Une remontée libérale au Québec?

Le cadavre encore chaud des libéraux

L'abstention est-elle une solution?

Chronique de Louis Lapointe

Aux dernières nouvelles, les libéraux effectuaient une importante remontée dans les sondages. Ils seraient à 27 % dans les intentions de vote des Canadiens, à quelques points seulement des conservateurs qui sont maintenant à 31 % dans la faveur populaire, donc en position d’espérer former un gouvernement minoritaire si leur progression se poursuivait à l’occasion de la longue fin de semaine de l’Action de Grâce.
Alors que de nombreuses familles se réuniront autour de la traditionnelle dinde, plusieurs discussions porteront certainement sur les intentions de vote de chacun. Les lecteurs de Vigile se demanderont s’ils doivent voter Bloc ou ne pas voter. Pendant ce temps, d’autres lecteurs, certainement ceux de la Gazette et peut-être ceux de la Presse, se demanderont s’ils doivent voter pour les conservateurs ou les libéraux, car ces électeurs voteront.
Voter utile ou voter stratégique? Avec la remontée qu’effectuent présentement les libéraux, il n’y aura plus beaucoup de fédéralistes au Québec qui s’interrogeront sur la nécessité de voter pour le Bloc. Je suis même prêt à parier que les libéraux déçus par le scandale des commandites qui ont voté pour les conservateurs en 2006 et qui s’apprêtaient à voter du bon bord ou Bloc pour bloquer les conservateurs cette fois-ci, voteront tous libéral. Plusieurs comtés qui avaient été ravis aux libéraux par les bloquistes risquent donc de retourner dans le giron libéral, surtout si les indépendantistes ne vont pas voter le 14 octobre prochain. Ces électeurs fédéralistes s’apprêteraient donc à ressusciter le cadavre encore chaud des libéraux!
Alors que les dessous du scandale des commandites ne sont pas totalement élucidés, plusieurs Québécois pourraient bientôt décider de pardonner aux libéraux tous leurs écarts passés. Une visite de deux ans dans le purgatoire de l’opposition officielle serait une punition suffisante pour ceux qui ont piloté le vol du référendum de 1995 et ont voulu anesthésier les Québécois grâce à leur généreux programme de commandites qui a surtout servi à garnir les coffres du Parti libéral du Canada! Que libéraux ou conservateurs soient portés à la tête du Canada mardi prochain ne changera pas grand-chose au triste sort du Québec. Les premières victimes de tous les gouvernements fédéraux élus au Canada depuis l’avènement de la fédération canadienne en 1867 ont toujours été les Québécois. Conscription et Labrador sont des mots qui résonnent fort!
Dans un passé plus récent, les conservateurs ont brillé par leur incapacité à livrer la marchandise promise alors que les libéraux se sont illustrés par leur hâte à rompre toutes leurs belles promesses faites aux Québécois pendant les campagnes électorales. La Loi constitutionnelle de 1982 et la Loi sur la clarté sont des initiatives qui ont immédiatement suivi l’élection de gouvernement libéral majoritaire. L’élection d’un gouvernement minoritaire, libéral ou conservateur, s’avère donc la meilleure protection contre toutes les tentatives du Canada d’affaiblir davantage le Québec. Or, un vote pour le Bloc pourrait certainement y contribuer.
Bien sûr, le Bloc n’est pas une solution à long terme, tous les indépendantistes le reconnaissent, puisqu’ils savent que l’indépendance est la seule solution viable au péril canadien qui guette le Québec. Mais d’ici là, laisser le chemin libre à tous ceux qui ont floué les Québécois parce que nos principes nous interdisent de voter à Ottawa, ne risque-t-il pas de plus nuire que d’aider le Québéc?
Le Bloc constitue la meilleure protection des Québécois contre la menace fédéraliste à Ottawa d’ici à ce qu'ils décident de se donner majoritairement un pays. Voter Bloc n’est donc pas un vote de contestation, pas plus qu’il est un vote de grève ou toute autre mesure syndicale visant à ennuyer l’adversaire, comme ses principaux détracteurs se plaisent à dire, mais bien une mesure transitoire garantissant aux Québécois un minimum de sécurité d’ici à ce que le Québec accède à son indépendance politique. Le Bloc est une solution politique temporaire contre la menace fédéraliste qui guette continuellement le Québec. II est en quelque sorte notre paratonnerre à Ottawa, ni plus, ni moins !
Louis Lapointe
Le 10 octobre 2008

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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1 commentaire

  • Michel Guay Répondre

    10 octobre 2008

    En récoltant 42% le Bloc ne fait même pas le plein référendaire et multipartis à 49% .
    Les fédéralistes de l'extrème droite Harper ou des malhonnêtes des Commandites de la gang à Dion C20 ne votent donc pas Bloc mais Vert-May ou NPD-Layton .
    Si le vote Bloc montait à 52% alors nous pourrions parler de fédéralistes qui votent BLOC