La province corrompue

L’opposition continue de réclamer une enquête sur la construction. La gravité de la situation justifie un exercice plus vaste encore, sans précédent : une enquête publique sur la corruption au Québec.

Enquête publique - Quels mandats?




Et si, après tout, le Maclean's avait raison? Si le Québec était vraiment la province la plus corrompue? En tout cas, depuis que le magazine a publié son reportage-choc, les révélations sur les pratiques douteuses dans différentes municipalités et sur les liens entre le crime organisé et l'industrie de la construction ont continué de pleuvoir. Le paroxysme a été atteint au cours des dernières heures, alors que le député bloquiste Serge Ménard a accusé le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, de lui avoir offert 10 000$ en argent comptant pour financer sa campagne électorale. L'allégation a été reprise par le député libéral provincial Vincent Auclair?; celui-ci se serait vu offrir une enveloppe blanche qu'il a refusée avant même d'en voir le contenu. Le maire a nié de toutes ses forces. Quoi qu'il en soit, les conséquences de toutes ces affaires sont catastrophiques:

- le processus d'attribution des contrats de travaux publics est discrédité;
- le système de financement des partis politiques n'engendre plus que suspicion;
- la réputation de la FTQ, des entrepreneurs en construction et des firmes de génie est entachée;
- le désabusement à l'égard de la classe politique est plus grand que jamais;
- la crédibilité du premier ministre est en lambeaux.

La chef de l'opposition, Pauline Marois, a bien résumé la situation hier: «Le Québec vit une crise institutionnelle grave.» Nous aurions souhaité que M. Charest saisisse l'occasion fournie par les allégations contre le maire Vaillancourt pour annoncer, enfin, la tenue d'une enquête publique. «Le temps des faux-fuyants est terminé», a déclaré avec raison Mme Marois. Malheureusement, le premier ministre a persisté dans son entêtement, dans son aveuglement.
L'opposition continue de réclamer une enquête sur la construction. La gravité de la situation justifie un exercice plus vaste encore, sans précédent: une enquête publique sur la corruption au Québec. Le mandat serait exceptionnellement large pour tenir compte du fait inédit et inquiétant que plusieurs niveaux de gouvernement et milieux sont concernés.
Outre l'enquête proprement dite, une telle commission pourrait commander des travaux d'experts sur diverses questions. Par exemple?: le coût des travaux publics est-il vraiment plus élevé au Québec qu'ailleurs? Des États ont-ils mieux réussi que nous à lutter contre la corruption et contre le crime organisé? Faut-il passer à un financement exclusivement public des partis politiques?
L'enquête sera longue et coûteuse. Qu'importe, aux grands maux les grands remèdes. La corruption a produit des métastases partout dans la province, dans toutes les couches de la société. Seul un traitement radical et en profondeur pourra en venir à bout.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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