La souveraineté et rien d'autre

Dans son texte, M. Bernard propose «que le PQ précise le plus explicitement possible dans son programme la manière dont se fera la souveraineté, afin que la population ait l'assurance que la transition pourra se faire correctement».

PQ - stratégie revue et corrigée


Paul Roy - À l'heure où certains péquistes songent à se défaire du boulet de la souveraineté, Louis Bernard propose exactement le contraire : se défaire de tout le reste pour ne conserver que la souveraineté.
Dans une [lettre publiée aujourd'hui dans La Presse->5784], l'ancien haut fonctionnaire et conseiller de René Lévesque et Jacques Parizeau, candidat défait à la succession de Bernard Landry en novembre 2005, propose que le Parti québécois s'engage à tenir un référendum sur la souveraineté immédiatement après une victoire électorale.
Les prochaines élections seraient dès lors «pré-référendaires». «Le PQ demanderait aux électeurs de ne pas voter pour lui s'ils ne sont pas prêts à faire l'indépendance», écrit M. Bernard.
La question référendaire serait simple : «Acceptez-vous que le Québec devienne un pays souverain et indépendant ? Oui ou Non.»
Et si une majorité d'électeurs cochaient «Non», le gouvernement n'aurait pas le choix de démissionner, s'étant refusé «d'avance et explicitement à gouverner le Québec-province».
En entrevue, M. Bernard, un poids lourd intellectuel au PQ, explique qu'il s'agit là de «la meilleure stratégie pour faire le meilleur score possible la prochaine fois». «Si on discarte la souveraineté pour miser sur l'autre carte (social-démocratie, bon gouvernement), à mon avis, on commet une erreur stratégique importante. Je pense qu'on va aller chercher plus de votes en misant sur la souveraineté qu'en misant sur la social-démocratie.»
- Peut-on gagner à court terme avec un tel programme?
- Pas la prochaine (fois), là. Mais quand on a fondé le Parti québécois, on ne pensait pas gagner du premier coup non plus. Mais je vous dirais qu'à l'élection suivante, on a d'excellentes chances de gagner. Parce que la clientèle souverainiste est beaucoup plus grande que n'importe quelle autre pour le PQ. Et je pense que c'est là-dessus qu'il faut miser.
Dans son texte, M. Bernard propose «que le PQ précise le plus explicitement possible dans son programme la manière dont se fera la souveraineté, afin que la population ait l'assurance que la transition pourra se faire correctement».
«Il faudra dire clairement qu'après un référendum gagnant, le Québec ne deviendra pas souverain instantanément, du jour au lendemain, mais qu'au contraire, il y aura une période de négociation avec le reste du Canada (à laquelle celui-ci est d'ailleurs contraint par la Cour suprême) pour assurer une accession ordonnée à la souveraineté.»
Selon M. Bernard, le parti de René Lévesque a perdu du temps qu'il aurait mieux employé à parler de souveraineté. «Si on avait travaillé là-dessus, on serait plus avancé. Mais comme ça fait longtemps qu'on ne parle plus de souveraineté, on ne peut pas penser que ça va se faire du jour au lendemain, instantanément. Mais si on ne prend pas cette carte-là, il n'y en aura pas beaucoup, de députés du PQ, après la prochaine élection.»
- Une telle réorientation nécessite-t-elle un changement de chef?
- Non, pas du tout. J'ai appuyé M. Boisclair, il a fait une excellente campagne et je ne pense pas qu'il devrait démissionner.
- Et s'il le faisait ?
- Je ne fais pas ça dans cette perspective-là du tout (rires).
Selon Louis Bernard, qui a 69 ans, le PQ est à la croisée des chemins. «Il (le PQ) doit dire : Si je suis élu, je vais faire la souveraineté, j'ai été créé pour ça. Si vous n'êtes pas prêts à la faire, ne votez pas pour nous. Quand vous serez prêts, vous voterez pour nous.' Donc, on ne s'obstine plus à savoir la date du référendum, ce sont les citoyens qui vont en décider.»
Bernard Landry
De son côté, l'ancien premier ministre Bernard Landry considère que l'indépendance du Québec et la promesse d'un référendum doivent toujours être au coeur de la plateforme du PQ. Mais il faut une «assurance morale» et des «conditions gagnantes» pour le gagner, a dit en entrevue M. Landry sur les ondes de TVA.
La semaine dernière, M. Landry affirmait sur les ondes de Radio France que les péquistes devaient se soumettre à une profonde réflexion, «qui inclut le leadership». Hier, il a dit qu'André Boisclair avait raison de rester à la tête du PQ. «Il a fait la démonstration de qualités indiscutables et il a fait la démonstration qu'il pouvait s'améliorer. Et s'il l'a déjà fait, ça veut dire qu'il peut le faire encore.»
Selon M. Landry, André Boisclair a fait «campagne remarquable», mais des gens ont été séduits par d'autres partis.
«Si les souverainistes de Québec solidaire avaient voté pour le PQ, le PQ serait au pouvoir minoritaire (...) et il y a des souverainistes à l'ADQ», a-t-il ajouté.
De la performance du Parti libéral, il a dit : «Sans nos compatriotes anglophones et allophones, qui ont voté traditionnellement - la plupart d'entre eux, pas tous - , pour le Parti libéral, le parti de Jean Lesage serait marginal aujourd'hui.»
En conclusion, M. Landry a tourné en ridicule la rumeur l'envoyant à Ottawa, à la tête du Bloc.
Avec la collaboration d'Émilie Côté.


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