Monsieur Marissal
et mesdames et messieurs de notre télévision publique,
Ce matin, à la radio, lors de l'émission matinale Bernier et compagnie, diffusée à Gatineau, j'ai entendu M. Vincent Marissal parler de la «grenade du Bloc» qui risquait de lui sauter en pleine face. Selon moi, il s'agit d'un commentaire qui est nettement destiné à répandre une fausse perception dans le public et qui reflète le parti pris radicalement fédéraliste de l'employeur de M. Marissal. Un tel commentaire n'a pas sa place sur les ondes de Radio-Canada, un diffuseur public financé avec l'argent des contribuables, diffuseur dont l'auditoire, composé surtout de francophones du Québec, est très majoritairement indépendantiste.
M. Marissal sait très bien qu'au moment du vote sur le prolongement de la mission en Afghanistan, les partis d'opposition n'ont pas été assez informés. Tous les partis d'opposition le diront. Pas seulement le Bloc. Le premier ministre, M. Harper, les a mis en demeure de se prononcer, alors qu'il aurait dû soit prendre la décision lui-même, avec le concours du Cabinet, soit permettre aux parlementaires d'être suffisamment informés, notamment en ayant recours au mécanisme des comités parlementaires. Aux Pays-Bas, c'est la deuxième voie qui a été privilégiée, et les parlementaires ont eu plusieurs semaines pour bien prendre connaissance du dossier en détail.
Le Bloc québécois et le reste de la population canadienne ont découvert la vraie nature de la mission en Afghanistan après le vote, lorsque les soldats canadiens ont commencé à rentrer au pays en plus grand nombre dans des cercueils. M. Marissal fait preuve d'une mauvaise foi inqualifiable lorsqu'il reproche au Bloc d'avoir changé son fusil d'épaule et de trahir ainsi la démocratie. Le vote qui a eu lieu aux Communes n'avait rien de la démocratie et tout du détournement des institutions démocratiques.
La manipulation de l'opinion publique à laquelle se livre Radio-Canada, avec le concours de Gesca, est particulièrement révoltante lorsqu'on sait que Power Corporation, la société mère de Gesca, possède des intérêts dans l'industrie de l'armement. Le même genre de manipulation a eu lieu récemment lorsque Radio-Canada s'est mise à diffuser des reportages tendancieux sur la privatisation des soins de santé, de concert avec Gesca, qui faisait le même travail de sape dans la presse écrite. Le reportage d'Achille Michaud sur le système de santé en Suisse était particulièrement biaisé. On n'y parlait pas des coûts totaux des systèmes de santé privés, qui sont nettement plus élevés que les coûts des systèmes publics, sans que la population puisse avoir une meilleure espérance de vie. La privatisation afflige notamment les États-Unis, où les pauvres crèvent dans la rue, à deux pas d'un luxueux hôpital privé. Au Québec, nous avons une autre conception de la justice, mais on sait que Power Corporation a aussi d'importants intérêts dans l'assurance-maladie privée.
J'aimerais que vous sachiez que bon nombre de Québécois, dont je fais partie, ne sont pas dupes de ce magouillage de bas étage qui mine sans cesse la crédibilité de Radio-Canada, dont l'oeuvre de propagande devient de plus en plus évidente. J'aimerais que vous sachiez aussi que j'en ai vraiment marre de financer avec mon argent une télévision publique qui s'acharne à maintenir le Québec à l'état de colonie du pouvoir d'Ottawa. Il est certain que, le jour de l'indépendance du Québec, et peut-être même avant, les collabos sans scrupule qui peuplent les officines de Radio-Canada vont devoir rendre des comptes au peuple québécois.
J'aimerais aussi que M. Marissal sache que je ne le croyais pas capable de tomber pratiquement aussi bas dans la mauvaise foi que son patron, M. Pratte. J'ai beaucoup de difficulté à comprendre qu'on puisse trahir ainsi son peuple, le maintenir dans l'ignorance et la servilité et rentrer chez soi le soir avec la conscience en paix. Il faut vraiment avoir un sens moral bien tordu. Au lendemain de l'indépendance du Québec, il faudra aussi adopter une loi pour casser les cartels de presse qui se servent des chroniqueurs comme M. Marissal pour vendre des armes, des pontages cardiaques et le néo-colonialisme canadien. La vraie démocratie n'est certainement ni à La Presse, ni à Radio-Canada.
Bernard Desgagné
Gatineau
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
21 décembre 2006Bien dit, M. Desgagné,
J'abonde tout à fait dans le même sens. M. Marissal s'était mérité mon respect particulièrement durant les auditions de la commission Gomery. A l'époque, je trouvais ses propos et son analyse plutôt justes. Depuis quelque temps, cependant, il semble avoir été "brainwashé"...comme on dit en bon québécois. Imaginez comment il faut ètre fait fort pour ne pas succomber à la propagande fédéraliste de La Presse et de Radio-Canada, les deux boss de M. Marissal. Triste constatation en effet.