La grande séduction

Élections 2006

Éditorial - Le chef conservateur, Stephen Harper, a piqué la curiosité de plusieurs Québécois au cours des dernières semaines en faisant la promotion de ce qu'il appelle le " fédéralisme d'ouverture ". Il reste à savoir si les engagements énoncés à cet égard sont sincères et réfléchis ou s'il s'agit seulement de belles paroles destinées à séduire les Québécois le temps de la campagne électorale.
Vu du Québec, le règlement du problème du déséquilibre fiscal est l'élément principal du programme du Parti conservateur. Dans son discours du 19 décembre dernier, à Québec, M. Harper a parlé d'" éliminer le déséquilibre fiscal ", mais il n'a donné aucune indication de la manière dont il compte s'y prendre ni des ressources qu'il compte y consacrer. Il n'en a pas dit beaucoup plus dans sa lettre au Conseil de la fédération. Et étrangement, cette question ne figure pas explicitement parmi les cinq priorités qu'il a énoncées lundi.
Il est important que les conservateurs précisent leur pensée sur cette question. En effet, dans l'état actuel des choses, leur plate-forme électorale recèle des engagements en apparence contradictoires. Ainsi, M. Harper a promis de réduire le taux de la TPS de 7 % à 5 %, ce qui à terme réduira les revenus du gouvernement fédéral de 11 milliards. Il a aussi promis de verser 11 milliards sur cinq ans aux parents. Combien d'argent restera-t-il pour augmenter les transferts aux provinces, sous une forme ou sous une autre? À moins qu'une fois devenu premier ministre, Stephen Harper se contente de suggérer à ses homologues provinciaux de récupérer l'espace fiscal lissé libre par la baisse de la TPS, ce qui serait à notre avis la meilleure voie à suivre du point de vue de l'imputabilité des gouvernements.
Les intentions des conservateurs en matière de garderies soulèvent un problème de taille. Le PC ne veut rien savoir du programme national lancé par les libéraux de Paul Martin, préférant verser l'argent prévu à cette fin directement aux familles. Cette orientation se défend mais qu'arrivera-t-il aux 270 millions par an que doit recevoir le gouvernement du Québec en vertu de l'entente sur les services de garde conclue avec Ottawa cet automne? Réduire les transferts destinés au Québec serait une étrange manière d'amorcer le règlement du déséquilibre fiscal...
Les Québécois accueilleront avec satisfaction l'intention exprimée par M. Harper de mettre un terme au " fédéralisme dominateur et paternaliste " des libéraux, de même qu'à sa volonté de " respecter les compétences fédérales et provinciales telles que définies dans la Constitution ". Mais par quels gestes concrets cela se traduira-t-il? Dans son discours de Québec, le chef conservateur a parlé d'" encadrer le pouvoir fédéral de dépenser ". Comme ce pouvoir découle de l'interprétation qu'ont faite Ottawa et les tribunaux du texte de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, il est difficile de concevoir comment M. Harper pourrait l'" encadrer " sans passer par la voie d'un amendement constitutionnel.
Que M. Harper se fasse le champion d'un meilleur équilibre entre le gouvernement fédéral et les provinces n'étonnera pas ceux qui ont suivi sa carrière. Sa reconnaissance " des responsabilités culturelles et institutionnelles spéciales du gouvernement du Québec " sont plus surprenantes, venant de la bouche de celui qui s'est fait connaître par son opposition farouche à l'accord du lac Meech. De même son ouverture à une présence accrue du Québec sur la scène internationale et son intérêt pour " intégrer le Québec dans la famille constitutionnelle ", des positions qui semblent en contradiction avec les idées que le chef conservateur a longtemps défendues.
Stephen Harper a trois semaines pour convaincre les Québécois que ses déclarations récentes sont le fruit d'une évolution réelle et profonde de sa pensée. Qu'il ne fait pas que répéter les formules pondues par ses conseillers québécois sans être vraiment déterminé à procéder aux ajustements qui sont souhaitables dans la conduite des relations fédérales-provinciales.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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