Révolution tranquille

La fin de l'égalité des chances?

Parizeau et cie craignent pour les fondements mêmes de la Révolution tranquille.

École - "le gâchis scolaire"



QUÉBEC | Ne vous surprenez pas dorénavant de revoir régulièrement dans l'actualité des noms qui peuvent aussi figurer dans les manuels scolaires de notre histoire récente. Car pour beaucoup de têtes blanches qui ont forgé le Québec moderne, ce sont les fondements mêmes de la Révolution tranquille qui sont menacés.
La sortie cette semaine de Jacques Parizeau sur le «gâchis scolaire», qu'il a dénoncé avec les mots les plus durs, dénote une préoccupation beaucoup plus profonde dont il s'est ouvert avec nous lors d'un entretien téléphonique cette semaine, avant de s'envoler pour l'Europe.
L'ancien premier ministre n'a pas manqué de rappeler que l'éducation était «le pilier de la Révolution tranquille», dont il a été un des acteurs principaux en tant que grand commis du gouvernement de Jean Lesage.
«En 1962, le Québec était alors à égalité avec le Portugal pour le plus bas taux de scolarisation de tout le monde occidental. Si nous voulions que les Québécois entrent dans le monde moder ne, c'est par l'éducation qu'il fallait le faire», explique Parizeau.
Le grand principe de la Révolution tranquille
Le grand principe qui a été à la base de cette révolution dont les Québécois sont si fiers, c'est l'égalité des chances pour tous, rappelle Louise Harel. Que chaque enfant puisse avoir accès à une éducation de qualité, peu importe sa condition sociale.
«C'est ce principe qui a motivé toute une génération de politiciens comme Jacques Parizeau, Paul Gérin-Lajoie, René Lévesque, Claude Castonguay et beaucoup d'autres», dit la députée d'Hochelaga-Maisonneuve. Cet idéal de l'égalité des chances doit maintenant être renouvelé car, juge Harel, «on a un peu abandonné cet idéal de société qui a motivé la Révolution tranquille. Ça s'est beaucoup édulcoré.»
Louise Harel ne cache pas qu'elle partage l'inquiétude profonde de Jacques Parizeau.
«Je crois que M. Parizeau craint que son oeuvre, la Révolution tranquille, ne soit menacée. On est sortis de notre état d'infériorisation grâce à l'éducation et aux investissements massifs qu'on y a consacrés. À la lumière de l'état épouvantable de notre système public actuellement, il est inquiet que lentement, on y retourne...»
Pour Louise Harel, ce n'est pas le gouvernement qui va régler le problème tout seul.
«C'est un défide société, dit-elle. Quand je vois dans les sondages qu'il y a à peine 5 pour cent des Québécois qui considèrent l'éducation comme une priorité, je suis très inquiète.»
Mea-culpa
Cette semaine, Jacques Parizeau a évité de tirer sur qui que ce soit, dont évidemment Pauline Marois et le Parti québécois, à qui on reproche cette fameuse réfor me scolaire concoctée «par une bureaucratie déconnectée de la base», a ragé Mario Dumont. «L'heure n'est pas à chercher des coupables, mais à faire un constat lucide et détaillé», dit-il.
En fait, Monsieur a fouillé dans sa propre cour pour pointer des causes. Il a exprimé un mea-culpa.
«Quand je pense à ces choses 40 ans après la Révolution tranquille, je me dis qu'on n'aurait jamais dû supprimer les écoles normales (les établissements qui, naguère, formaient les professeurs). C'est dommage qu'on ait envoyé ça dans les universités. Ce n'était peut-être pas la place. Les enseignants qui sont passés par les écoles normales connaissent leur français.»
Devant l'état pitoyable du système scolaire public francophone, il ne peut qu'être bénéfique que ceux et celles qui ont participé à sa construction dans le passé reprennent le flambeau et nous rappellent selon quels principes ils l'ont faite. Alors que l'on sent un vent de droite et de conservatisme souffler doucement sur le Québec, un tel débat est souhaitable pour faire le bon choix de société.


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