Lettre à Marc Cassivi

La couleur de la Presse

Chronique de Louis Lapointe

Après Vincent Marissal qui s'inquiétait du Québec générique du PQ, sans la moindre surprise*, c'est au tour d'un autre chroniqueur de la Presse de s'inquiéter de la couleur de la télé.

«Alors qu'au Canada anglais, la pluralité ethnique est représentée de manière beaucoup plus réaliste au petit écran, au Québec, on compte sur les doigts d'une main les acteurs qui vivent de leur art grâce à des premiers rôles à la télévision. Si on peut tous les nommer, c'est qu'il y a un problème.» La couleur de la télé, Marc Cassivi.

Voici le courriel que je lui ai fait parvenir à ce matin.

Bonjour M. Cassivi,

La moitié de l'île de Montréal est composée d'anglophones.

Quelle télévision regardent-ils?

Quel journal lisent-ils?

Quelle radio écoutent-ils?

Elle est là votre réponse.

Posez-vous la même question pour la Presse.

Pas de beaucoup de couleur autour de vous.

Pourquoi?

Parce que les minorités sont davantage attirées par l'anglais. La télé anglaise, les journaux anglais, les cégeps anglais, les universités anglaises.

Pourquoi y a-t-il plus de diversités à la radio?

Parce qu'elle est bilingue. Des animateurs blancs et des chanteurs et musiciens de toutes les couleurs, mais surtout anglophones.

Est-ce de la faute des francos?

Non, parce que nous aussi sommes attirés par l'anglais.

De plus en plus de Québécois font le choix de travailler en anglais, là où il y a plus d’emplois et de minorités visibles...qui parlent anglais.

Quand on est parfaitement bilingue, le monde nous appartient.

Les anglos s'identifient plus au Canada, les francos au Québec.

L'Assemblée nationale est blanche et franco.

Le parlement fédéral est multiethnique et anglo.

Le monde est anglo dans l'esprit d'une majorité de Québécois anglos, allos et francos.

Alors, comment augmenter le nombre de chroniqueurs de couleur à la Presse?

Probablement en incitant les jeunes à continuer leurs études en français lorsqu'ils arriveront au cégep et à l'université...et en leur donnant des emplois à la Presse.

Pourquoi pas des bourses de la Presse pour les jeunes allos et anglos qui choisiront d'étudier en français aux cycles supérieurs, par la suite des stages et finalement des emplois à la Presse?

Toutefois, un constat s'impose. Tant que le Québec ne sera pas indépendant, les minorités voudront de plus en plus faire comme la majorité...canadienne-anglaise.

Lire en anglais.

Parler anglais.

Écrire en anglais.

Écouter la télé en anglais.

Travailler en anglais.

Travailler pour une télé ou un journal anglais.

Pourquoi se satisferaient-ils d'un marché de quelques millions d'habitants francos, quand le monde anglo et le fric qui va avec pourraient leurs appartenir?

Pas beaucoup de minorités à la télé franco vous dites?

Est-ce que ça les intéresse vraiment de travailler en français?

Par contre, si la télé était bilingue et votre journal bilingue, il n'y aurait pas de problème. Ils pourraient jouer en anglais à la télé bilingue, écrire en anglais dans un journal bilingue.

Montréal est de plus en plus bilingue. Les médias ne doivent-ils pas refléter ce visage unique....?...

Bilingue et multiculturelle Montréal?

Bilingues et multiculturels Montréal et ses médias!

À quand une chronique de Marc Cassivi en anglais dans la Presse bilingue?

À quand des émissions bilingues à Radio-Canada, avec des sous-titres?

Cela refléterait vraiment ce qu'est devenue Montréal.

Cordialement,

Louis Lapointe

***
Sur le même sujet:
*Vivement un antidote contre la bêtise
Bonjour M. Marissal,
« Votre chronique de ce matin a attiré mon attention sur la couleur des chroniqueurs et éditorialistes de la Presse, un quotidien d’abord montréalais.
Pas beaucoup de couleur chez l’élite de la Presse. Tous blancs, sans aucune exception. Pas un brin de noir, ni de jaune. Probablement aucun musulman.
Un gros "0".
Quelle conclusion en tirer ?
Un sujet de chronique pour Marc Cassivi ?
Bonne journée,
Louis Lapointe »

Le Montréal générique de la Presse ?

Quitter l’enfer canadien... sans tourner le regard

Lorsque les immigrants arrivent au Québec, ils n’immigrent pas au Québec, mais bien au Canada, pays de l’anglais et du multiculturalisme.
La seule façon de changer l’ordre des choses est de faire en sorte que les immigrants n’arrivent plus dans une quelconque province du Canada, mais bien dans un pays, le Québec.
À plusieurs reprises, dans cette chronique, j’ai fait la démonstration que l’adoption de tous ces bidules, chartes et constitution québécoise bidon, ne nous conduirons jamais nulle part tant que nous demeurerons dans le Canada.

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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2 commentaires

  • Normand Paiement Répondre

    3 février 2014

    Monsieur Lapointe,
    Votre message est clair et limpide.
    Vous mettez le doigt sur le "bobo" et vous frappez là où le bât blesse.
    Voici la question qui tue à présent: nos amis fédéralistes, partisans à tout crin du multiculturalisme et autres fossoyeurs de l'identité québécoise sauront-ils le comprendre un jour et regarder la réalité en face, avant qu'il ne soit trop tard, avant que nous soyons définitivement noyés dans la mer anglo-saxonne qui nous entoure?
    Notre avenir collectif ne dépend pas des nationalistes, souverainistes et indépendantistes, qui eux ont déjà fait leur choix, mais de ceux et celles qui s'illusionnent encore sur la place du Québec au sein du Canada.
    Ce n'est sûrement pas la récente pub du PQ (http://www.youtube.com/watch?v=vJj-QbICFsE), mièvre à souhait, qui va réussir à convaincre ces derniers.
    Non, ce qu'il leur faut, c'est une bonne thérapie, un électro-choc qui leur dessillerait enfin les yeux!
    Vous êtes un de ces vaillants pionniers qui osent, tant ici sur Vigile qu'ailleurs, énoncer les vérités qu'ils ont besoin plus que jamais d'entendre.
    Puissent vos efforts porter fruit dans un avenir rapproché!
    Le destin de notre nation en dépend.
    Bon courage et bonne continuation!
    Normand Paiement

  • Archives de Vigile Répondre

    3 février 2014

    Je ne veux pas être méchant mais écrire à Cassivi et s'attendre à ce qu'il comprenne c'est tout un défi.
    Je garde en tête ce que disait Falardeau à son sujet. Ce n'était pas joli , quoiqu'en fait ce l'était. Mais ce n'était pas flatteur.
    Et c'est tout ce que Cassivi mérite. Dans mon esprit, il est dans la catégorie dite casque de bain!