La loi 101 dans les CPE?

Cégep en français

La chef du Parti québécois, Pauline Marois, souhaite-t-elle que le champ d'application de la Charte de la langue française soit étendu aux garderies? Ça dépend des jours. L'an dernier, elle s'était d'abord montrée ouverte à l'idée: «C'est quelque chose que l'on devrait pouvoir discuter et aborder.» Mais lorsque certains de ses députés s'y sont dits favorables, Mme Marois les a rappelés à l'ordre: «Nous n'avons pas l'intention de toucher à cette question des CPE pour le moment.» Le PQ a même publié un communiqué pour expliquer qu'il n'envisageait pas «de faire des centres de la petite enfance un outil à la francisation.»
Il y a dix jours, Mme Marois a déclaré qu'elle était «favorable à ça», à la lumière d'un article de la Presse canadienne citant des statistiques compilées par le ministère de la Famille et des Aînés. L'article avait pour titre: «La majorité des services de garde sont bilingues.»
L'idée d'obliger les francophones et les immigrants à envoyer leurs bébés dans une garderie de langue française paraît à prime abord saugrenue. Est-il déterminant pour le statut du français au Québec que les premiers balbutiements d'un enfant soient en français? N'est-il pas normal qu'il apprenne d'abord la langue de son milieu familial? Le français, il aura 11 années d'école pour le maîtriser, s'il ne l'a pas déjà appris dans la rue.
Ce projet promu par certains péquistes a pour origine l'inquiétude de beaucoup d Québécois à l'égard de l'avenir de la langue officielle du Québec, en particulier à Montréal. Nombreux sont ceux estimant que le français est en recul. Ce n'est pas ce que montrent les chiffres mais les nombreuses anecdotes relatives au service en anglais dans les commerces de l'île pèsent plus lourd que les statistiques.
Qu'il y ait recul ou non, quel rapport avec les centres de petite enfance (CPE)? Si un commis de dépanneur s'adresse à vous en anglais, est-ce parce que son éducatrice lui parlait anglais quand il avait deux ans?
Avant de prôner une solution, il faut savoir s'il y a un problème. On en vient aux données publiées par la Presse canadienne. À prime abord, ces statistiques sont en effet troublantes. Sauf que quand on y regarde de plus près, on réalise qu'elles n'ont pas le sens qu'on leur a prêté depuis leur publication. Ce n'est pas la faute de la journaliste, le document du ministère de la Famille et des Aînés porte à confusion.
Il s'agit d'un questionnaire envoyé aux CPE et aux garderies privées. Il leur était demandé quelle est la «langue d'usage» dans leurs établissements. Dans le cas des garderies en milieu familial, le questionnaire n'a pas été envoyé aux responsables de chaque garderie mais seulement au bureau coordonnateur. Quand on demande à un bureau «Quelle est la langue d'usage dans les services de garde en milieu familial?», la réponse englobe tous les lieux de garde. Ainsi, si un bureau coordonne 10 services de garde en milieu familial, dont un seul fonctionne en anglais, il doit cocher français et anglais. Cela donne, pour ce bureau, 50% français et 50% anglais, alors qu'en réalité, 90% de ses garderies en milieu familial fonctionnent en français. Aussi bien dire que les données concernant ces milieux de garde sont inutilisables.
En ce qui a trait aux CPE, les données du ministère indiquent qu'à Montréal, 69% des centres ont le français comme langue d'usage exclusive. Aucune inquiétude à avoir, c'est plus élevé que la proportion de francophones sur l'île de Montréal (50%).
Pour ce qui est des garderies privées à Montréal, 41% fonctionnent en français seulement et 50% en français et en anglais. Ce dernier pourcentage est-il inquiétant? Pour le savoir, il faudrait avoir une idée plus précise de l'utilisation de chacune des langues dans ces établissements. L'anglais est-il utilisé fréquemment ou occasionnellement? Quel lien y a-t-il entre l'éventail de langues employées et le milieu environnant? À noter que le français est au moins une des langues d'usage dans 98% des garderies montréalaises.
En autant que l'on sache, les éducatrices des services de garde s'efforcent de familiariser les bambins allophones à la langue française. Cependant, elles ont d'autres priorités. Il leur faut d'abord gagner la confiance de chaque enfant (et souvent des parents). Il leur faut s'assurer qu'il ne souffre pas, déjà, d'une difficulté particulière (à socialiser, à s'exprimer). Si pour aider l'enfant, il faut parler anglais ou espagnol, l'éducatrice le fera. L'heure n'est pas à la francisation obligatoire.
Cela dit, on remarque que le programme éducatif préparé par le ministère de la Famille est silencieux sur cette question. Il y aurait lieu de le modifier pour sensibiliser les éducatrices oeuvrant en milieu anglophone ou multiculturel à cette dimension de leur tâche. Avant d'agir toutefois, le ministère doit dresser un portrait beaucoup plus précis de la situation linguistique dans les CPE et garderies. Une fois ce portrait fait, on verra quels correctifs il y a lieu d'apporter.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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