La loi 101 au cégep... et ailleurs !

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Encore une brèche


Depuis plusieurs mois, voire quelques années, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent afin que la loi 101 soit appliquée au cégep. J’en suis, surtout afin que les jeunes nouveaux arrivants allophones puissent être partie prenante de la société québécoise, culturellement et économiquement. 


J’aimerais par contre que les mêmes voix s’élèvent afin que la Charte de la langue française soit appliquée aux études de niveau secondaire. 








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Une brèche 


En effet, le Québec permet étrangement à certains jeunes néo-québécois d’obtenir un diplôme d’études secondaires sans maîtriser la langue d’accueil. Nous n’en entendons pas souvent parler, mais il est possible pour un jeune allophone de terminer ses études secondaires à la formation générale des adultes au secteur anglophone, puisque la loi 101 ne s’applique plus après 16 ans. 


Il pourra aussi s’inscrire et obtenir un diplôme d’études professionnelles (DEP), et ce, toujours en anglais, sans maîtriser la langue française suffisamment pour étudier ou travailler en français ou interagir avec la majorité francophone. 


La maîtrise du français pour une coiffeuse ou un plombier est-elle moins importante que pour un étudiant en technique comptable ou en sciences humaines ? Ne devrait-il pas être du devoir du Québec que les jeunes allophones obtiennent un premier diplôme en français, et que soit colmatée cette brèche dans la loi 101 ? 






Évidemment, je ne parle pas ici des jeunes anglophones qui ont pleinement le droit de poursuivre leurs études en anglais. 


Plusieurs jeunes allophones néo-québécois choisiront de poursuivre leurs études en anglais puisque c’est une langue qu’ils maîtrisaient déjà avant de s’installer au Québec. Plusieurs facteurs peuvent expliquer qu’ils ne maîtrisent pas suffisamment le français après quelques mois ou années en classe d’accueil.




 



L’âge d’arrivée au Québec est déterminant dans la maîtrise de la langue. En effet, un jeune arrivé au Québec à 7 ans aura plus de temps pour apprendre la langue qu’un jeune arrivé à 15 ans. 


La langue maternelle est aussi une donnée importante : un enfant ou un adolescent qui parle espagnol, portugais ou roumain aura besoin de moins de temps pour maîtriser le français qu’un jeune qui parle ourdou, tamoul ou tagalog. Les compétences en littératie dans la langue maternelle ont aussi une incidence, tout comme le degré de motivation pour l’apprentissage du français. 


Apprendre une langue prestigieuse


Tous ces facteurs peuvent faire en sorte que le temps passé en classe d’accueil ne soit pas suffisant afin qu’un jeune nouvel arrivant acquière une maîtrise adéquate du français. Une langue ne s’apprend pas en quelques mois : en effet, un bon apprentissage peut prendre jusqu’à 7 ans. 


Il est donc parfois plus facile et moins long pour certains de poursuivre leurs études en anglais. Cependant, pourquoi ne voient-ils pas dans leurs études secondaires, professionnelles ou collégiales une incroyable possibilité d’apprentissage d’une langue prestigieuse et parlée sur tous les continents, une chance inouïe de maîtriser la langue officielle du Québec, où ils sont maintenant résidents ?


Certains ne semblent pas en percevoir l’utilité, du moins, pas encore. Plus tard dans leur vie, ils se rendront peut-être compte que leurs compétences en français nuiront à leur carrière ou à leurs compétences interculturelles dans la société québécoise et décideront peut-être de poursuivre leurs apprentissages. Mieux vaudra tard que jamais. En attendant, il est temps de réfléchir, comme société, à la nécessité d’appliquer la loi 101 au cégep, évidemment, mais aussi pour les diplômes du secondaire et de la formation professionnelle. 






Photo courtoisie




Tania Longpré Didacticienne, doctorante, chargée de cours, enseignante et consultante en francisation Repentigny




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