La dernière chance

Droite québécoise - Force Québec



Il était assez savoureux de voir François Legault se plaindre du tapage médiatique qu'a provoqué son projet de créer un nouveau parti politique de centre droit. À quoi s'attendait-il? À un entrefilet en dernière page?
Avec son expérience, il devait pourtant savoir que les médias se jetteraient sur cette histoire comme une meute de loups affamés. Quand on ne veut pas qu'une chose s'ébruite, on s'arrange pour ne laisser circuler aucune rumeur.
Au départ, convaincre des personnalités fédéralistes de faire équipe avec des souverainistes était une opération très délicate. Les hommes d'affaires — il ne semble pas y avoir de femmes — avec lesquels M. Legault menait des négociations risquent maintenant d'être effarouchés à jamais.
Même quand il s'agit de se joindre à un parti établi, ceux qui détiennent un poste important dans n'importe quel secteur d'activité attendent souvent que les élections soient imminentes pour annoncer leurs couleurs. Le problème est qu'il devient urgent pour M. Legault de démontrer le sérieux de son projet.
Les protestations de Lucien Bouchard, qui jure n'être pour rien dans toute cette histoire, étaient tout aussi divertissantes. C'est un secret de Polichinelle que l'ancien premier ministre incite ses disciples à créer un nouveau parti depuis des années.
Joseph Facal s'est également réfugié dans le silence. Dans la chronique qu'il publie dans Le Journal de Montréal, il évite systématiquement le sujet du jour. Cet habitué du plateau de Marie-France Bazzo s'est également désisté en apprenant que la création d'un nouveau parti figurait au programme.
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On peut croire M. Legault sur parole quand il dit qu'«il n'y a rien de convenu» et que lui-même «ne sait pas encore quelle forme ça va prendre... si ça prend une forme». Le retentissement qu'a eu son projet et l'appui populaire révélé par le sondage de Léger Marketing lui imposent malheureusement une obligation de résultat.
On peut descendre une fois d'un train en marche sans perdre toute sa crédibilité. En 1993, Gérald Tremblay s'était dégonflé après avoir clairement indiqué qu'il briguerait la succession de Robert Bourassa. Même si plusieurs avaient conclu qu'il n'avait pas le coffre nécessaire, cela ne l'a pas empêché d'être élu et réélu à deux reprises à la mairie de Montréal.
M. Legault a déjà une prise contre lui. En juin 2005, il avait causé une énorme déception en se retirant soudainement de la course à la succession de Bernard Landry. Il a maintenant une deuxième chance, qui pourrait bien être la dernière. Un autre désistement lui vaudrait une solide réputation de choker.
Il est vrai que le défi est de taille. Faire enregistrer le nom d'un parti est une chose, le transformer en une organisation efficace, capable de transformer les résultats d'un sondage en bulletins de vote, est une tout autre affaire.
Le succès du Bloc québécois en 1993 n'est pas un bon exemple. Malgré le charisme de Lucien Bouchard, le Bloc n'aurait pas pu balayer le Québec après seulement trois ans d'existence sans le contexte extraordinairement favorable créé par l'échec de l'accord du lac Meech. Plus encore, il pouvait compter sur la machine du PQ et même sur un bon nombre d'organisateurs libéraux provinciaux.
La nouveauté a indéniablement des attraits. Encore faut-il savoir en quoi elle consiste. Parmi ceux qui applaudissent à l'initiative de M. Legault, combien souhaitent voir mis en oeuvre un programme encore plus «lucide», donc plus douloureux que le budget de Raymond Bachand?
D'ailleurs, un programme de gouvernement ne peut se limiter aux questions économiques et financières. Certains des participants à la rencontre qui a eu lieu au domicile de l'ancien ministre ont trouvé ses propositions dangereusement unidimensionnelles.
Il serait peut-être préférable de s'en tenir dans un premier temps à un simple mouvement, qui aurait l'avantage de ne pas être assujetti aux dispositions de la Loi sur le financement des partis politiques. Peut-être est-il trop tard. Maintenant qu'on a laissé espérer un nouveau parti, cela risque d'être interprété comme un échec.
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La publicité faite au projet de M. Legault a au moins forcé le PQ à faire un examen de conscience. À en croire le député de Chambly, Bertrand Saint-Arnauld, Pauline Marois ne serait pas suffisamment connue de la population.
Il faudrait plutôt dire que les Québécois connaissent Mme Marois depuis trente ans, mais qu'ils n'aiment pas le personnage. Cette perception négative est sans doute injuste. La chef du PQ n'a rien de la snob qu'évoquait déjà un document interne du PQ durant la dernière campagne électorale. Elle a déjà écrit un livre pour tenter de modifier cette image, mais rien n'y fait.
Au PLQ, où les bonnes nouvelles ont été plutôt rares depuis quelques mois, on se réjouit du fait qu'à l'approche du congrès du printemps prochain, les problèmes internes du PQ vont offrir une diversion.
On ne réussira cependant jamais à empêcher le ministre des Transports, Sam Hamad, de compter dans son propre but. «Mme Marois devrait améliorer son leadership sur ses anciens ministres», a-t-il lancé. M. Hamad a-t-il entendu parler d'un certain Marc Bellemare?


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