La dynastie Desmarais, une puissance discrète mais efficace

Québec 400e - vu de l'étranger


Quand les Desmarais reçoivent les grands de ce monde - Bill Clinton, Bush père, Juan Carlos ou l'ancien ministre saoudien du pétrole, le cheik Yamani - dans leur somptueuse propriété de Sagard, près de Chicoutimi, au Québec, c'est sans tambour ni trompettes. Le "bling bling" n'est vraiment pas le genre de la maison.

Dans la famille Desmarais, il y a d'abord le père, Paul (81 ans), né à Sudbury, en Ontario, la province la plus industrialisée du Canada. Franco-ontarien, conservateur, il choisit le Québec voisin pour y vivre mais défend bec et ongles l'unité canadienne. C'est lui le bâtisseur de l'empire et de la fortune familiale, la cinquième du Canada, selon les estimations
Lorsque la compagnie de bus de son père est au bord du dépôt de bilan, après la seconde guerre mondiale, il la rachète, la redresse et se développe. En mettant la main en 1968 sur Power Corp, une ancienne compagnie d'électricité transformée en holding et qui devient le bras armé de ses investissements, Paul Desmarais senior devient un financier à la stature internationale.
TOTAL, SUEZ, PERNOD RICARD...
En 1981, décidé à sauver ses actifs français alors que la gauche arrivée au pouvoir nationalise, il les regroupe dans Pargesa, une société domiciliée en Suisse. C'est à cette occasion qu'il se lie d'amitié avec Albert Frère, son complice en affaires et en amitié, avec qui il est contractuellement lié jusqu'en 2014.
En France, Power Corp a des participations dans Total, Suez, Lafarge, Pernod Ricard, mais l'Hexagone n'est pas la seule terre d'investissement. L'Europe, les Etats-Unis, bien sûr, mais aussi la Chine, et ce bien avant qu'elle ne s'éveille. Paul Desmarais Sr. a reçu chez lui, au début des années 1970, Bo Yibo, figure historique de la Chine communiste. L'ancien ministre des finances du président Mao était venu sur le continent nord-américain pour organiser la visite de Richard Nixon à Pékin.
C'est en 1996 que le patriarche cède la place à ses deux fils, nommés co-chefs de la direction de Power Corp. Paul Jr., l'aîné, devient l'héritier en titre, tandis qu'André, le cadet, gère les médias (le quotidien montréalais La Presse, notamment) et l'activité en Chine. La dynastie est clairement patriarcale, car les soeurs de Paul et d'André, comme explique leur père, dans Le Point du 26 juin 2008, "avaient d'autres intérêts et priorités".
Afin d'éviter toute querelle familiale, l'octogénaire est resté président du comité exécutif, prêt à arbitrer au cas où. Ce n'est pas son seul titre.
Le 15 février, Nicolas Sarkozy lui a remis la grand-croix de la Légion d'honneur. Paul Desmarais Sr. faisait aussi partie des invités de la nuit du Fouquet's. Le président de la République française n'a pas oublié que son ami québécois l'avait reçu chez lui en 1995, pendant sa traversée du désert, après l'élection de Jacques Chirac.
Marie-Béatrice Baudet


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