La force syndicale

Syndicalisme québécois


C'est aujourd'hui le premier mai, Journée internationale des travailleurs. Ceux, parmi nos lecteurs, qui ont lu le cahier spécial du Devoir publié samedi, ont pu constater que si nos leaders syndicaux cernent bien les problèmes auxquels font face les travailleurs, l'époque où l'appartenance à un courant idéologique suffisait pour fournir des réponses est bel et bien révolue.
À la tête des grandes centrales, les chefs syndicaux constatent les dommages causés par la mondialisation, ces usines qui ferment pendant que d'autres exigent des concessions importantes pour éviter le pire. Pourtant, si les causes sont connues, la façon d'éviter les effets négatifs sur l'existence des entreprises touchées et de leurs employés l'est beaucoup moins. Comment, par exemple, empêcher une compagnie de meubles de fermer ses portes quand elle ne réussit plus à vendre ses produits à un prix inférieur à celui de ses concurrents chinois? Fermer les frontières ne servirait à rien puisque, de toute façon, l'entreprise en question écoule la plus grande partie de sa production... aux États-Unis. D'ailleurs, comment protéger notre secteur manufacturier quand notre propre devise rivalise de vitalité avec le dollar américain?
Non seulement les réponses ne sont pas faciles, mais, dans bien des cas, les moyens préconisés par les détenteurs de solutions faciles auraient des effets pervers pires que le mal originel. Par exemple, comment empêcher le dollar canadien de s'apprécier sinon en réduisant de beaucoup les taux d'intérêt? Or, ce faisant, nous assisterions à une surchauffe du marché immobilier, voire de l'ensemble de la demande de biens et de services qui pousserait le pays dans une spirale inflationniste aux effets dévastateurs.
Puis n'oublions pas qu'un dollar fort permet enfin à l'ensemble des entreprises d'ici de se procurer à moindre coût les équipements indispensables à leur modernisation.
Il n'y a pas de recette pour éviter la restructuration continuelle du marché du travail et ses effets sur les secteurs les plus vulnérables. Les centrales syndicales le savent, et c'est pourquoi leur collaboration est indispensable pour amener les travailleurs et les futurs travailleurs, les entreprises et les gouvernements à investir dans l'éducation et la formation.
Le syndicalisme québécois a atteint un degré de maturité qui en fait un partenaire incontournable dans la recherche de solutions collectives. Le rapport de force a encore sa place, mais il doit être utilisé dans le meilleur intérêt des membres à long terme, et non le contraire. Certains critiqueront le peu de combativité des leaders lors du dernier affrontement avec le gouvernement Charest, pour prendre cet exemple. Ils oublient de voir que si un règlement est intervenu dans le dossier de l'équité salariale, ou encore, si aucun gouvernement, fût-il de droite, ne peut rester indifférent devant les problèmes causés par la concurrence étrangère, c'est en bonne partie grâce aux interventions des centrales syndicales, dont la ténacité et la force tranquille viennent à bout des idées «prêtes-à-porter» dont s'inspirent trop souvent les politiciens.


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