la crise à Droits et Démocratie montrent également à quel point l'appui à l'État hébreu a pénétré la pensée du gouvernement dans les derniers mois.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, et le leader du NPD, Jack Layton, soutiennent que le Canada devrait exiger une enquête indépendante. Gilles Duceppe aurait aimé une réponse plus ferme du Canada hier. «C'est le pire service à rendre à des amis que de ne jamais critiquer les décisions d'un autre pays, a-t-il dit. On peut critiquer des décisions du gouvernement israélien sans être contre l'Israël.»
Le chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff, a dit «regretter les pertes de vies», mais n'a pas exigé une enquête internationale. «Nous reconnaissons à Israël le droit de se défendre, mais dans cette région, il est important que la réponse à des menaces à la sécurité soit mesurée», a-t-il simplement dit dans un communiqué de presse.


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