Un avenir après Rideau Hall ?

La Reine Mimi

Chronique de Louis Lapointe

En lisant une récente chronique de Pierre Falardeau, j’ai été étonné d’y apprendre que Michaëlle Jean et son prince consort allaient bientôt se retrouver au chômage. Curieusement, j’ai toujours pensé que notre bien-aimée Gouverneure générale du Canada avait tous les attributs requis pour devenir reine. Elle aime la vie de château, les fêtes, les voyages et les crises constitutionnelles. Elle a une magnifique garde-robe et doit probablement avoir un des plus beaux assortiments de chaussures, sacoches et chapeaux qu’on puisse trouver au Canada.
Elle a aussi un sens inné des relations publiques. Au cours de la dernière année, nous l’avons vu s'exhiber en compagnie d’un de ses plus fervents admirateurs, Nicolas Sarkozy, et discuter de l’avenir d’Haïti, son pays natal, en compagnie de Barack Obama. Nous l’avons vu soulever les foules en Haïti et plus récemment manger du cœur de phoque dans un village inuit du Nunavut dans le Grand Nord canadien. Si l’Autriche a eu sa Sissi, le Canada a maintenant sa Mimi, à ne pas confondre avec le ni-ni*, cette formule que la France, le Québec et le Canada tentent de mettre de côté dans le contexte d’une relation triangulaire difficile où la famille québécoise est le parent pauvre et le Canada l’ami fortuné.
C’est bien connu, Mimi n’aime pas le ni-ni. Ses dernières frasques commises lors de récentes escapades nous ont prouvé qu’elle pratiquait allègrement l’ingérence dans les affaires du Québec qui ne sont pas de son ressort, surtout si elles sont internationales et que si elle n’est pas indifférente au sort des peuples opprimés de la planète, la question de l’indépendance du Québec ne semble plus soulever la même passion qu’elle affichait jadis, alors qu’elle était la vedette d’un des nombreux documentaires de son mari Jean-Daniel Lafond où elle dînait en compagnie de Pauline Julien et de Gérald Godin. Si elle aime toujours dîner, les têtes ont changé.
Lorsqu’elle quittera sa résidence de Rideau Hall, je ne serais donc pas étonné si les grands de ce monde que sont les présidents de la France et des États-Unis lui suggéraient de contribuer à régler le problème haïtien en devenant la première reine de cette ancienne colonie française voisine des États-Unis. La Reine Mimi pourrait ainsi succéder à une longue série de présidents plus préoccupés par les robes, chaussures et sacoches de leurs épouses et de leurs maîtresses que du sort du petit peuple.
Avec Michaëlle Jean, les Haïtiens n’auraient pas ce problème, elle a déjà sa garde-robe et en plus, elle et son mari ont une solide expérience dans les relations d’anciennes colonies avec leurs occupants. Ils peuvent même changer d’allégeance au besoin, faisant ainsi preuve de grande souplesse, une qualité autant recherchée par les chasseurs de têtes que les descendants des tontons macoutes. Si une lectrice de nouvelles peut devenir Gouverneure générale du Canada, pourquoi ne deviendrait-elle pas reine d’Haïti ?
*ni-ni: non-ingérence et non-indifférence.

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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