Le balancier québécois

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L'effondrement du PQ pourrait bénéficier au Bloc québécois


Après la saga Martine Ouellet, avec un vaudeville de démissions et de déclarations gênantes, vous aviez enterré le Bloc ? Peut-être un peu tôt. Les choses changent vite en politique. Le dernier sondage Léger nous le rappelle.


La remontée du Bloc n’est pas banale. Le Bloc a rejoint les conservateurs au deuxième rang des intentions de vote avec 21 %. Le Bloc s’adresse très peu aux électeurs non francophones et ne gagnera jamais de siège en dehors des circonscriptions francophones. Or dans cet électorat francophone, le Bloc atteint 26 %, ce qui le place seul au deuxième rang... et à peine 7 points derrière les libéraux de Justin Trudeau, les meneurs.


Si je voulais en rajouter sur la position assez enviable du Bloc, j’ajouterais que les résultats de sondage de ce parti sont sur une pente ascendante. La probabilité est donc qu’à moins d’un événement qui renverse la tendance, le prochain coup de sonde sera encore plus favorable.


Arrivée réussie


Yves-François Blanchet a réussi sa rentrée. Il n’a vraiment rien fait de révolutionnaire. Sauf qu’après une année aberrante comme celle qu’avait vécue le Bloc, le seul fait de réussir correctement le jeu de base fait beaucoup de bien.


Le nouveau chef a accompli les choses simples, mais fondamentales. Il a réunifié ce caucus qui avait éclaté dans toutes les directions. Il a redonné au Bloc un message politique de base et rappelé sa raison d’être. Il a présenté à travers ses interventions l’image d’un leadership sérieux et compétent. Et il a redonné l’espoir aux militants que le Bloc sera un joueur crédible dans la prochaine bataille.


Vous croyez que la débandade du Parti québécois annonce une élection aussi catastrophique pour le Bloc ? Attention ! L’histoire des élections au Québec nous montre plutôt une tendance contraire. Aux élections québécoises et fédérales, nous votons plutôt dans un mouvement de balancier et de contrepoids, plutôt que dans une logique de continuité.


Trudeau vs Lévesque


Les Québécois n’ont-ils pas donné la quasi-totalité des sièges à Pierre Elliott Trudeau, le fédéraliste centralisateur, et en même temps mis René Lévesque au pouvoir à Québec ?


On vote NON au référendum du PQ en 1980... puis l’année suivante, on reporte le PQ plus fort au pouvoir. Les Québécois n’aiment pas mettre tous leurs œufs dans le même panier.


Robert Bourassa aimait dire que les Québécois ne voulaient pas faire la souveraineté, mais ne souhaitaient pas voir mourir l’idée non plus. On préférait garder l’option « dans notre manche », selon ses mots. Une autre façon de parler de l’ambiguïté nationaliste de notre peuple.


Vu sous cet angle, on pourrait penser que la déconfiture du PQ pourrait même jouer en faveur du Bloc. Si les Québécois ont abandonné le PQ, remplumer un peu le Bloc pourrait devenir une façon de garder la souveraineté dans notre manche.


Malgré l’embellie, le Bloc demeure hautement fragile. Après une décennie dans la marginalité, il faudra convaincre la population de l’utilité de cette option d’opposition éternelle.