La surprise de Londres

Crise économique mondiale - Sommet du G20 de Londres - avril 2009



Les chefs d'État réunis à Londres pour le sommet du G20 ont déjoué les observateurs. Au terme de leurs délibérations, ils sont arrivés à une entente substantielle, avec des mesures précises, et surtout, un consensus sur les stratégies à adopter pour lutter contre la crise et faire en sorte que cela ne se reproduise plus. Il s'agit très certainement d'un succès, et peut-être même d'un tournant.
Est-ce que les progrès réalisés à Londres permettent de parler de l'émergence d'un nouvel ordre mondial? Méfions-nous des formules ronflantes. Mais on peut dire que le leadership des chefs d'État donne au monde des outils pour lutter contre les cercles vicieux de la récession. Cela ne réglera pas tout. Toutefois, la direction est la bonne et l'élan donné par ce sommet pourra aider à restaurer la confiance, une condition essentielle à la reprise.Le communiqué final de ce sommet international, d'habitude une platitude rédigée à l'avance, est cette fois-ci d'une étonnante précision: mesures de stimulation, nécessaire soutien aux pays en voie de développement, lutte au protectionnisme, assainissement des institutions financières pour redonner vie au crédit, renforcement du contrôle sur les institutions financières, notamment les hedge funds, guerre contre les paradis fiscaux, contrôle de la rémunération des dirigeants financiers, injection de plus de 1000 milliards, surtout pour renforcer le rôle du Fonds monétaire international.
Cette entente n'est évidemment pas allée sans tiraillements et négociations de coulisses. Avant la rencontre, deux positions semblaient s'affronter. D'un côté, les Américains et les Britanniques, pour qui la priorité devait être l'accélération des politiques de stimulation économique. Et de l'autre, les pays européens, surtout la France et l'Allemagne, qui mettaient l'accent sur le renforcement des mécanismes de réglementation du secteur financier.
Le communiqué final est indéniablement plus européen, parce qu'il n'impose pas aux pays membres des efforts additionnels de stimulation. Cela reflète en partie le fait que les Américains sont moins intransigeants et font preuve, comme l'a dit le président Obama, de plus d'«humilité». Et au fait que les États-Unis, à l'origine du désastre, sont mal placés pour imposer leurs façons de faire.
Mais les désaccords étaient moins profonds qu'on voulait bien le croire. Parce que les deux approches ne s'opposent pas, elles sont complémentaires, et même indissociables. Entre autres, parce que les mesures de relance ne donneront pas leur plein effet si on ne parvient pas à rétablir la santé des marchés financiers et à restaurer le crédit.
En outre, si les Américains privilégiaient la relance, c'est en raison de leur méfiance à l'égard de mécanismes d'encadrement supranationaux qui menacent leur souveraineté, et certainement pas parce que l'administration Obama ne veut pas mettre le monde financier au pas.
On peut également se permettre un optimisme prudent parce que le G20 ne se limite pas à l'organisation de sommets que l'on oublie dès que les leaders rentrent chez eux. Depuis l'automne dernier, cet organisme est devenu une véritable machine, avec des comités qui travaillent sans relâche et des mécanismes de coordination entre pays.
Il est remarquable qu'un programme aussi ambitieux ait recueilli l'appui de puissances économiques si disparates. Si le G8 est le club privé des pays riches, le G20, une idée de Paul Martin, s'est élargi à la Russie, la Chine, l'Inde, et plusieurs autres pays émergents. La composition du G20 reflète la transformation de l'économie mondiale.
Le fait que ces pays aient réussi à s'entendre sur des valeurs et une stratégie commune revêt un caractère historique. Les dirigeants des grandes puissances économiques s'ajustent à un monde qui a changé et commencent, pour la première fois, à vraiment penser en termes globaux.


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